Alla Lazaréva Сorrespondente à Paris du journal Tyzhden

Denys Vorontsov : « Le cinéma documentaire est un outil qui peut changer des vies »

Culture
18 décembre 2023, 17:20

Tyzhden.fr s’est entretenu avec l’un des fondateurs du groupe de documentalistes bénévoles Babilon-13, qui a vu le jour pendant la Révolution de la Dignité et qui continue à documenter les événements de la vie civile et de la ligne de front en Ukraine.

– Comment avez-vous rejoint le groupe BABYLON’13 ?

– C’est arrivé au début de la révolution, en 2013, le 29 ou le 30 novembre. Je me suis retrouvé sur la place Mykhailivska après que des étudiants y ont été battus. Beaucoup de gens en colère s’y étaient rassemblés. J’y ai rencontré beaucoup de mes collègues, et c’est à ce moment-là, près de la place Mykhailivska, que j’ai réalisé que nous devions nous unir et enregistrer tous ces événements par les moyens du cinéma documentaire. J’ai appelé le réalisateur Volodymyr Tykhyi, mon vieil ami et partenaire. J’avais travaillé comme second réalisateur, producteur délégué et producteur de longs métrages avant la révolution. J’ai donc pu trouver de nombreux collègues sur la place – réalisateurs, caméramans, ingénieurs du son – et nous avons commencé à filmer deux ou trois heures plus tard, alors que la manifestation se poursuivait et que de plus en plus de gens se rassemblaient. C’est ainsi que nous avons monté le premier film, intitulé Prologue. On nous a donné une salle dans la Maison du cinéma. Notre groupe n’avait pas encore de titre.

– Je voulais justement vous demander : pourquoi BABYLON’13 ?

– – La réponse est simple. C’était le 1er janvier, les événements sur le Maïdan faisaient rage, de plus en plus de gens venaient pour protester, et il devenait évident qu’ils ne quitteraient pas le Maïdan. Nous nous sommes réunis dans la petite salle de la Maison du cinéma pour réfléchir au format que nous allions utiliser. Nous nous sommes tous mis d’accord sur le fait qu’il devait s’agir de courts métrages, documentaires, d’atmosphère, sans explications narratives sur les coulisses, que ces films devaient être tournés rapidement et qu’ils devaient apparaître sur la chaîne officielle de notre projet tout aussi rapidement. La question s’est ensuite posée de savoir comment nommer notre projet. Il y a eu plusieurs suggestions banales et moins banales : Dokmaidan, Euromaidan, et d’autres encore… Nous étions en train de discuter, la petite salle de la Maison du cinéma est située de l’autre côté du mur du bar du restaurant Babylon, qui doit son nom au film Babylon-XX d’Ivan Mykolaytchuk. À l’époque, c’était un véritable chaos : l’un retirait les chaises de la salle, l’autre y apportait des tables, organisait des sites de montage… Et puis l’un de nos collègues est entré et a demandé le mot de passe du Wi-Fi. On lui a répondu que le réseau s’appelait « bar » et que le mot de passe était « babylon13 ». C’est ainsi qu’est né le nom du projet : il s’agit du mot de passe du réseau Wi-Fi de la Maison du Cinéma, situé au 6 de la rue Saksahansky, à Kyiv. Nous avons commencé à travailler.

Pendant les trois mois qui ont suivi le Maïdan, nous avons vécu dans cette Maison du cinéma, réalisé des films, travaillé et publié de manière anonyme – tel était notre concept. Il s’agissait plutôt d’une question de sécurité. Nous n’avons révélé nos noms qu’au printemps 2014, après la victoire de la révolution.

Au début, nous sortions deux à trois courts métrages par semaine. Nous avons eu des fans, des gens ont commencé à nous soutenir via Patreon [site de collecte de fonds pour artistes – ndlr], des collègues que nous connaissions nous ont apporté des enveloppes avec un peu d’argent en liquide…

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Nous vivions et travaillions là-bas, et nous passions tout notre temps sur le Maidan. Lorsque la guerre a commencé, nous nous sommes immédiatement rendus à l’Est pour enregistrer les événements qui s’y déroulaient. Il y avait beaucoup d’histoires, l’une d’entre elles concernait la captivité de nos collègues Yaroslav Pilunsky et Yura Gruzinov, qui ont été arrêtés en Crimée pendant le soi-disant référendum… Au début, nous étions nombreux – une centaine de personnes, probablement. Après le Maïdan, le cercle s’est rétréci et seuls les plus actifs sont restés.

Combien êtes-vous aujourd’hui ?

– Actuellement, nous comptons jusqu’à 30 personnes, mais nous impliquons dans nos projets des spécialistes de différents domaines – designers, coloristes, traducteurs – qui ne constituent pas le cœur de notre organisation, mais qui nous aident à développer et à poursuivre nos activités.

– Habitez-vous maintenant à Kharkiv ?

– Oui, je vivais à Kyiv, mais dès le début de la guerre, après que le quartier général de Babylon’13 a été transféré à Lviv, j’y suis resté un mois et demi et puis je suis parti, en passant par Kyiv et la région de Tchernihiv, vers Kharkiv. Avec le recul, je peux dire que j’ai vécu à Kharkiv pendant presque toute la durée de la guerre totale.

– Les personnages de votre film Le skateboard sur la ligne de front sont des adolescents. Ils rayonnent d’une confiance inébranlable dans la victoire de l’Ukraine. Comment avez-vous trouvé ces garçons de Kharkiv ?

– C’est le réalisateur Max Lukashov qui les a trouvés. Il est venu me rendre visite à Kharkiv. Je m’y sentais un peu triste tout seul, lui et moi avions une certaine expérience du travail dans la région de Tchernihiv, à la fois dans les territoires libérés et dans la ville-même. Nous avons réalisé ensemble le film Un second souffle. Je l’ai donc invité à venir vivre avec moi pendant quelque temps et à faire quelques films ensemble. Il a eu l’idée de réaliser un court métrage sur les skateurs, et j’étais le caméraman. Je n’avais jamais fait cela auparavant et j’ai appris à filmer à Kharkiv. Max est donc venu me rendre visite. À l’époque, Kharkiv était une ville complètement vide, la ligne de front se trouvant à deux kilomètres. On pouvait monter dans une voiture, prendre son équipement et son gilet pare-balles, rouler 15 minutes en ligne droite dans la rue Sumska – et c’était tout, on était sur la ligne de front. L’armée venait nous chercher, on partait, on filmait et on revenait heureux, sain et sauf, et avec une certaine dose d’adrénaline dans le sang. C’était pratique, excitant, tragique, mais aussi amusant.

– Cette attitude optimiste est-elle courante à Kharkiv, ou pas tant que ça ?

– Il s’agit en fait d’un paradoxe, car de nombreuses personnes qui vivent bien plus loin de la ligne de front, quelque part à Lviv ou en Transcarpatie, par exemple, sont plus stressées et coincées que celles qui vivent à Kharkiv. En général, les Ukrainiens sont une nation joyeuse. Cela se reflète dans notre culture, notre cuisine et notre mode de vie. Nous aimons la vie ! Dans mes films, j’utilise beaucoup l’humour, et croyez-moi, il y a beaucoup d’humour dans tous nos événements tragiques. Les gars au front, auxquels je rends visite depuis deux ans maintenant, ont beaucoup de blagues et d’humour. La vie continue.

– Un autre personnage que vous avez filmé est Vitaliy, le vieil homme de Radio Chasiv Yar. Comment l’avez-vous rencontré ?

– Je suis venu à Chasiv Yar pour rendre visite à mes amis artilleurs et filmer leur vie et leur travail sur le front. Il s’est avéré que le temps était mauvais, il pleuvait, les drones ne volaient pas, et sans drones, ni la reconnaissance ni l’artillerie ne peuvent fonctionner. La ville était constamment bombardée, nous étions donc assis à attendre dans un sous-sol sombre, et les gars m’ont dit qu’il y avait un vieil homme très original, un collectionneur qui vivait dans la rue voisine. J’y suis allé, je l’ai rencontré et j’ai réalisé mon premier film. J’ai été absolument stupéfait par ce vieil homme : il est complètement seul, mais ne perd pas son énergie intérieure. Il ramasse des fragments de différents obus, de différents calibres, il les collectionne, il a des projets pour eux, en faire un musée… Il veut aussi faire de la musique lumineuse… C’était un plaisir de parler avec lui !

– Il devait être courageux, ce papy, car il n’est pas parti, restant sous les bombardements incessants…

– Oui, peut-être qu’il était courageux, ou peut-être qu’il a simplement accepté son destin. S’il avait eu quelqu’un, il aurait pu partir, ses proches l’auraient emmené chez eux. Mais il n’avait pas le choix. C’était vraiment dangereux : nos militaires étaient logés à 150 mètres de sa maison, et les raids aériens n’arrêtaient pas.

– Vous pensez collecter des fonds pour faire déménager Vitaliy dans une autre maison ?

– Je veux essayer ! Après la publication du premier film sur lui, nous avons reçu beaucoup de réactions, des gens se sont portés volontaires pour aider ce grand-père. Nous avons lancé une collecte de fonds et, littéralement, une semaine après la publication, nous avons pu lui acheter un générateur, un Ecoflow, et je lui ai apporté le tout. Il était très heureux. Le cinéma documentaire est un outil qui peut changer des vies. J’espère que nous pourrons réunir la somme nécessaire pour que Vitaliy puisse déménager en lieu sûr avec tous ses trésors.

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– Combien faut-il pour acheter une maison dans un village plus calme ?

– La collecte n’a pas encore été ouverte, mais les militaires qui vivent à proximité disent que quelque part près de Kramatorsk, on peut acheter une maison pour 120 à 150 000 hryvnias (2900 à 3000 euros). Avec le gaz et l’électricité… Pourquoi est-ce si bon marché ? Parce que les gens quittent le Donbass, quittent leurs maisons et les vendent pour très peu.

– Pour voir les films de Babylon’13, suffit-il de s’abonner à votre chaîne YouTube ?

– Oui. Nous sommes présents sur les médias sociaux : YouTube, Facebook, Instagram. Il suffit de s’abonner et de regarder les films 1 à 2 fois par semaine. Nous sommes assez nombreux, près de 30 réalisateurs de documentaires, de sorte que de nouveaux courts métrages provenant de différentes régions d’Ukraine sortent assez souvent.

– S’agit-il d’un projet purement bénévole ?

– Oui. Nous avons commencé à travailler bénévolement et nous continuons à le faire. Personne ne me paie pour mon travail, ce qui est parfois risqué. Parfois, je demande une subvention personnelle, et parfois je l’obtiens, parfois non. Il m’est arrivé de vivre de l’aide humanitaire, mais je continue à travailler parce que cela m’intéresse vraiment. Nous sommes sur Patreon, c’est mentionné dans la description de chaque film. Mais les dons ne sont pas réguliers, malheureusement.

Nous avons décidé de ne pas commercialiser nos productions sur la chaîne YouTube, car nous n’aimons pas que les films soient interrompus par des publicités. Nous voulons que nos spectateurs s’immergent dans les films. C’est important pour nous.

– Quels sont les personnages de vos documentaires dont vous vous souvenez le plus ?

– L’un des plus positifs est ce vieux Vitaliy, mais les impressions les plus fortes que j’ai ressenties se sont produites dans la forêt d’Izioum lorsque j’ai filmé une exhumation. J’y ai passé quatre heures, à regarder cette horreur à travers l’objectif, mais en même temps, j’ai remarqué une réaction personnelle très étrange. Au moment du tournage, rien ne me touchait. J’étais émotionnellement vide, concentré sur les aspects techniques : composition, exposition, mise au point… J’ai changé d’objectif, j’ai surveillé l’enregistrement du son… Et lorsque je suis rentré à Kharkiv avec mes collègues photographes, j’ai réalisé que nous avions tous senti l’odeur du cadavre.

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Le lendemain, j’ai commencé à regarder les images et je me suis rendu compte que je ne pouvais pas regarder ce que j’avais filmé. J’ai donc eu ma dose de réflexion, mais pas pendant le tournage, seulement à mon retour à Kharkiv. J’ai écrit à notre groupe de discussion général, à mes collègues, pour leur demander de monter ce court métrage. Le compositeur Anton Baibakov a accepté de m’aider – il a à la fois monté et composé la musique de ce court métrage. En parlant de fortes impressions, j’ai également été impressionné par Bakhmout. J’y étais en janvier de cette année, alors que la ville était encore ukrainienne, mais que les Russes avançaient et qu’il y avait des batailles dans la ville-même. J’y ai passé un jour et demi, et c’était très, très difficile. Je ne parle pas de danger, mais d’émotions.

– Notre collègue, l’ancien rédacteur en chef du journal, Dmytro Krapyvenko, est maintenant au front. Il était également à Bakhmout et nous a écrit depuis là-bas que pour lui, la ville n’était pas une « forteresse », comme disent des médias, mais un grand, grand cimetière.

– C’est le cas. C’est un cimetière pour les militaires, pour les civils… J’ai été très impressionné par l’histoire des personnes qui faisaient la queue pour obtenir de l’aide humanitaire. Il restait environ 300 personnes dans toute la ville de Bakhmout. Une femme a été tuée, mais son corps n’a pu être emporté que trois jours plus tard, après que les chiens ont commencé à manger son foie. J’ai passé un jour et demi dans un sous-sol, dans le quartier général des forces armées ukrainiennes. À un moment donné, les fusils d’assaut des soldats morts ont été apportés dans le quartier général et simplement posés sur le sol, au nombre de six. Une procédure de routine a alors commencé : recensement de ces fusils d’assaut, radiation… Ils devaient être nettoyés et réenregistrés dans l’entrepôt. J’ai regardé ces armes et j’ai pensé à l’histoire de ces personnes qui les possédaient de leur vivant. Ces moments sont très impressionnants. En même temps, j’entendais des communications : quelque part, nos gens ont été tués, nous devons aller chercher les corps… Il faut trouver au moins quelque chose à donner aux proches des victimes. Ou encore, un garçon de 18 ans à Bakhmout a été encerclé. Il était le seul survivant et n’avait plus d’équipement de combat. Et il appelait tellement au secours !

– On a réussi à le sauver ?

– Je ne sais pas comment cela s’est terminé. Une autre fois, je venais de filmer des gars à Bakhmout, et sur le chemin du retour à Kharkiv, j’ai appris qu’ils avaient été tués… Cette guerre n’a rien de romantique. Le romantisme est imposé par la propagande – ce sont les règles de toute guerre. Mais lorsque vous vous trouvez là où se déroulent les combats, lorsque vous assistez à ces événements, vous percevez tout avec une clarté cristalline. C’est peut-être pour cela que je suis allé à Kharkiv, pour être plus proche de ces gens, pour vivre ces moments difficiles avec eux, pour regarder la guerre en face et me débarrasser de mes peurs. Raconter ces petites histoires sur des personnes ordinaires au milieu d’événements tragiques. C’est ma vocation. Je me sens à ma place.

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– Dans le film Pistolet , qui raconte le début des hostilités armées à Donetsk, on voit un activiste pro-russe qui veut « tuer tous les Banderistes » avec son pistolet à gaz. Savez-vous quelque chose sur ce personnage ? Que lui est-il arrivé par la suite ?

– Ces événements se sont déroulés en 2014, nous filmions en continu. À l’époque, nous avions encore accès à Donetsk et à Marioupol. Le film est l’œuvre de Dmytro Starodumov, qui l’a tourné lors de la tentative russe de prendre Marioupol. Ce stalinien, assez jeune, est un exemple typique de personnes qui vivaient également dans la ville. En fait, ils étaient beaucoup plus nombreux – ceux qui sympathisaient avec l’URSS, qui regrettaient le « passé glorieux » et disaient que « maintenant, il n’en reste plus rien ». Il s’agit de l’influence de la propagande. L’Est a été inondé d’argent russe et de divers programmes culturels. Toutes sortes d’organisations ukraino-russes, de communautés cosaques ont été créées… Cela s’explique par le fait que l’Ukraine n’a pas accordé suffisamment d’attention à la politique culturelle dans ces régions. Les opinions politiques ne dépendent pas seulement de l’âge, mais aussi de l’environnement et de l’éducation. La sympathie des habitants pour Staline est la responsabilité de tous les dirigeants politiques ukrainiens depuis le tout début de la restauration de l’indépendance.

– Lors de votre rencontre avec le public parisien, vous avez utilisé le terme « documentaire d’action directe ». Pourriez-vous l’expliquer ?

– Le meilleur exemple est la situation du vieux Vitaliy. Contrairement à la télévision, ce type de documentaires encourage les spectateurs à être plus proches des personnages des films, il est plus émotionnel, plus mature, plus efficace. Le documentaire est fédérateur, il permet de se sentir à la place du personnage. C’est un film sur les émotions, sur l’implication, sur l’empathie. Il est donc plus efficace qu’une présentation sèche de l’actualité. Le public occidental se lasse progressivement de ce sujet : l’Ukraine, tous ces morts, toutes ces horreurs… Et les gens zappent. Ils économisent leurs ressources, et je les comprends. Beaucoup de gens en Ukraine se comportent de la même manière. Ils essaient de reconstruire leur vie d’avant la guerre tout en vivant en Ukraine pendant la guerre. Le cinéma documentaire est un outil qui permet d’atteindre un tel public, de le faire ressentir, et ensuite seulement d’analyser. C’est un outil très efficace, qui devrait être au premier plan de la politique culturelle ukrainienne. Il est important que nous soyons entendus, il est important d’élargir le cercle des personnes qui ne sont pas indifférentes à l’Ukraine.

Aujourd’hui, après la projection, un Français m’a dit : « Je ne connaissais presque rien de l’Ukraine, mais j’ai été stupéfait par ce que je viens de voir ». Cet homme est devenu un peu différent. Nous devrions être représentés à l’étranger au même titre que la culture russe, qui prévaut aujourd’hui en Occident. Nous devons créer un programme pour représenter la culture ukrainienne en Europe et dans le monde. Il se passe quelque chose, mais c’est surtout le fait de passionnés. Si nous voulons que l’Occident continue à soutenir l’Ukraine, nous devons atteindre les gens ordinaires. Tout d’abord, les citoyens lambda doivent trouver leurs alliés dans le public occidental, puis les politiciens doivent se rallier à la cause.

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Quel est le film que vous avez eu le plus de facilité à réaliser ? Était-ce sur la route, de sorte que cela vous est venu naturellement ?

– Voilà comment je travaille : je ne quitte pas Kharkiv pour aller filmer un personnage spécifique. Je prends suffisamment de nourriture, un casque, des piles, quelques bidons d’essence et je me rends sur la deuxième ligne du front pour quelques jours ou une semaine. C’est déjà là, en discutant avec d’anciens et de nouveaux amis, que je choisis mon futur sujet. C’est ainsi que je cherche mes personnages, mes sujets. La production d’un film documentaire comprend deux parties. Il y a d’abord la collecte du matériau, puis le visionnage et enfin la réflexion. Le processus de montage est généralement beaucoup plus long que le tournage. Il faut revoir le matériau, sélectionner ce qui est potentiellement intéressant pour le public…

On peut parfois passer une semaine ou deux à monter. Et pour revenir au film le plus facile pour moi, ce fut lors d’un voyage à Bakhmout, parce que je suis arrivé là-bas et j’ai passé un jour et demi au quartier général. Je ne pouvais pas filmer, j’étais juste un témoin, et quand j’ai eu l’opportunité d’aller filmer, j’ai quitté le bunker, j’ai allumé la caméra et je ne l’ai pas éteinte pendant une heure et demie. J’ai couru partout avec nos militaires, j’étais avec eux tout le temps. Et il s’est avéré qu’à mon retour à Kharkiv, j’ai monté mon court métrage en une journée. C’était facile à monter. Être sur le terrain était dangereux et difficile sur le plan émotionnel, mais le montage était facile.

Vous pouvez visionner les courts métrages documentaires de Denis Vorontsov ici.