Array ( [0] => WP_Post Object ( [ID] => 4160 [post_author] => 6 [post_date] => 2023-04-27 11:55:06 [post_date_gmt] => 2023-04-27 11:55:06 [post_content] => Tous les regards sont tournés vers la ligne de front en Ukraine : il semble que l'offensive des envahisseurs s'arrête et qu'une contre-attaque des défenseurs se profile. Les enjeux sont considérables. En réponse aux tensions accrues sur le champ de bataille, le Kremlin cherchera de distraire et d'intimider les alliés occidentaux de l'Ukraine, en utilisant des tactiques proches de la déclaration de guerre. Et sa réputation dépend de la réaction de l'Occident. L'utilisation de tactiques basses peut choquer les citoyens endormis, mais elles ne sont pas nouvelles. Tout au long de son existence, l'Union soviétique a utilisé des « mesures actives » contre l'Occident de manière très inventive et impitoyable. Le nouveau livre de Mark Hollingsworth en fait état : une mesure particulièrement insidieuse consistait à profaner des cimetières juifs afin de faire passer les pays occidentaux pour des états antisémites. En termes modernes, cela s'appelle la « guerre hybride », mais l'essence n'a pas changé : il s'agit d'exploiter les mécanismes d'une société ouverte (tels que la liberté d'expression, la confiance et la vie privée) afin de l'affaiblir. Cela inclut, par exemple, le financement de campagnes politiques souhaitées ; chantage ou corruption d'hommes politiques ; intimidation des critiques ; les tentatives de provoquer des divisions démographiques, religieuses ou régionales ; et l'utilisation de la propagande pour influencer les décisions des personnes au pouvoir et de l'opinion publique. Le problème est qu'à la suite de l'insouciance frénétique des années 1990, l'Occident a largement sacrifié ses capacités défensives au profit de capacités tactiques. Nous avons même encouragé avec enthousiasme nos adversaires à acheter de l'influence dans nos pays sous prétexte de développer le commerce et les investissements. Aujourd'hui, nous devons donc faire face à notre vulnérabilité d'une manière ou d'une autre. La difficulté est que nous manquons d'options de réponse correctement calculées. Quand la Russie nous attaque, nous avons, en gros, quatre leviers. Nous pouvons nous plaindre. Nous pouvons expulser des diplomates russes. Nous pouvons imposer des sanctions. Et nous pouvons déclencher une guerre qui, compte tenu de notre faiblesse dans les méthodes conventionnelles, se terminera très probablement par Armageddon nucléaire. Il n'est pas nécessaire d'être un grand stratège pour se rendre compte que les trois premières options ne sont pas très efficaces aujourd'hui, et que la quatrième est tellement effrayante qu'elle ne tient pas dans la tête. Par exemple, que devrions-nous faire si des saboteurs russes commencent à faire sauter des voies ferrées en Pologne ? Deux attentats de ce type ont été commis en République tchèque en 2014. Que faire s'ils commençaient à tuer des gens ou semer la discorde parmi la population ? La Russie n'aura pas à créer des problèmes sociaux, économiques et politiques dans les pays qu'elle cible. Il suffira d'exploiter ceux qui existent déjà. Il sera difficile de lui rendre la pareille. La Russie est désormais une société fermée. Nous ne pouvons plus parrainer des médias indépendants ou des candidats de l'opposition. Il est peu probable que les services de renseignements occidentaux pénètrent profondément en Russie pour saboter des attentats. Tout d'abord, il convient de se pencher sur l'histoire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a activement pratiqué l'art de la guerre politique, principalement contre l'Allemagne nazie. Maintenant, nous devons rétablir ces compétences. Les bases sont exposées dans des classiques tels que Le boomerang noir de Sefton Delmer, le fondateur de cet art sombre. Ce livre n'est plus édité, et les exemplaires d'occasion sont étonnamment chers : à partir de 100 £ (113 €). La paranoïa des dirigeants russes est un atout. Des rumeurs ciblées peuvent avoir un effet très déstabilisant. Parmi les options prometteuses : « des purges sont à venir », « le chef va bientôt démissionner » « ils volent plus que vous ». Deuxièmement, nous devrions utiliser l'expérience de nos amis. Pourquoi ne pas former et équiper les forces spéciales ukrainiennes pour des missions internationales de sabotage ? Peut-être le faisons-nous déjà (je l'espère). Troisièmement (et le plus important), le public doit être informé. Une population bien informée est plus résiliente qu'une population non informée. Par conséquent, parler honnêtement des dangers auxquels nous sommes confrontés n'est pas de l'intimidation, mais une nécessité vitale. Il convient aussi d'expliquer franchement la nécessité de contre-mesures. L'absence de réponse aux attaques est un signe de faiblesse, c'est pourquoi une telle réponse doit être considérée comme la plus irresponsable. [post_title] => Sonnette d'alarme : phases d'escalade pour l'Occident [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => closed [ping_status] => closed [post_password] => [post_name] => sonnette-d-alarme-phases-d-escalade-pour-l-occident [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2023-05-03 13:34:03 [post_modified_gmt] => 2023-05-03 13:34:03 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://tyzhden.fr/?p=4160 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw ) [1] => WP_Post Object ( [ID] => 4051 [post_author] => 6 [post_date] => 2023-04-22 20:53:09 [post_date_gmt] => 2023-04-22 20:53:09 [post_content] => Vers qui ira le Royaume-Uni : vers les anxieux de l'Est ou les endormis de l'Ouest ? Ce dilemme est est né de la division entre nos alliés au sujet de la guerre en Ukraine. Pour la plupart des Européens de l'Ouest, la priorité est la nécessité de contenir et de réguler le conflit. Mais pour les États voisins de la Russie, il s'agit d'une lutte existentielle qui nécessite une victoire décisive. Et nous, Britanniques, devons choisir notre camp. Si la contre-offensive planifiée par l'Ukraine échoue, stagne ou produit des résultats modestes, des pays comme la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne ne toléreront pas une autre année de combat avec tous les risques et les pertes que cela implique. Ces pays, ainsi que l'administration présidentielle américaine, croiront qu'il est temps de conclure un accord et de céder des territoires en échange de la paix. Peut-être alors la Chine agira-t-elle en tant que médiateur. A l'inverse : si la contre-offensive s'avère très réussie, elle pourrait effrayer de nombreux Occidentaux pour différentes raisons. La plupart d'entre eux estiment qu'il vaut la peine d'essayer de forcer les troupes de Vladimir Poutine à quitter une partie, ou même la totalité, des territoires occupés et de créer des conditions favorables aux négociations. Toutefois, le dirigeant russe ne doit pas être acculé ou humilié au point d'envisager l'utilisation d'armes nucléaires. Le point de non-retour est assez proche : par exemple, l'Ukraine ne devrait pas reconquérir la Crimée. Avec l'aide d'artillerie ou de missiles, il est pourtant possible d'empêcher l'approvisionnement de la péninsule par rail et par route depuis la Russie. Ainsi, le précieux trophée russe serait assiégé par l'Ukraine. Mais Poutine menacera ensuite d'une escalade, en chatouillant les nerfs de l'Occident. Tout soupçon de changement politique en Russie augmentera la pression. Les pays occidentaux craindront que le successeur de Poutine ne se révèle être pire : un fasciste pur et simple ou un maniaque. Ils n'aimeront pas le chaos en Russie si les représentants du régime commencent à se disputer le pouvoir. Ils sont encore plus effrayés par la perspective (moins probable) d'un effondrement de la Russie, car les dirigeants en guerre intestine se battraient alors pour un colossal arsenal nucléaire. Afin d'éviter de telles conséquences, les alliés paniqués pousseront les Ukrainiens à battre en retraite au plus vite. En revanche, des pays les plus proches de la Russie, comme la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne, voient la guerre différemment. Leur perception ne repose pas seulement sur des certitudes vieilles de 30 ans sur le penchant de la Russie pour la répression, au niveau intérieur, et pour l'agression, au niveau extérieur (ce que l'Europe occidentale a préféré ne pas voir). Elle repose aussi sur des traumatismes historiques profonds. Par exemple, le mois dernier les pays baltes ont commémoré l'anniversaire des déportations soviétiques de 1949. A l'époque, 90 000 personnes ont été emenées dans des provinces lointaines, dont une fillette de six mois, Christy, qui a survécu au voyage de trois semaines grâce à la gentillesse d'étrangers qui voyageaient avec elle dans le même wagon à bestiaux. Sa fille Kaia Kallas est actuellement Premier ministre d'Estonie. Les horreurs que la Russie provoque actuellement en Ukraine évoquent de terribles souvenirs et suscitent de nouvelles peurs. Le soutien actif de l'Ukraine par les Européens de l'Est n'est pas dicté par le désir d'être du côté des vainqueurs, mais par la compréhension que si nous ne surmontons pas l'impérialisme russe maintenant, le Kremlin reviendra « pour se servir à nouveau ». De ce point de vue, le risque d'escalade en cas d'échec de Poutine est moins grave que le danger posé par une Russie d'après-guerre engloutie dans un militarisme messianique. Les Européens de l'Est sont aussi plus optimistes quant aux luttes politiques à Moscou. Les périodes de chaos en Russie sont généralement favorables à ses voisins. Le chaos qui a suivi la Révolution d'Octobre et la défaite de la Russie en 1917 a rendu le souveraineté à la Pologne, aux États baltes et à la Finlande. L'effondrement de l'Union soviétique a libéré les républiques asservies et la Finlande de l'emprise du Kremlin. Ces pays s'inquiètent surtout des dirigeants occidentaux qui pourraient sacrifier la sécurité de l'Europe de l'Est au profit d'un espoir illusoire de stabilité en Russie, car une telle tentation s'est souvent manifestée dans les années 1990. Il est assez difficile de comprendre tout cela en dehors de la région est-européenne. La guerre de Poutine est déjà devenue une catastrophe pour la Russie. Une deuxième offensive serait de la folie. Les forces armées russes ont montré leur faiblesses en Ukraine et ont subi d'énormes pertes. Une telle armée peut-elle constituer une menace pour un État membre de l'OTAN ? Cette logique superficielle ne tient pas compte des capacités de l'industrie militaire russe et de l'extrême influence de la propagande anti-occidentale du Kremlin sur l'opinion publique actuelle dans ce pays. Selon des estimations raisonnables, il faudra trois à huit ans à la Russie pour se remettre de la guerre en Ukraine (trois ans, c'est déjà inquiétant). Il convient de noter qu'au cours des 14 derniers mois, seule l'armée de terre russe a subi des pertes, tandis que la marine, l'armée de l'air et d'autres composantes de l'arsenal de Poutine n'ont guère souffert. L'hésitation, les divisions et les fanfaronnades de l'Occident ont gaspillé le temps que l'Ukraine avait gagné pour nous. L'exemple le plus récent : la visite comique et vaniteuse du président Emmanuel Macron en Chine, qui a sapé les tentatives de l'Union européenne de réduire sa dépendance économique vis-à-vis de l'empire du milieu, et a également sapé la réputation de tous les Européens en tant qu'alliés fiables et efficaces aux yeux de l'Amérique. Même en supposant que des fonds et une volonté politique apparaîssent soudainement, les Européens auront aussi besoin d'au moins dix ans pour remettre à niveau leurs forces armées. Pendant ce temps, les États-Unis (garants de notre sécurité) se concentreront de plus en plus sur la menace chinoise. Le point culminant sera le retour de Trump (ou d'un républicain comme Trump) à la Maison Blanche, car alors les alliés européens impuissants deviendront dangereusement vulnérables. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ce problème. Que cela nous plaise ou non, nous et nos voisins européens devrons faire face à une Russie agressive et menaçante pendant encore dix ans, voire plus. Et nous ne sommes pas tout à fait prêts à le faire tout seuls. Pour commencer, il serait bon de dire adieu aux illusions. [post_title] => Pourquoi l'Europe hésite face à la menace russe [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => closed [ping_status] => closed [post_password] => [post_name] => pourquoi-l-europe-hesite-face-a-la-verite-sur-la-menace-russe [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2023-05-06 09:33:04 [post_modified_gmt] => 2023-05-06 09:33:04 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://tyzhden.fr/?p=4051 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw ) [2] => WP_Post Object ( [ID] => 3818 [post_author] => 6 [post_date] => 2023-04-13 08:55:30 [post_date_gmt] => 2023-04-13 08:55:30 [post_content] =>

La contre-offensive de l’Ukraine peut commencer dans quelques jours, semaines ou mois, mais elle commencera certainement. Il est inutile de prédire sa durée et sa direction. La clé du succès est de prendre les occupants russes par surprise.

Les résultats positifs sont indispensables pour des raisons diplomatiques et militaires. Dans les premiers jours de l'invasion russe, l'opinion dominante parmi les experts supposés à Berlin, Bruxelles, Paris et ailleurs était que 2022 serait une répétition de 2014 : une offensive russe, une retraite ukrainienne et un règlement diplomatique avec la participation de médiateurs.

Les Ukrainiens ont démontré que les experts avaient tort. La résistance de l’Ukraine a contribué à un consensus sur les sanctions, les livraisons d’armes, le soutien financier et la volonté d’assumer les conséquences de la guerre, notamment l’augmentation des prix de l’énergie. Dans la plupart des pays, l’opposition au soutien de l'Ukraine s’est limitée à la périphérie politique. Le consensus repose sur deux convictions : la victoire de la guerre est possible et l'Ukraine est en train de gagner.

Ces convictions peuvent facilement disparaître. Si la contre-offensive de l’Ukraine s'enlise ou apporte le résultat modeste, la plupart des pays du « vieux monde occidental », notamment la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ne toléreront pas une année supplémentaire de combat et considéreront qu'il est temps de conclure un accord, en cédant des territoires en échange de la paix. Peut-être la Chine jouera-t-elle alors le rôle de médiateur.

Tout cela n'est qu'une illusion. Les Ukrainiens ne cesseront pas de se battre tant que la Russie ne cessera pas d'attaquer. Les amis fiables de l’Ukraine, comme la Pologne, les États baltes et d’autres, continueront à la soutenir. Leur soutien n'est pas fondé sur des espoirs de succès (ni même sur le désir d'être dans le camp des vainqueurs), mais sur la conscience de menaces réelles. Si l'impérialisme russe en Ukraine n'est pas détruit, ce n'est qu'une question de temps avant que le Kremlin ne se réapprovisionne, se rétablisse et reprenne l'offensive. L’Ukraine ou un autre État voisin pourrait à nouveau devenir sa victime. L'affaiblissement du soutien à l'Ukraine de la part du « vieil Occident » à l'esprit faible ne promet pas la paix, mais la poursuite de la guerre.

L’Occident ne veut pas comprendre : cela nous plaise ou non, dans les dix prochaines années ou plus, nous aurons affaire à une Russie agressive et dangereuse. Ayant manqué de nombreuses occasions au cours des 30 dernières années de prévenir le revanchisme, nous sommes loin de pouvoir y échapper. En rêvant que le problème disparaîtra de lui-même, nous ne faisons que l'aggraver.

L'absence de succès tangible n'est pas la plus grande menace. Je suis plus préoccupé par les problèmes qui surgiront si la contre-offensive de l'Ukraine est couronnée de succès. Imaginons, par exemple, que le "corridor terrestre" vers la Crimée soit coupé et que l'occupation russe devienne intenable. Le Kremlin menacera de recourir à l'escalade - avec des armes de destruction massive, des sabotages ou d'autres ruses. Le pouvoir de Poutine se verrait alors ébranlé.

En conséquence, une nouvelle vague de pensée illusoire émergera : la victoire de l'Ukraine comme garantie de stabilité. Nous ne devons pas risquer qu'un fasciste ouvert prenne le pouvoir à Moscou. Nous ne devons pas risquer la désintégration de la Russie. Nous ne devons pas risquer Armageddon. Laissons les Ukrainiens se retirer pendant qu'ils sont au mieux de leur forme. S'ils ne suivent pas ce conseil, ils perdront l'aide militaire et financière de l'Occident, dont ils ne peuvent se passer.

Le Kremlin sait comment jouer à ce jeu. J'ai travaillé dans les pays baltes au début des années 1990 et j'ai observé avec consternation les prétendus réformateurs de Moscou exiger des concessions de l'Occident en échange du maintien des partisans de la ligne dure hors du pouvoir. En réalité, ces alarmistes - extrémistes de droite et voyous armés - étaient en grande partie des créations du Kremlin.

A l’époque, les exigences portaient sur le financement et le soutien politique du régime d’Eltsine en faillite, ainsi que sur la pression sur les États baltes en ce qui concerne leurs politiques linguistiques et de citoyenneté. La version moderne consisterait à lever les sanctions et à éviter les actions « provocatrices », telles que le déploiement de forces étrangères en Ukraine après la guerre et la garantie d'une véritable sécurité pour le pays. Cela semble-t-il ridicule ? Je l’espère bien! Mais j’ai quelques doutes.

[post_title] => La victoire de l’Ukraine entraînera un désaccord entre ses amis [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => closed [ping_status] => closed [post_password] => [post_name] => la-victoire-de-l-ukraine-entrainera-un-desaccord-entre-ses-amis [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2023-04-13 08:55:30 [post_modified_gmt] => 2023-04-13 08:55:30 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://tyzhden.fr/?p=3818 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw ) [3] => WP_Post Object ( [ID] => 3731 [post_author] => 6 [post_date] => 2023-04-09 13:10:59 [post_date_gmt] => 2023-04-09 13:10:59 [post_content] => Une fête sans fleurs ni gâteaux. Pour marquer le 105e anniversaire de la brève période d'existence de l'État biélorusse après la Première Guerre mondiale, Vladimir Poutine a annoncé son intention de déployer des armes nucléaires tactiques dans le pays. Les exercices commenceront en avril et les installations de stockage seront prêtes pour le 1er juillet, a déclaré le dirigeant russe. Cela semble peu probable, étant donné qu'il n'y a aucun signe de travaux de construction pourtant nécessaire. Pour comparer, la construction de ce type de stockage dans la ville voisine de Kaliningrad a duré sept ans. Quoi qu'il en soit, d'un point de vue militaire, ces plans n'ont pas beaucoup d'importance. Le Kremlin répète régulièrement qu'il va déployer une partie de ses 2 000 armes nucléaires à courte portée dans l'ouest de la Russie. La symbolique est plus importante ici : Poutine prétend agir à la demande du dirigeant biélorusse Alyaksandr Lukashenka (qui préfère la version russe de son nom : Aleksander Lukashenko). Il importe peu de savoir si le dirigeant autocratique de Minsk souhaite réellement disposer d'armes nucléaires. Le déploiement promis montre l'emprise croissante de la Russie sur un petit État voisin à l'ouest. Cette décision montre également que les tentatives répétées de la Chine pour mettre fin aux menaces nucléaires de la Russie ont échoué. Quelques jours avant l'annonce de M. Poutine, les dirigeants chinois et russes avaient signé une déclaration commune lors de la visite de Xi Jinping à Moscou, stipulant qu'aucune arme nucléaire ne devait être déployée en dehors de leurs frontières et que les systèmes déjà déployés devaient être retirés. Il s'agit d'une allusion claire aux actions des États-Unis, qui conservent environ la moitié de leur arsenal de 200 armes nucléaires non stratégiques en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Italie et en Turquie. Toutefois, étant donné que le Belarus est toujours un État indépendant (et il pourrait bientôt s'avérer que cela n'aurait pas dû être considéré comme acquis), Poutine a violé la règle nouvellement introduite. La Russie enfreint également le traité de non-prolifération nucléaire : les armes américaines en Europe ne sont pas soumises au traité, car elles ont été déployées avant son entrée en vigueur en 1970. La Russie cherchait apparemment à répondre à la fourniture par le Royaume-Uni d'obus antichars à l'uranium appauvri à l'Ukraine. Ces obus perforants laissent des déchets toxiques, mais n'ont rien à voir avec une réaction nucléaire. Poutine a peut-être aussi été incité par l'anniversaire de la déclaration d'indépendance du Belarus avant la guerre, le 25 mars. Cette date est célébrée par les Biélorusses dans le monde entier, mais pas dans leur pays, où elle est interdite. A cette occasion, les États-Unis ont imposé des sanctions supplémentaires et des interdictions de visa pour quelques hauts fonctionnaires biélorusses. Ceux qui s'attendent à ce que les mesures prennent effet rapidement, voire pas du tout, devraient se rappeler les enseignements du passé. L'Union européenne a imposé ses premières sanctions au Belarus en 2004, et les États-Unis ont suivi deux ans plus tard. Ces sanctions n'ont pas été totalement inefficaces : par exemple, plusieurs prisonniers politiques ont été libérés. Cependant, d'un point de vue stratégique, elles ont échoué. Loukachenko est toujours à la tête de l'État et utilise des moyens répressifs sans précédent pour se maintenir au pouvoir. Le Belarus est encore plus sous l'emprise du Kremlin. L'opposition est fragmentée et ses leaders sont derrière les barreaux ou en exil. Selon certains, le seul espoir de renverser le régime réside dans une intégration plus étroite de la société bélarussienne avec l'Occident ; or, les sanctions ont l'effet inverse. Toutefois, la guerre ratée de Poutine en Ukraine offre un nouvel espoir au Belarus. L'impérialisme et le militarisme russes ont renforcé le sentiment d'identité nationale au Belarus, tout comme en Ukraine. Les tentatives d'utiliser l'armée biélorusse en Ukraine risquent de se heurter à la rébellion et à la désertion, tandis que des volontaires biélorusses se battent aux côtés de l'Ukraine. Le monde extérieur s'inquiète à juste titre pour la reconstruction de l'Ukraine après la guerre. Mais il conviendrait également d'accorder une certaine attention à la question biélorusse. Une défaite russe priverait Loukachenko de son seul protecteur. Une offre rapide d'adhésion à l'Union européenne pourrait conduire à une scission ou au renversement du régime. Après 106 ans de déception, 2024 pourrait devenir l'année où les Biélorusses auront enfin une raison de se réjouir. 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Author: EDWARD LUCAS

Premier vice-président, Centre for European Policy Analysis (CEPA, Varsovie et Washington)