Depuis plus de dix ans, l’association Kalyna aide les Ukrainiens dans leur chemin vers la liberté. Elle a été fondée par l’activiste français et président de l’organisation, Florent Murer. Dans une interview accordée à Tyzhden.fr, Murer a parlé des besoins actuels de l’armée, de la lutte sur le front politique, ainsi que du travail que mène Kalyna aujourd’hui.
– Kalyna a été fondée en 2014, peu après la Révolution de la dignité sur le Maïdan. Qui en a été à l’initiative et par quoi avez-vous commencé vos activités ?
– En réalité, tout est très simple. En 2004, je me trouvais en Europe centrale pour des raisons professionnelles, et c’est à ce moment-là qu’a eu lieu la Révolution orange, qui a révélé le désir de l’Ukraine d’accéder à l’indépendance et de faire respecter son choix européen. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré ma femme, qui est Ukrainienne, et peu après, nous sommes rentrés en France.
Fin 2013, lorsque le Maïdan a commencé, nous nous sommes immédiatement sentis concernés et avons voulu aider à titre personnel — nous avons envoyé des médicaments, des sacs de couchage, des tentes, de la nourriture, car, comme vous vous en souvenez sans doute, les besoins étaient immenses. C’était l’hiver, il faisait -20 degrés, et tout cela sous les canons à eau de la police ukrainienne — l’aide était donc vraiment nécessaire.
Ensuite, dès le début de l’année 2014, juste après le Maïdan, l’annexion de la Crimée a eu lieu. Et bien sûr, les « petits hommes verts » sont apparus dans le Donbass. Nous avons compris alors qu’il fallait passer à un autre niveau. L’aide personnelle, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant.
La seule solution que nous avons envisagée a été de créer une association pour mobiliser davantage de bénévoles, organiser des collectes et fournir un soutien à ceux qui défendaient la frontière orientale.
À l’époque, l’armée ukrainienne avait été pratiquement abandonnée, mal équipée — c’était une décision délibérée de Ianoukovitch, qui ne voulait pas d’une défense forte et indépendante. Ceux qui sont partis défendre la frontière dans le Donbass étaient habillés en survêtements, ils n’avaient rien d’autre que leur volonté de défendre leur terre. Les besoins étaient donc immenses — chaussures, sacs de couchage, couvertures, équipement, uniformes, gilets pare-balles, casques.
– Avez-vous rencontré des difficultés au début ? Peut-être au travail ou pour l’organisation ?
– Le premier défi a été de trouver des fournisseurs, d’acheter l’équipement nécessaire pour les Ukrainiens à des prix compétitifs et, bien sûr, d’organiser la livraison jusqu’en Ukraine — jusqu’au destinataire final. Nous avons appris tout cela progressivement grâce à un grand nombre de bénévoles qui voulaient aider. Nous avons travaillé ensemble, en apprenant sur le tas — comme on dit, c’est comme apprendre à faire du vélo.
– Et que fait Kalyna aujourd’hui ?
– Aujourd’hui, Kalyna a considérablement grandi et travaillé dans quatre domaines principaux.
Premièrement, nous continuons à faire du caritatif et à fournir de l’aide humanitaire à travers un modèle unique de colis adressés aux familles. Nous sommes désormais assez connus et en complément des collectes ponctuelles organisées dans les supermarchés, nous recevons chaque semaine des dons en nature : des produits alimentaires, des produits d’hygiène, des vêtements, des couvertures, du matériel médical et des produits de soins, des fauteuils roulants, des fournitures hospitalières, etc. — tout cela pour les civils, les familles, et bien sûr des vêtements. Chaque semaine, nous envoyons des cargaisons grâce à l’aide apportée par des compagnies de bus avec lesquelles nous collaborons, comme Western Trans ou Baska Tour.
Le deuxième domaine est l’activité culturelle. Cela nous permet de promouvoir la culture ukrainienne — nous organisons des concerts, des projections de films, des conférences et des débats. Cela nous permet ainsi de collecter des fonds qui sont consacrés à l’achat d’équipements. Et ainsi, nous passons au troisième domaine — le soutien aux défenseurs.
Il est très clair que les besoins ont évolué. Aujourd’hui, il y a une très grande demande de véhicules, car la mobilité est, pour ainsi dire, la clé sur le champ de bataille. Bien sûr, il y a des drones, mais aussi des brouilleurs pour les drones, des viseurs optiques, des groupes électrogènes. C’est-à-dire que l’équipement nécessaire est beaucoup plus complexe, la guerre elle-même à changé.
En 2022, nous étions encore dans un cadre similaire à celui de 2014, mais en 2024-2025, les besoins ont considérablement évolué. Et c’est un aspect extrêmement important pour nous, car nous pensons qu’il n’y a pas d’autre issue que la victoire. Dans un contexte où, comme vous le savez, l’aide internationale diminue progressivement, les efforts des associations deviennent absolument vitaux.
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Et depuis 2022, nous avons ajouté un quatrième volet à notre activité, qui est aussi très important — c’est la lutte pour les idées, la lutte sur le front politique. En effet, si l’aide caritative est nécessaire et répond à l’appel du cœur, faire gagner nos idées sur le terrain politique est essentiel pour la victoire.
– En quoi consiste votre lutte sur le front politique ?
– Nous nous sommes alliés à une association née en 2022 — créée par des intellectuels, universitaires et chercheurs français — qui s’appelle Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre! co-fondée par Sylvie ROLLET et Pierre RAIMAN. Elle mène un combat principalement sur le plan politique.
Avec cette association, nous avons mené de nombreuses campagnes. Et sans doute la première, qui prend aujourd’hui une actualité toute particulière, est celle pour le retour des enfants ukrainiens déportés et russifiés.
Dès 2022, après une recherche très approfondie, nous avons soumis à la Cour pénale internationale (CPI) un premier signalement, qui, avec d’autres initiatives, a conduit à l’émission de mandats d’arrêt contre Maria Lvova-Belova et Vladimir Poutine.
Et dans le même esprit, en 2024, après une analyse très minutieuse des publications de différents responsables russes, nous avons soumis à la CPI un second dossier — cette fois-ci dans le but d’élargir la liste des personnes visées par un mandat d’arrêt pour la déportation d’enfants.
Nous avons identifié 64 individus impliqués à divers niveaux — beaucoup sont membres du parti Russie unie, des représentants de l’Église orthodoxe russe, ou encore des responsables administratifs des territoires occupés. Nous avons constitué un dossier, l’avons soumis, et une enquête est en cours. Nous espérons qu’elle aboutira à de nouveaux mandats d’arrêt, et nous insistons particulièrement sur la requalification potentielle des crimes en crimes contre l’humanité ou même en génocide, car les premiers mandats avaient été émis pour crimes de guerre.
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Avec cette association, nous menons aussi beaucoup d’autres campagnes. Par exemple, celle pour l’application des sanctions européennes contre les médias diffusant la propagande russe, qui restent librement accessibles en France à cause de l’inaction des opérateurs télécoms. Ou encore la protection des biens culturels ukrainiens, menacés de pillage et de destruction par les forces russes. Ce ne sont pas des dommages collatéraux de la guerre : nous avons démontré que cela était planifié et mis en œuvre avec la participation du gouvernement russe, du FSB et des conservateurs de musées qui transfèrent ces biens vers des institutions en Russie. Nous militons pour l’exclusion de la Russie de l’ICOM (Conseil international des musées), car sa politique est en contradiction flagrante avec les principes éthiques de cette organisation.
Nous agissons aussi dans le secteur énergétique : l’année dernière et cette année, nous avons proposé des solutions concrètes face aux bombardements des infrastructures ukrainiennes de production et de distribution d’électricité. Nous avons collecté des fonds et, depuis 2024, envoyé plus de 250 générateurs, apportant ainsi des solutions réelles aux difficultés quotidiennes des Ukrainiens.
Nous nous sommes opposés à la participation des athlètes russes aux Jeux olympiques de 2024 à Paris, avec succès. et puis, il y a le dossier sur les avoirs gelés, où l’une de nos administratrices, ex-conseillère d’état à produit une étude juridique (qui n’a pas été infirmée) qui fournit la base légale pour la confiscation de ces avoirs.
Un autre sujet douloureux est celui des viols et violences sexuelles systématiquement perpétrés par des soldats russes en Ukraine. C’est un sujet extrêmement difficile, souvent passé sous silence, mais nous considérons qu’il est de notre devoir d’en parler et de réclamer justice pour toutes les victimes.
— Comment arrivez-vous à tout gérer ? Ce sont tellement de fronts à la fois : la désinformation, les enfants enlevés par la Russie, les Jeux olympiques, les victimes des soldats russes… Comment vous vous en sortez avec autant de dossiers ?
– L’association Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre accomplit un travail immense. En réalité, c’est la seule association en France qui s’occupe de tout cela. Elle compte environ 400 membres, une vingtaine d’administrateurs, et chacun, avec sa bonne volonté, ses connaissances et ses compétences, apporte sa contribution.
Je ne cache pas que c’est un travail colossal. Je ne cache pas non plus que nous sommes parfois épuisés. Mais nous obtenons des résultats. Nos actions sont très concrètes — par exemple, chaque semaine, nous envoyons entre 20 et 25 colis d’aide humanitaire et autres. Et nous bénéficions d’un grand réseau de bénévoles, en France comme en Ukraine, qui nous permet de mettre tout cela en œuvre.
— Avez-vous déjà obtenu des résultats tangibles ?
— Oui. Si l’on parle de Kalyna, un succès, c’est déjà le fait que nous envoyons 200 kg de marchandises chaque semaine. C’est un succès répété. Et puis, quand nous organisons des concerts ou des conférences où 150 à 250 personnes viennent — nous en sommes très heureux. Car notre combat, c’est aussi d’informer les Français et d’élargir le cercle de soutien à l’Ukraine.
Il en va de même pour l’équipement des défenseurs : chaque fois que nous réussissons à envoyer un véhicule, c’est une vraie victoire. Ce jeudi, par exemple, je vais traverser la France pour aller chercher un 4×4 Nissan Pathfinder que nous allons réaménager en véhicule d’extraction sur le front. Nous sommes heureux d’avoir pu financer ce genre de véhicule grâce à nos campagnes. Et quand ils arrivent à destination, ils apportent un vrai bonheur aux ukrainiens qui voient qu’ils ne sont pas seuls.
Concernant les Jeux olympiques, bien sûr, nous n’étions pas les seuls à nous opposer à la participation des athlètes russes. Mais, par exemple, nous avons rédigé une tribune dans Le Monde, où nous avons démontré que 83 % des médaillés russes des derniers Jeux au Japon soutiennent ouvertement la guerre ou sont financés par l’armée.
Cela détruit complètement le mythe selon lequel le sport et la politique seraient séparés. Dans le système étatique russe, le sport, comme la culture, est un outil de soft power auquel nous devons résister.
— Recevez-vous actuellement beaucoup de demandes d’aide ? Comment procédez-vous pour les sélectionner ?
– Malheureusement, nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes. Bien sûr, nous restons une petite structure face à l’ampleur des besoins. À titre d’exemple : depuis 2023, l’association Kalyna a livré environ 800 générateurs de différents modèles. Lors de notre dernière campagne menée avec Pour l’Ukraine, nous avons envoyé entre 200 et 230 générateurs. Mais les demandes étaient trois fois plus nombreuses. Cela montre que nous ne pouvons tout simplement pas répondre à tout. Et avec la baisse de l’aide internationale au niveau étatique, ces besoins reposent de plus en plus sur les épaules des associations.
— Pouvez-vous citer les trois demandes les plus importantes que votre association a pu réaliser ? Et laquelle a été la plus difficile ? Comment avez-vous réussi à la mener à bien ?
– Les trois demandes principales provenant du front — je dirais que ce sont les véhicules, les générateurs et peut-être les brouilleurs de signaux. Cela reste dans le cadre de ce que nous savons et pouvons faire, bien sûr, car nous n’agissons pas dans le domaine militaire, et tout ce qui relève des armes létales ne fait pas partie de nos compétences.
Mais parmi le soutien matériel que nous pouvons fournir, ces trois éléments sont les plus demandés.
Et comment les finançons-nous ? Par beaucoup de travail et de créativité. Nous établissons des partenariats avec d’autres associations, nous recherchons des sponsors, nous organisons des collectes de fonds. Comme je l’ai déjà mentionné, nous organisons des spectacles, des projections de films — et c’est toujours une occasion pour le public de s’impliquer, de faire un don. C’est ainsi que nous avançons.
— J’ai lu sur votre site que vous avez des accords avec des partenaires. De qui s’agit-il, et que prévoient ces accords ?
– Ces partenaires sont de différentes natures : il peut s’agir d’administrations ou de municipalités qui nous prêtent des salles pour organiser nos événements. Il y a aussi des entreprises privées qui financent certaines de nos initiatives.
Par exemple, nous avons mené des actions avec l’association Save Ukraine en Ukraine pour le retour des enfants déportés, car cette association a réalisé une étude montrant que le coût moyen de rapatriement d’un enfant ukrainien déporté s’élève à environ 2 500 dollars. Nous avons donc financé ce type d’opérations.
Cela peut aussi concerner des projets liés aux ambulances. Une entreprise peut participer en finançant ou en fournissant un véhicule médicalisé.
Nous travaillons, par exemple, avec la mairie du 9e ou du 15ème arrondissement de Paris, des entreprises privées comme Louvres Hôtel, Dassault, Cenorinvest, SBII… avec notre banque le Credit Mutuel, ainsi qu’avec d’autres associations comme Ennea World spécialisée dans les fournitures scolaires, International Impact, Meeting Friends…des associations politiques qui nous fournissent des locaux, ou avec la mairie centrale de Paris. Cela dépend des projets, nous sommes ouverts à toutes collaborations.
— La logistique et la sécurité des cargaisons humanitaires en temps de guerre — comment les coordonnez-vous ?
– Depuis 2014, nous avons des partenariats avec des entreprises de transport qui effectuent régulièrement des trajets entre la France et l’Ukraine — tant pour les passagers que pour le fret. Chaque semaine, ces compagnies de bus assurent des allers-retours. Nous leur fournissons une aide administrative en France — dans les relations avec la police, les administrations, les mairies, en cas d’accidents, etc. — en échange, elles transportent nos colis gratuitement. Ces compagnies, citées plus haut, sont le socle de notre fonctionnement. Si nous devions payer le transport, tout notre budget passerait dans le carburant et la logistique, au lieu d’aller directement à l’aide et nous les en remercions vivement.
Nous travaillons également avec d’autres associations qui nous réservent de l’espace dans leurs convois. Par exemple, l’association Safe, qui a mis en place un pont humanitaire depuis Oujhorod et a déjà organisé environ 200 à 250 convois depuis 2022. Nous leur transmettons nos colis, et ils les acheminent gratuitement.
— Y a-t-il une histoire d’aide qui vous a particulièrement touché ou marqué ?
– C’est une question difficile, car nous travaillons en lien direct avec ceux que nous aidons — au sein d’un réseau que nous avons construit depuis 2014. Nous avons un lien personnel avec chacun des bénéficiaires.
Cela peut concerner des familles. Par exemple, une famille nombreuse avec sept enfants, dont le père est tombé au front. Évidemment, de telles histoires sont profondément émouvantes. Mais il y en a tellement.
Je dirais que chaque histoire personnelle mérite notre attention et nous touche profondément. Cela concerne aussi bien les civils que les militaires. Quand nous entendons des récits tragiques de soldats tombés ou d’unités qui manquent d’équipement — cela nous pousse à redoubler d’efforts ici, en France, pour trouver des solutions.
— Si vous comparez votre activité avant 2022 et après, diriez-vous que Kalyna est devenue plus active ou qu’elle continue à fonctionner au même rythme ?
– On pourrait dire qu’il y a eu trois phases. Le début — en 2014 — a été marqué par une très forte activité. Ensuite, entre 2018 et 2022, alors que la situation sur le front s’était stabilisée, notre activité a quelque peu diminué — les besoins étaient moindres. Mais en 2022, il y a eu une énorme intensification. Et ce n’était pas seulement notre effort : toute la France s’est mobilisée. Les municipalités ont organisé des collectes, des dizaines d’associations sont apparues pour soutenir l’Ukraine. Il y a eu énormément d’initiatives.
– Est-ce que les membres de votre association participent également aux manifestations pour collecter des fonds ? Comment se déroule la préparation de ces événements, étape par étape ?
– Oui, tout dépend du type d’événement : concert, manifestation, festival, etc. Mais en général, tout commence par une idée. Ensuite, nous établissons un plan avec des étapes de réalisation.
La première étape, c’est la communication : affiches, réseaux sociaux, bouche-à-oreille. Parfois, nous recevons aussi de l’aide des mairies. Ensuite vient la répartition des rôles. Nous travaillons non seulement avec les membres de l’association, mais aussi avec des bénévoles qui souhaitent s’impliquer dans un événement précis. Nous comptons beaucoup sur eux — et la réponse est toujours positive.
Puis nous mobilisons ces forces pour accueillir les invités, pour assurer le service (nous préparons souvent des buffets, des boissons), afin de créer une ambiance festive et de mettre en valeur la culture ukrainienne.
– Et que se passe-t-il après les manifestations, après la collecte de fonds ?
– Nous proposons des boissons ou des plats en échange d’un don. C’est important — il ne s’agit pas simplement de tendre la main, mais d’offrir quelque chose en retour, de donner du sens à notre cause. Les bénévoles — qu’ils soient français ou ukrainiens — donnent de leur temps et de leur énergie pour créer un petit moment agréable. Les gens donnent ce qu’ils peuvent.
Avec ces fonds, nous équipons les défenseurs ukrainiens, nous achetons des produits spécifiques nécessaires, répondant à des commandes spéciales. Tout cela provient des dons — à la fois individuels et des collectes dans les supermarchés.
Nous organisons donc des journées de collecte, et les gens apportent des produits qu’ils souhaitent faire parvenir, selon une liste que nous fournissons. Cette liste comprend des produits de soin, d’hygiène, d’alimentation, ainsi que des produits spécialisés. Ce sont ce que nous appelons des journées de collecte. Voilà.
Nous collaborons également avec des cabinets d’infirmiers, des centres de santé, des EHPAD, des hôpitaux, qui nous transmettent des stocks dont ils n’ont plus besoin. Ce sont des initiatives de collecte. Et pour ce qui est des actions organisées, elles sont financées par les fonds récoltés.
– Est-ce que les Français participent activement ? Combien d’argent arrivez-vous à collecter pendant ces événements, à l’heure ?
– Les Français sont généreux — ce n’est jamais suffisant, bien sûr, mais ils sont généreux. Et combien de fonds sont récoltés ? Cela dépend de l’événement lui-même, de l’occasion.
– Je sais qu’il existe aussi d’autres associations, comme l’Union des Ukrainiens de France ou Aide et Support. Travaillez-vous avec elles ? Comment ?
– Oui, bien sûr. avec l’Union des Ukrainiens de France, notamment lorsqu’il s’agit de mobilisations importantes, comme celle du 24 février. Nous faisons partie du comité d’organisation à Paris, et un grand travail préparatoire est effectué.
Nous collaborons aussi avec d’autres associations, telles que RéSU — le Réseau européen de soutien à l’Ukraine — ainsi qu’avec l’association Ukraine Combat, qui se spécialise davantage dans le domaine artistique. Nous travaillons avec toutes les associations, nous échangeons des expériences, et nous avons d’excellentes relations et une bonne entente entre nous.
– Comment évaluez-vous le travail des organisations de soutien à l’Ukraine en France ? Quelles initiatives vous semblent les plus efficaces et pourquoi ?
– Je dirais que le travail est très efficace, avec un réseau très dense sur l’ensemble du territoire français. On peut estimer qu’il existe environ 300 associations en France qui ont une activité significative, semblable à la nôtre. Elles sont réparties dans tout le pays, avec des structures de tailles diverses. Nous échangeons également sur un groupe Whatsapp, entre les associations sur tout le territoire français.
Je me souviens qu’en 2022, les chiffres étaient impressionnants — près de 40 % des besoins de l’Ukraine étaient couverts grâce à l’activité associative. Cela ne concerne pas seulement la France, mais aussi l’Europe, le Canada et les États-Unis. L’aide de la société civile est très importante et précieuse.
En France, l’activité culturelle est également très importante : des concerts, des projections, des danses, des conférences sont organisés pour sensibiliser le public, expliquer pourquoi nous luttons, et créer un environnement favorable à l’action publique. Vous savez, les politiques n’agissent que lorsque cela sert leurs intérêts — disons-le franchement, leurs intérêts électoraux. C’est pourquoi il est crucial que la société française comprenne l’essence de notre lutte — pourquoi et pour quoi nous nous battons. Cela crée un contexte favorable qui rend plus difficile l’adoption de décisions contraires au soutien à l’Ukraine.
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En ce moment, nous travaillons sur un événement qui se déroulera le 4 juin : une conférence de Gennadi KHARCHENKO, ancien prisonnier, écrivain, historien et volontaire qui a rejoint le bataillon Azov en 2014, a combattu à Azovstal, a passé deux ans en captivité, a écrit un livre et est maintenant en tournée en Europe pour présenter son ouvrage.
Notre partenaire dans ce projet est la mairie du 15e arrondissement, qui soutient activement l’Ukraine. Ils fournissent la salle, et nous devons la remplir, accueillir l’invité et organiser un petit événement autour de sa présence.
– Souhaitez-vous changer certains aspects de votre travail ?
– Honnêtement, nous aimerions arrêter cette activité, car cela signifierait que l’Ukraine a gagné et que nous pourrions nous concentrer sur des projets liés au développement personnel. Mais notre objectif est la victoire de l’Ukraine. Tant que l’Ukraine n’a pas gagné, nous continuerons. Quant à l’activité humanitaire, nous la poursuivons car elle reste nécessaire, les besoins étant toujours importants.
Dans le domaine culturel, c’est également important car cela permet de maintenir le lien avec les Français et le public. Cela sensibilise à notre travail.
Ainsi, ces axes sont déjà définis, mais nous restons ouverts à de nouveaux sujets si les événements nécessitent notre attention. Par exemple, il y a un sujet sur lequel nous n’avons pas encore travaillé — les sanctions. Nous soutenons fermement les sanctions, les considérons comme efficaces, mais malheureusement, elles sont souvent contournées. Il existe différentes méthodes pour contourner et violer les sanctions, et nous voulons également travailler là-dessus.
– Quels sont vos objectifs pour l’année 2025 ?
– Nous allons bien sûr poursuivre toutes nos activités, car nous ne croyons pas à des accords de paix, dans le contexte géopolitique actuel. Nous sommes quasiment déjà à la moitié de l’année. En novembre, nous prévoyons une projection de film qui établit un parallèle entre la guerre génocidaire menée par la Russie aujourd’hui et le Holodomor, que vous connaissez. Ce sera un événement autour du film Album de famille, que nous prévoyons de projeter à Paris. De plus, il y aura des concerts et d’autres événements. Bien que l’été, nous partons généralement en Ukraine. C’est une occasion pour nous de visiter nos réseaux, contacts, voir comment tout fonctionne sur place, obtenir des informations aussi précises que possible et contrôler les différentes branches de notre organisation.
– Qu’est-ce que vous considérez comme le plus important dans votre travail ?
– Le plus important est d’accomplir notre mission. Le plus important est de fournir l’aide dont les Ukrainiens ont besoin. Voilà ce qui est vraiment le plus important.