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[post_content] => Au cours de la conférence de presse conjointe de Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, et de Dmytro Kuleba, ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, en marge de la XXIXe Conférence des ambassadrices et des ambassadeurs, la dirigeante de la diplomatie française a répondu à une question de notre média. - Est-ce que la France serait prête à accorder des garanties bilatérales de sécurité pour l’Ukraine? Est-ce que ça s’envisage, pour ainsi devenir le premier pays européen à le faire ? Et également, la France envisage-t-elle d’accueillir le sommet pour le plan de la paix de Zelensky, mentionné tout à l’heure ? - Nous y travaillons, depuis Vilnius et en marge de Vilnius. Vous vous souvenez que les pays du G7 ont exprimé leur soutien et leur intention de conclure des arrangements de sécurité avec l’Ukraine. Et depuis, une vingtaine de pays, je crois même un peu plus, les ont rejoints, ce qui donne, je pense, le sens de la solidité de notre engagement collectif aux côtés de l’Ukraine. Nous y travaillons, ce travail est en cours, nous en avons parlé avec le Ministre. Est-ce que nous serons le premier pays à le faire ? Très honnêtement, je n’en sais rien, et je dirais- je ne veux pas vous choquer - que cela m’indiffère. Ce n’est pas une compétition. Ce que nous privilégions, c’est la substance. Et vous savez que les différents arrangements bilatéraux sont sous cette ombrelle multilatérale qui a été décidée en marge de Vilnius. Il y aura un volet militaire, nous en avons parlé avec le Ministre, et il vous a rendu compte de quelques contacts de cet ordre qu’il avait eus ce matin. Il y aura également un volet humanitaire et un volet civil, puisqu’il s’agit, en peu de mots, de prolonger le soutien que notre pays a accordé jusqu’ici à l’Ukraine, et de le projeter sur une plus longue durée, pour avoir de la visibilité, de la prévisibilité, aussi pour nos industries, nos partenaires et nos investisseurs, et pour, je l’ai dit alors et je le redis, adresser aussi un message à la Russie, de notre détermination à poursuivre et du fait que le temps ne joue pas en sa faveur. [readAlso title:" Lire aussi: "] Pas d’ambiguïté : Ukraine n’est pas Israël [/readAlso] Pour le sommet, c’est un peu prématuré, nous semble-t-il. Mais nous y travaillons, en élargissant le cercle des pays qui parlent avec l’Ukraine des paramètres d’une paix juste et durable, cercle qui s’élargit, et qui permet d’entretenir ce dialogue entre l’Ukraine et des pays qui ne lui parlaient pas spontanément, qui désormais lui parlent et travaillent avec elle.
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[post_content] => Jean-Dominique Giuliani est un spécialiste des questions européennes et président d'un laboratoire d'idées pro-européen : la Fondation Robert-Schuman. Dans une interview accordée à Tyzhden.fr, il parle de la dislocation éventuelle de la Russie et de la perspective d'adhésion dans l'OTAN pour l'Ukraine. - Votre dernier article parle de la dislocation éventuelle de la Russie. Vous en dites qu'il ne faut pas la craindre. A votre avis, pourquoi tant d'hommes politiques et tant d'experts occidentaux ont peur que la Russie se décompose ? - Vous savez, en matière de politique en général, mais surtout en matière de politique étrangère,
on n'aime pas les surprises et les imprévus. Et donc évidemment, l'idée de l'éclatement de la Russie inquiète beaucoup de stratèges et d'acteurs de la politique internationale qui redoutent beaucoup d'imprévus venant de Russie, qui est une puissance nucléaire. Ce statut nucléaire est plus contrôlable quand l’État est unitaire et bien tenu, et devient un facteur d'imprévu quand l’État explose. C'est valable pour la Russie, c'est valable pour tous les autres pays. Personnellement, je ne partage pas ce point de vue s'agissant de la Russie, puisque je pense que la Russie est un État colonial depuis l'époque tsariste, qu'à partir de 1991, on a assisté à une décolonisation, et que cette décolonisation n'est pas terminée. Et que donc, il y a, au sein de la fédération de Russie, une centaine de nationalités, 21 républiques autonomes, et plus toutes les villes indépendantes et autres, et que toutes ces entités qui ont pour les républiques des constitutions, des institutions, sont tout à fait capables de s'organiser. Si la Russie n'était pas unitaire, nous aurions plus de chances d'avoir la paix. D'avoir la paix en Ukraine et d'avoir la paix sur le continent, parce que cette course effrénée à l'expansionnisme russe, depuis la période de Catherine II, et même avant, c'est quelque chose qui a toujours déstabilisé le continent, que l'Ukraine paye très cher aujourd'hui. Je pense que l'Europe toute entière ne pourra réellement retrouver une paix durable qu'en faisant échec à cet expansionnisme et à ce nationalisme, c'est ce qui se joue en Ukraine actuellement. - Et à quel point, à votre avis, cette décomposition de la Russie est-elle possible ? Est-ce que les conditions sont réunies ? Souvent, on entend qu'effectivement, c'est un empire très hétéroclite, mais en même temps, les élites ne sont, peut-être, pas encore prêtes à prendre toutes leur responsabilités. Qu'est-ce que vous en pensez ? - L'objet de mon article était de dire, si cela advient, que ce n'est pas forcément quelque chose de négatif. Je ne sais pas si à l'intérieur les conditions sont remplies. Ce que je sais, c'est qu'à l'ouest, en Occident, il ne faut pas avoir peur de cette éventualité qui, bien sûr, sera déstabilisante, mais à laquelle on peut tout à fait s'adapter, en regardant aussi l'aspect positif et pas seulement l'aspect imprévisible et dangereux. Parce qu'effectivement la faillite d'un État, surtout d'un État voisin, et surtout d'un État aussi grand, c'est toujours quelque chose de dangereux. A mon avis, le retour de la paix et surtout la fin de la prise en otage de ce pays si grand qu'est la Russie, par une bande de criminels et de kleptocrates qui ont pris ce pays en otage, peuvent en bénéficier. [readAlso title:" Lire aussi: "] Pas d’ambiguïté : Ukraine n’est pas Israël [/readAlso] - Justement, l'opposition russe, et par exemple des personnalités comme Khodorkovsky, entretiennent cette peur d'une dislocation de la Russie. Ils le disent souvent: surtout il ne faut pas que la Russie se décompose! Ils appellent les élites occidentales à veiller pour que la Russie continue d'exister dans ses frontières actuelles. Quel jugement portez-vous sur cette position assez courante de la part des hommes phares de l'opposition russe ? - Ils sont Russes. Donc ils n'ont pas envie que leur pays soit diminué. C'est pareil pour les Ukrainiens, c'est pareil pour les Français, c'est pareil pour les Américains. Personne n'a envie que son pays ne souffre ou éclate. Donc il faut le comprendre. Mais moi, j'ai écrit aussi dans mon papier un mot un peu terrible, que la Russie, c'est le pays « trop grand ». Elle perd sa population – pratiquement un million d'habitants de moins par an. Avec 17 millions de kilomètres carrés c'est le pays le plus grand du monde, mais pour le maintenir uni et ensemble en dehors de la dictature, cela a toujours été difficile. Voilà pourquoi personnellement je n'ai pas peur de son éventuel éclatement. Parce que c'est aussi vraisemblablement des opportunités de retrouver un peu de démocratie dans ce grand continent. - Vous dites que cet empire est boulimique, mais ne sait pas faire grand chose d'autre qu’agrandir sans cesse son territoire. C'est une observation très juste. Maintenant, si on dit que les élites occidentales doivent être prêtes à cette décomposition possible du plus grand empire du globe, comment doivent-ils se préparer? - C’est l'évolution intérieure de la Russie qui déterminera son destin. Pour notre part, nous devons faire échec à tout expansionnisme, comme c'est le cas aujourd'hui en Ukraine. Je crois que l'Occident a été unanime pour réagir assez vite et pour faire échec à cet expansionnisme qui met en cause toute la stabilité du continent européen et peut-être au-delà. Ensuite il faut laisser les Russes choisir et donc ne pas s'opposer par des mesures un peu cyniques de « réal politique » dont souvent les Américains ou les Européens sont coutumiers, ne pas s'opposer à des évolutions intérieures qui pourraient aller vers de nouvelles indépendances, au Tatarstan ou ailleurs, et laisser les Russes choisir. Aujourd'hui cette dislocation est une hypothèse, et ce n'est pas à l'Occident de s'y opposer. S'y préparer : nous, Européens sommes « le petit cap du continent ». Dans le long terme nous avons intérêt à avoir des relations stables et de confiance avec l'ensemble du continent. Ce n'est pas possible avec Poutine et toute sa clique. Peut-être sera-ce possible avec d'autres. On le voit aujourd'hui en Asie centrale où les Européens arrivent à développer des relations avec des États anciennement membres de l’Union soviétique. Beaucoup des pays de cette région aspirent à se libérer du joug russe. Il faut être à leur écoute et développer nos relations avec eux. [readAlso title:" Lire aussi: "] L’Ukraine se voit proposer un modèle israélien d’accord de sécurité [/readAlso] - Vous vous souvenez sûrement, comme moi, que les mêmes craintes existaient quand l'Union Soviétique a cessé d'exister? Le président Bush s'est déplacé même à Kyiv, en 1990, pour demander aux Ukrainiens de ne pas prendre leur indépendance. Mais finalement en 1991 tout s'est relativement bien passé. De nouveaux États sont apparus, et une partie d'eux a rejoint l'OTAN en 2004. Qu'est-ce que vous pensez aujourd'hui sur l'adhésion potentielle de l'Ukraine à l'OTAN? - Je pense que si en 2008 nous avions accepté, France et Allemagne, que l'Ukraine et la Géorgie rentrent dans l'OTAN, il n'y aurait pas la guerre aujourd'hui. A l'époque, je ne pensais pas ça, pour être très franc. Comme la majorité des Français, des Allemands, même des Américains, je pensais qu'il ne fallait pas exciter la Russie. Aujourd'hui j'ai changé d'avis. Et je pense que l'adhésion à l'OTAN, c'est la garantie que Poutine aura peur d'agresser qui que ce soit qui est membre de l'OTAN. Donc pour le sommet de Vilnius, je ne sais pas si on peut, si les chefs d’États et des gouvernements peuvent tout de suite vous dire : entrez dans l'OTAN. Parce que ça veut dire qu'on rentre en guerre avec la Russie. Mais je crois qu'il faut être suffisamment clair cette fois-ci. Je crois que le président français a changé d'avis lui aussi : il faut dire que l'Ukraine sera dans l'OTAN quoi qu'il arrive. - Et pour l'Union Européenne, est-ce que vous êtes partisan de l’adhésion de l'Ukraine ? - Pour l'Union européenne, là, je dirais à mes amis ukrainiens dont vous êtes, qu'il faut savoir ce que veut dire l'adhésion à l'Union européenne : c'est un vrai défi économique, social et financier. Donc oui, il y a une perspective d'adhésion, mais l'adhésion tout de suite et maintenant, ce n'est pas possible, cela va ruiner l'Ukraine. Parce que nous avons des standards économiques, une compétition, des règles qui sont très élaborées et qui pourraient percuter l'économie ukrainienne et lui faire beaucoup de mal. Donc il faut organiser la transition, dans les deux sens d'ailleurs. Par exemple, l'Ukraine est une grande puissance agricole, donc pour rejoindre le marché commun agricole, ça s'organise. On voit bien aujourd'hui en Pologne ou en Hongrie que les paysans protestent parce que les produits ukrainiens sont meilleur marché. Donc tout cela s'organise. l'Union européenne c'est d'abord une union économique, et c'est par l'économie qu'on rapproche les peuples et les États. Donc il faut réussir ce rapprochement. Ça prendra du temps, il faut le comprendre, mais qu'on soit clair : la perspective d'adhésion ne me choque pas du tout, au contraire.
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[post_content] => Jacques Massey est un journaliste français, spécialiste des questions de défense. Dans une interview accordée à Tyzhden.fr, il parle de la « guerre des satellites » qui se déroulent actuellement dans l'espace entre la Russie et les alliés de l'Ukraine. - Les généraux français qui s'expriment régulièrement à la TV française soulignent que l'une des aides les plus précieuses fournies à l'armée ukrainienne, c'est le renseignement spatial. Pourriez-vous confirmer ces affirmations ? - C'est effectivement une vraie aide stratégique. Les positions russes ne sont pas seulement espionnées avec des drones, que ce soient les engins ukrainiens bien sûr ou des appareils des pays de l’OTAN évoluant au-dessus de la mer Noire pour cartographier l’ordre de bataille russe. Les satellites occidentaux jouent aussi un rôle décisif, en fournissant notamment des photos à Kyiv. D'après ce qu'expliquent des militaires français, tout mouvement des unités russes est surveillé 24 heures sur 24, par temps clair comme la nuit, qu’il fasse soleil ou qu’il y aient des nuages. Pour cela, on utilise des satellites radars et des satellites d’observation. - Le Canard Enchaîné a écrit récemment que les Russes se risquent depuis quelques mois à « harceler » ces satellites occidentaux. S'agit-il d’une nouvelle dimension des tensions entre les deux camps ? - Ce qu'il faut comprendre, c’est que le recours aux satellites est désormais un facteur décisif pour gagner une guerre. Cette théorie américaine, qui est aussi partagée par les Français, est ainsi résumé : « celui qui perd le contrôle de l’espace perd rapidement la guerre ». Par ailleurs, les Russes ne disposent, semble-t-il, que de deux satellites d'observation (Persona 1 et Persona 2) opérationnels pour récupérer du renseignement photo depuis l’espace. Pour essayer de « rééquilibrer les forces », ils doivent donc développer des capacités de nuisances dans ce domaine. Les généraux russes et le Kremlin ont vite compris qu’il ne suffirait pas, pour l’emporter, de brouiller les moyens utilisés directement par leurs adversaires en les louant à des sociétés civiles, comme le satellite de communication VIASAT bloqué la veille de l’ouverture des hostilités en février 2022. Il y a eu aussi les tentatives de brouillage et de piratage du réseau Starlink utilisé par les Ukrainiens. Mais elles ont été déjouées grâce à la redondance des milliers d’engins qui composent la constellation. - Est-ce que cette capacité de nuisance russe dans l'espace est importante ? - A Paris, c'était le 16 février à l'Ecole militaire, il y a eu un retour d'expérience organisé à ce sujet, notamment avec un haut-gradé du commandant de l'espace, une structure rattachée à l'armée de l'air et qui regroupe l'ensemble des moyens spatiaux français de télécommunication, d'observations, de surveillance électromagnétique. Celui-ci a très brièvement évoqué le fait que des satellites d’observation de la coalition alliée à l'Ukraine ont subi, ces derniers mois, une forme de harcèlement de la part des Russes. Pour cela, Moscou utilise des engins dits « butineurs ». C'est-à-dire des engins qui s'approchent des satellites pris pour cible. L’objectif est de pouvoir, le moment venu, les brouiller ou pirater leurs données. Dès le 28 février 2022, le satellite de télécom civil (géostationnaire) Intelsat 39 avait ainsi été approché à moins de 5km par un engin russe. Une manœuvre considérée alors comme « menaçante ». Puis les généraux et le Kremlin sont montés d’un cran en décidant donc de harceler des satellites militaires de la coalition pro-Kyiv. L’été dernier, un engin du Space Force américain a ainsi été inquiété, avant que ce soit le tour des deux engins français d’observation CSO. Pour cela, depuis août 2022, les Russes ont placé plusieurs satellites en orbite basse, entre 200 et 400 kilomètres, qui ont été lancés depuis la base de Plesetsk. Le premier engin de la liste était le KOSMOS 2558. Leur approche des engins occidentaux est conçue pour pouvoir, si l’ordre était donné, d’interrompre le signal que les satellites d’observation envoient à leurs stations de réception au sol. Mais jusqu’à présent, il n’y a rien eu de cela, selon une information obtenue de source française. Nous en restons au stade de la simple « posture menaçante » des engins russes. Cela, pour éviter l’irréparable avec des membres de l’OTAN. [readAlso title:" Lire aussi: "] L’ombre russe dans le conflit du Soudan [/readAlso] A ce sujet toujours, rappelons aussi qu’en 2018, l’ex-ministre de la défense françaises Florence Parly avait dénoncé la capacité d’un autre satellite russe, Louch Olymp, installé en orbite géostationnaire à plus de 35 000 km d’altitude, de se placer près des cônes d’émission de satellites de télécommunication militaires français pour bloquer (ou copier) leurs émissions. - Et comment ces tensions peuvent-elles se développer ? Tout l'enjeu pour les Russes, pour l’instant, c’est donc de montrer leurs capacités à perturber les liaisons occidentales, sans toutefois passer aux actes. Je compare ça aux menaces pesant actuellement sur les câbles sous-marins qui transportent les flux de données numériques. Cette forme de conflictualité ne se voit pas, mais la menace est désormais bien réelle. D’autant qu’il n'y a pas de vraie législation internationale sur l'utilisation de ces matériels. C'est à créer. A Paris, l’affaire n’a en tout cas fait rire personne. Une colère froide toutefois, puisqu’aucune protestation officielle n’a été notifiée à Moscou. Par contre l’Elysée a vite pris langue avec Washington (et sans doute d’autres partenaires) pour définir une posture commune si de telles agressions devaient se concrétiser. - Et qu'est ce qui peut être fait dans ce domaine à l’avenir ? - Déjà il est temps de prendre conscience que la guerre en Ukraine s'installe à bas bruit dans l'espace. Là, les Américains disposent de contre-mesures, par exemple pour neutraliser un éventuel satellite agresseur. Pour sa part, l’Armée de l’air et de l’espace française dispose d’un centre de contrôle qui gère le radar de surveillance GRAVE. Un dispositif modernisé avec une part des 5,3 milliards d’euros budgétés pour le secteur spatial militaire dans l’actuelle loi de programmation. En complément, les télescopes Geotraker conçu par ArianeEspace/Safran repèrent sur des écrans d’ordinateurs toute approche anormale à proximité des satellites français en orbite géostationnaires. Cela, en attendant que Paris dispose des moyens de riposte technique. Mais aujourd’hui, répétons le, aussi bien les Russes que les Occidentaux veulent éviter toute confrontation directe parce que l’on entrerait alors dans une conflictualité ouverte. Et puis, d’une certaine manière, les manœuvres actuelles des satellites « butineurs » russes ne sont pas illégales dans la mesure où il n’y a pas de normes internationales précises dans ce domaine. Ces dernières années, les Français, les Européens mais aussi les Russes ont bien essayé de développer les bases d’une nouvelle réglementation pour éviter une zone de non-droit dans l'espace. Mais, avec les tensions diplomatiques actuelles entre les grandes puissances, ce n’est pas demain la veille qu’il y aura un accord.
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[post_content] => C'est tellement énorme que, il y a encore quelques mois, personne n'aurait été prêt à le croire. L'affaire Petlioura est d'abord une manipulation réussie par les Soviétiques. La victime est devenue le bourreau, et le verdict d'un tribunal a validé ce mensonge. Ce 22 mai Symon Petlioura, un homme d'état ukrainien, aurait eu 144 ans. Il a été assassiné à Paris en 1926 et son destin tragique est un symbole de la résistance ukrainienne à l'impérialisme russe. Mais encore aujourd'hui, il s'agit d'une vérité qui dérange en France, tant la propagande soviétique a réussi à fabriquer de lui une fausse image. Le restaurant Bouillon, dans le quartier latin, à Paris, où Symon Petlioura a pris son dernier dîner, a un peu changé au cours des cent dernières années. Il ne s'agit pas tant de l'intérieur. Au contraire, les propriétaires du restaurant ont pris la peine de préserver au maximum le décor d'origine dans le style Art nouveau des frères Chartier. Ce qui a changé depuis ce funeste printemps de 1926, c'est la clientèle, la carte, les prix, et avec eux, l'esprit de l'établissement. Dans les années 1920, Bouillon était une cantine ordinaire pour un public sans prétentions, où l'on pouvait manger modestement pour quatre francs. Aujourd'hui, c’est un restaurant branché dans un quartier touristique, classé monument historique et qui offre à sa clientèle une cuisine créative de chef, pas si bon marché. Bouillon a acquis son statut de monument du patrimoine architectural parisien en raison de ses miroirs biseautés et de ses carreaux de céramique, de ses lustres vintage et de ses mosaïques de marbre, de ses vitraux et de ses boiseries ciselées. Mais la plaquette publicitaire du restaurant ne mentionne pas le nom d'un client habitué de l’établissement, le président de la République Populaire Ukrainienne. Et ce n’est pourtant pas faute de l'avoir demandé ; les Ukrainiens de France n'ont cessé de le faire, pour rappeler les faits tragiques de cette histoire qui lie la France à l'Ukraine. Ils ont demandé à plusieurs reprises l'apposition d'une plaque commémorative à deux pas du restaurant, sur le bâtiment voisin de celui où Petlioura a été abattu. Mais la Mairie de Paris a refusé systématiquement. [readAlso title:" Lire aussi: "] Vassyl Vychyvany. Pourquoi Guillaume-François de Habsbourg-Lorraine était considéré comme un « roi étranger » pour l’Ukraine [/readAlso] Pour comprendre pourquoi les Français, à l'exception d'un groupe restreint d'amis de l'Ukraine, n'ont pas voulu commémorer cet assassinat commis rue Racine, le 25 mai 1926, il faut se référer aux documents du procès de Sholem Samuel Schwartzbard, l'assassin de Symon Petlioura, très probablement manipulé par les services soviétiques, vu son passé criminel et sa nature aventurière. Son casier judiciaire comporte deux braquages de banques, à Vienne (1908) et à Budapest (1909), et deux passages en prison. Puis il a servi dans l'armée rouge, en 1917, faisaient de lui un proie facile pour le GPOu, l'ancêtre du KGB, même s'il pouvait se croire tranquille à Paris, dans sa petite boutique d'horloger. Symon Petluoura a donc été tué le 25 mai 1926 à Paris. Samuel Schwartzbard, vêtu d'une blouse blanche d'horloger, lui a tiré sept balles de revolver. Au poste de police, il a expliqué qu'il avait ainsi décidé de venger les pogroms juifs qui ont eu lieu pendant la Première Guerre mondiale et la guerre de libération de l'Ukraine, de 1917 à 1921. Les enquêteurs ont trouvé un portrait de Petlioura découpé dans un journal d'émigrés ukrainiens lors d'une perquisition à son domicile, et la femme de Schwartzbard a témoigné que quelqu'un avait appelé son mari et qu'il s'était précipité hors de la maison et s'était enfui dans ses vêtements professionnels, pour aller commettre son meurtre. La personne ayant prévenu Schwarzbard par téléphone que Petlioura était venu déjeuner seul au restaurant Bouillon, sans sa femme et sa fille, a été identifiée assez rapidement. Il s'agit de l'agent tchékiste Mikhail Volodin, qui une fois arrivé à Paris, a passé beaucoup de temps avec Schwartzbard et à l'ambassade soviétique, et a très probablement recruté Schwartzbard pour espionner Petlioura et le tuer. Mais il n'a jamais été jugé par le tribunal français pour complicité de meurtre, contre toute évidence. Il a pu quitter la France rapidement après le meurtre. Pourquoi cela ? Il faut se rappeler que l'avocat de Schwartzbard, maître Henri Torrès, se rendait régulièrement à l'ambassade soviétique : la presse française en a parlé en 1926, très ouvertement (en particulier, Le Figaro). A l'époque, une habile manipulation, soutenue par une campagne de presse, a su transformer le procès du meurtrier en condamnation sans appel de sa victime, avec un soutien du Parti Communiste Français et de ses amis disposants de multiples relais. Pour appuyer la défense de Schwartzbard, un certain Bernard Lecache qui n'était ni juge d’instruction, ni fondé de pouvoirs dans l'affaire, toujours avec l’aide de l'ambassade de l'URSS, s’est vu faciliter un voyage en Ukraine « pour réunir des preuves » et y sélectionner des documents d’une manière très tendancieuse. [readAlso title:" Lire aussi: "] Aristocrate, féministe, membre de la Rada centrale [/readAlso] Il n'a pas hésité à utiliser des traductions falsifiées de la presse, comme l'a montré à l'époque un académicien ukrainien, Serhiy Yefremov, dans son Journal intime. Ensuite, à la place des témoins oculaires, ce sont des gens fort éloignés de la scène du crime qui ont pu témoigner lors des audiences. Et enfin, le plus important : pour maître Torrès, l’affaire Schwartzbard est devenue un tremplin pour une carrière fulgurante d’avocat, et pour Lecache, un prétexte pour fonder la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) qui joue un rôle influent en France jusqu’à nos jours. Aujourd'hui, il est peu probable qu’un « Français lambda » sache répondre à la question : « qui était Petlioura ? » Mais la jurisprudence française a si bien installé le verdict de ce procès dans les têtes que l'idée même de revenir sur ses nombreuses lacunes, contradictions et manipulations, se heurte le plus souvent à une sourde opposition. L'image du « vengeur » s'inscrit trop bien dans la tradition de la République française, où les pauvres, les persécutés et les méprisés ont traditionnellement plus de crédit que les combattants pour l'indépendance des peuples colonisés. D'ailleurs, réviser ses erreurs n'a jamais été l'exercice favori des élites françaises. Et c’est donc bien l’image fantasmée du militant juif voulant faire expier les crimes imaginaires du « pogromiste » Petlioura qui a prévalu. Mais reconnaître qu'il s'agissait d'une opération spéciale réussie du GPOu mise en place par Moscou, et corroborée par le verdict d'un tribunal ? Pas question ! Il vaut mieux tourner cette page le plus vite possible. Toutefois, la France n'est pas dépourvue de personnes honnêtes. Les contradictions de la version officielle sur le meurtre de Petlioura ont attiré l'attention des historiens français Daniel Beauvois et Stéphane Courtois, du journaliste et sociologue Jean Pellissier et de quelques autres chercheurs qui n’ont pas eu une attitude biaisée vis-à-vis de l'Ukraine. En 2019, le livre Le crime de Samuel Schwartzbard de l'historien français Rémy Bijaoui a été publié à Paris. L'auteur a essayé d’élucider ce qui s’était passé exactement au Palais de justice il y a près de cent ans.
Photo. Ataman-journaliste. Entre les combats et les négociations avec la Triple Entente, Petlioura a contribué à la publication ukrainienne en français de la revue «Bulletin d'informations» « Or, en dépit de tout ce qui a été publié à ce sujet, la connaissance du rôle exact de Petlioura dans la tragédie des pogroms demeure faussée par les idées reçues ou les partis pris », souligne Rémy Bijaoui dans la préface du livre. Après avoir scrupuleusement analysé les documents du procès et les publications en français à ce sujet, l'historien est parvenu à la conclusion que Symon Petlioura était étranger à toute forme d'antisémitisme. Il cite un autre historien, Peter Kenez, qui estime que « les pogroms perpétrés par l'Armée blanche en 1919 étaient une anticipation de la Shoah... "En matière d'antisémitisme", écrit Kenez, "les officiers blancs étaient les précurseurs des Nazis". » Pourtant en France Anton Denikine, un des chefs de l’Armée blanche, qui soutenait le tsar russe, conserve l'image d'un officier libéral, consciencieux et attaché à la démocratie. Pour les historiens ukrainiens, le rôle des Armées blanche et rouge dans les pogroms n’est pas un secret. Mais leurs homologues français commencent seulement à découvrir les événements tragiques des années 1917-1919. L’image de « Petlioura – massacreur de Juifs » n’est pas définitivement éliminée, et cela malgré les faits historiques et les témoignages. L'image fabriquée par la propagande de Moscou s'avère persistante. [readAlso title:" Lire aussi: "] La militarisation de la mémoire. Comment les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale ont alimenté l’invasion de l’Ukraine par la Russie [/readAlso] Pourquoi une Russie rouge, blanche et post-soviétique ne se lasse-t-elle jamais de discréditer Petlioura avec le même zèle? Tout d'abord, en raison du poids symbolique de cette figure, pour les Ukrainiens. Il fut l'Otaman en chef de l'armée de la République populaire Ukrainienne, l'équivalent du ministre de la Défense à l'époque où l'Ukraine a pour la première fois proclamé son indépendance. Cette première indépendance, aussi brève fût-elle, a créé un précédent pour l'État ukrainien. Il a alors créé sa propre armée, battu sa monnaie, ouvert ses ambassades et même envoyé plusieurs délégations ukrainiennes qui étaient en concurrence à la Conférence de la paix de Paris de 1919-1920. Elles ont clairement prouvé au monde que les Ukrainiens non seulement existaient, mais qu'ils se battaient activement pour avoir le droit d'avoir un État à part entière.
Dans la conscience russe, un soldat de Petlioura est analogue à un cosaque de Mazepa, à un combattant nationaliste de Bandera ou du « pravosek » (membre du mouvement très hétéroclyte et minoritaire « Pravy sektor » qui a vu le jour pendant la Révolution de la Dignité en 2013 - ndlr), c'est-à-dire un porteur de cette identité ukrainienne qui se défend l’arme à la main contre l'invasion russe. Journaliste de profession, de tempérament « pacifique », d'orientation socialiste, Petlioura a été pris dans les combats puis les négociations difficiles avec les représentants de l'Entente. Il a réussi à écrire pour le journal ukrainien en français Le Bulletin d'informations. Dans une parution, il s'est notamment adressé au « Conseil des Trois »: les coprésidents de la Conférence de paix de Paris, Lloyd George, Georges Clémenceau et Woodrow Wilson. « Il y a déjà cinq mois que les troupes de la République Populaire Ukrainienne combattent contre l’armée des Bolcheviks russes, écrit Petlioura le 13 juin 1919. Dans cette guerre, nos troupes défendent non seulement l'indépendance et la souveraineté de notre République, mais protègent également l'Europe centrale et occidentale contre l'armée bolchevique. Nous défendons l'idée démocratique, la liberté et l'égalité contre les empiétements d'une poignée de voleurs aveugles et fanatiques qui cherchent à imposer la dictature aux nations européennes ». On pourrait croire que cela a été écrit en 2023... [readAlso title:" Lire aussi: "] Trois mythes répandus au sujet de l’Ukraine [/readAlso] Symon Petlioura fut l'un des rares à avoir rapidement compris la véritable nature totalitaire du bolchevisme. Il s'est constamment opposé à cette idéologie qui s'est imposée dans la Russie rouge. « L'une des meilleures figures du mouvement national ukrainien et de la révolution russe, il deviendra plus tard un héros national ukrainien », a écrit le journaliste, sociologue et diplomate français Jean Pelissier dans son livre La tragédie ukrainienne. « C'est un Garibaldi ukrainien, qui aurait pu, s'il avait été entendu à temps et soutenu pour la cause de la mise en place de l'armée ukrainienne, sauver l'Ukraine et, peut-être, toute la Russie pour éviter une anarchie intérieure »... La Première Guerre mondiale a été accompagnée d'une guerre de l'information non moins féroce que celle qui a lieu de nos jours. A l’époque, la communication manipulatrice russe menait avec succès sa campagne de discrédit contre Symon Petlioura, chef du Directoire (instance dirigeante de la République Populaire Ukrainienne - ndlr). Bénéficiant des efforts de l'immigration blanche et de l'aide des opposants polonais à l'État ukrainien, Moscou a réussi à convaincre Clémenceau que Petlioura était son antithèse politique. Suite à la conférence de paix de Paris, Symon Petlioura est devenu le symbole d’une immense solitude politique, de la discorde interne entre factions ukrainiennes et de la myopie occidentale face à la menace bolchevique. [readAlso title:" Lire aussi: "] Né de la guerre. Comment les conflits armés ont façonné la nation ukrainienne au fil des siècles. (1e partie) [/readAlso] L'affaire Schwartzbard a ajouté à ce portrait la fausse image d'un assassin des Juifs, bien que Petlioura lui-même ait appelé à plusieurs reprises à l'union du « Trident et de Sion » (C'est-à-dire des Ukrainiens et des Juifs) dans ses articles pour le journal des Ukrainiens de France Trident (le Trident, Tryzub en ukrainien, est un symbole ancestral des Ukrainiens – ndlr). Au cours de ces trente dernières années, de nombreuses enquêtes historiques sur Symon Petlioura ont été publiées. La grande majorité des publications ont été faites par des chercheurs ukrainiens. Des archives privées et publiques ont progressivement permis aux historiens de revenir sur les clichés propagandistes et de percevoir sa vraie personnalité, avec toutes ses hésitations et ses intuitions, ses principes et ses erreurs, ses opposants et ses partisans, ses aptitudes prophétiques et son insouciance tragique. Pour les Ukrainiens de France, Symon Petlioura fut la victime d’un verdict injuste, non seulement envers sa seule personne mais aussi envers la cause ukrainienne. Y a-t-il une possibilité de revenir sur ce mensonge historique, transformé en vérité judiciaire ? Le moment est venu de mettre les intellectuels français face à leurs responsabilités, malgré leur habitude d'« avoir tort avec Sartre ». Une révision de l'affaire Schwarzbard 100 plus tard ? Ce serait un beau défi pour 2027.
[post_title] => L'affaire Petlioura : une grande manipulation venue de Moscou
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