Il existe beaucoup de suppositions et de manipulations autour des pertes et des morts de militaires ukrainiens depuis le début de la guerre totale. Ainsi, le journal français Libération faisait état de 200 000 morts et blessés ; quelques jours auparavant, le Time affirmait qu’il y avait environ 100 000 morts du côté ukrainien. Le 13 novembre, The Economist publiait des chiffres fort exagérés : 70 000 tués et jusqu’à 120 000 blessés. Toute personne intéressée par les questions militaires sait que le rapport entre les blessés et les tués dans les guerres modernes est de 3 pour 1 (et les auteurs de ces lignes disposent de nombreuses preuves documentées démontrant qu’à ce stade de la guerre russo-ukrainienne, ce ratio reste inchangé).
Faut-il parler de ces sujets pendant la guerre ? Nous pensons que oui, mais uniquement sur la base de données claires, provenant de sources ouvertes et fiables.
Tant en Ukraine qu’à l’étranger, des calculs du nombre de morts sont effectués, exclusivement sur la base de sources ouvertes, et dans le strict respect de la législation ukrainienne. La base de ces études sont les décrets du Président de l’Ukraine sur les récompenses posthumes, les messages nécrologiques sur les réseaux sociaux, les publications médiatiques sur la mort de soldats et leurs obsèques, les pages commémoratives de l’État et des autorités exécutives, les pages d’information sur les projets commémoratifs, organismes publics et associations, etc. Les contributeurs du Wikipédia en ukrainien accomplissent un travail extrêmement fructueux en collectant sans relâche des données sur les morts.
Le nombre des pertes ukrainiennes est une question soulevée régulièrement dans les médias internationaux. Comme le dit le proverbe ukrainien, les plus gros mensonges sont racontés dans la chasse et dans la guerre. Divers facteurs, en premier lieu des manipulations intentionnelles et surtout involontaires de la presse, ont poussé Volodymyr Zelensky à déclarer que le nombre de morts et de victimes serait rendu public après la guerre.
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Peu de gens comprennent que les termes « pertes » et « morts » sont des concepts multi-vecteurs. La grande majorité des journalistes ont tendance à assimiler les deux concepts. Mais c’est une erreur.
Les pertes irrécupérables au combat comprennent les personnes tuées, capturées, disparues, décédées des suites de leurs blessures dans les hôpitaux, en captivité, ou réformées de l’armée à la suite de blessures les empêchant d’effectuer leur service militaire.
Les pertes temporaires au combat sont : les blessés, les victimes de chocs d’obus, les personnes en hypothermie, les soldats blessés au combat à la suite de leur service, envoyés pour traitement ou en congé pour guérison définitive.
Les pertes irrécupérables hors combat comprennent : les décès dus à des maladies, des accidents, des suicides, des accidents de la route, une manipulation imprudente d’armes, etc. Les pertes temporaires hors combat sont les malades et les blessés en traitement.
Habituellement, lorsqu’une structure de pouvoir, par exemple le ministère de la Défense, publie un chiffre appelé « pertes », cela signifie qu’il s’agit de TOUS les cas de pertes au combat et hors combat énumérés ci-dessus.
Si l’un des dirigeants de l’État parle de pertes au combat, il s’agit généralement uniquement des tués, sans tenir compte des décès suite aux blessures, ni des prisonniers, disparus, malades, etc. En d’autres termes, les « pertes » peuvent être dues aux combats ou non. C’est sans doute pour éviter la confusion que les autorités ukrainiennes ont décidé de ne pas publier de données sur les pertes et sur les morts.
Tout de même, il est possible de citer des données intermédiaires dont la source sont des documents appartenant au domaine public.
L’une des plus anciennes communautés ukrainiennes à avoir collecté et analysé des données sur les morts est le site web « Livre de la mémoire des morts pour l’Ukraine », qui surveille l’espace d’information en mode fermé depuis le 24 février 2022. C’est sur cette base qu’a été créé le Mur du souvenir pour ceux qui sont tombés pendant la guerre russo-ukrainienne de 2014-2021, sur les murs du monastère Saint-Michel au dôme d’or. À ce jour, la base de données de cette communauté a analysé et traité les informations relatives aux soldats de l’armée régulière et aux volontaires tombés au combat entre février 2022 et août 2023. Elle contient tous les rapports sur les défunts qui ont été publiés du 24 février 2022 à début novembre 2023.
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A cette date, le nombre total de personnes dont la date de décès a été établie de manière certaine ou approximative est supérieur à 22 000. Nous estimons qu’il s’agit d’au moins 70 % (et peut-être plus) des morts au sein des forces armées, du Service de renseignement, du ministère de l’Intérieur et d’autres organismes au cours de cette période.
Nous tenons à souligner que cette liste comprend à la fois les morts au combat et hors combat.
Nous traitons les informations officielles disponibles gratuitement et publiquement, et nous les comparons avec la base de données « Livre de la mémoire des morts pour l’Ukraine ».
Données officielles sur les soldats ukrainiens morts
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué les pertes au combat pour la première fois le 25 février 2022, le lendemain de l’invasion massive des troupes russes. Selon lui, il s’agissait de 137 soldats.
Le 12 mars 2022, lors d’un point de presse, il a parlé d’environ 1 300 soldats tués au combat.
À la mi-avril 2022, dans une interview pour CNN, il a déclaré que, selon des données préliminaires, entre 2 500 et 3 000 soldats étaient morts et près de 10 000 avaient été blessés.
Le 22 août, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaloujny, a indiqué dans un discours qu’environ 9 000 soldats avaient perdu la vie.
Le 23 septembre, la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Malyar, a noté qu’à cette époque, le nombre de militaires morts était « d’un peu plus de 9 000 ».
Le 1er décembre, le conseiller du cabinet du président ukrainien, Mykhailo Podoliak a cité les évaluations officielles de l’état-major, annoncées par le commandant en chef suprême entre 10 000 à 13 000 morts.
Tout au long de l’année 2023, les responsables n’ont pas cité de chiffres précis, mais Volodymyr Zelensky, le conseiller du bureau présidentiel Mykhailo Podoliak et quelques autres officiels ont souligné à plusieurs reprises que pendant cette période, les forces armées perdaient entre 30 et 50 personnes par jour.
Il existe une autre liste officielle des personnes décédées, celle des militaires ayant reçu une récompenses de l’État à titre posthume, honorés sur la base de décrets présidentiels publiés. En règle générale, tous les militaires, agents des forces de l’ordre et employés des forces de l’ordre décédés dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions officielles sont présentés pour l’obtention d’une décoration d’État. L’attribution de récompenses à titre posthume est une tradition ininterrompue que l’Ukraine s’efforce de respecter scrupuleusement. Entre le 28 février 2022 et le 12 octobre 2023, 454 décrets ont été publiés pour décorer à titre posthume 14 402 soldats, agents des forces de l’ordre et employés. C’est le nombre de personnes légalement reconnues par l’État ukrainien comme étant mortes à ce stade depuis l’invasion russe.
Il existe également des décrets présidentiels non rendus publics sur les récompenses posthumes attribuées aux membres des Services de renseignement intérieur et extérieur, à certains militaires du Service de renseignement de la Défense et à d’autres unités de sécurité spéciales. Mais en général, ces décrets ne concernent que quelques dizaines de personnes.
Statistiques du « Livre de Mémoire »
Comparons maintenant ces données avec la base de données actuellement collectée par la communauté « Livre de la mémoire des morts pour l’Ukraine ».
Si l’on compare les données de 2022 avec les chiffres évoqués par Volodymyr Zelensky, Valery Zaloujny, Mykhailo Podoliak, on constate qu’ils ne diffèrent pas beaucoup. Les chiffres plus élevés du Livre de la mémoire s’expliquent par le fait qu’au moment de la publication du nombre de morts, le président ukrainien et d’autres officiels ne disposaient pas d’informations sur les corps non identifiés ou sur ceux qui étaient restés dans le territoire occupé ou dans la « zone grise ». Au fil du temps, généralement grâce à des tests ADN, les corps sont identifiés et les personnes sont reconnues comme mortes plus tard.
Les jours les plus sanglants
Des informations circulent dans les médias, citant divers responsables politiques ukrainiens, selon lesquelles en 2022, entre 100 et 200 soldats ont été tués par jour. En fait, il s’agit d’informations déformées par les journalistes: la confusion vient du fait qu’il y a bien eu des jours où la partie ukrainienne a perdu 100, voire 200 soldats. Mais pas tous les jours de l’année.
Les informations recueillies par le Livre de la mémoire et d’autres groupes montrent que ces journées ont été peu nombreuses. Une seul a connu plus de 200 morts et 7 dépassent les 100 tués, toutes au cours de l’hiver et du printemps 2022. En ce qui concerne 2023, comme l’ont souligné à juste titre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et d’autres, les forces armées ukrainiennes ont perdu 20 à 50 personnes par jour, ce qui est confirmé par les données que nous avons collectées.
Toutefois, au fil du temps, lorsque nous connaîtrons le nom de toutes celles et tous ceux qui sont morts, le nombre de ces journées tragiques pourrait augmenter.
En s’appuyant sur le Livre de la mémoire, nous pouvons citer les jours les plus tragiques connus actuellement :
24 février 2022 — 203.
26 février — 182.
27 février – 98
1er mars — 116.
7 mars — 138.
13 mars — 128.
14 mars — 133.
18 mars — 193.
1er avril — 106.
3 mars — 99
Examinons plus en détail les événements de ces jours.
Le 24 février 2022 est le début de l’invasion massive. Ce jour-là, de nombreux militaires de l’armée de l’air, qui se trouvaient aux postes de combat des unités radiotechniques, de missiles anti-aériens et d’aviation, sont morts. C’est probablement la 14e brigade Bohdan Khmelnytsky, dont le quartier général et les unités sont situés à Odessa et ses environs, qui a subi les plus grandes pertes. Elle effectuait le contrôle aérien du sud de l’Ukraine. Suite à une attaque de missiles sur ses unités régulières, 11 femmes servant comme soldats contractuels ont été tuées. Quatre autres femmes ont été tuées à leurs postes de combat dans d’autres régions de l’Ukraine. Il s’agit de Vira Anatiy, lieutenant à la base de la marine ukrainienne de Namiv, Marina Dobousheva, premier maître de la même unité, à Ochakiv, Iryna Gordievych, lieutenant de police principal, dans la région de Louhansk et Yulia Gordienko, major du service médical à Brovary. La 39e brigade d’aviation tactique (à Ozerne, région de Jytomyr), la 40e brigade d’aviation tactique (à Vasylkiv), la 96e brigade de missiles antiaériens (dans la région de Kyiv), la 92e brigade mécanisée Koshovy Ataman I. Sirko (à Tchouhouiv), des unités du Service national des gardes-frontières dans les régions de Louhansk et de Kherson, la base aérienne SES de Nijyn, ainsi que d’autres unités et institutions militaires ont aussi subi des pertes.
Le 25 février 2022, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé que 137 militaires étaient morts durant la nuit et le jour de l’invasion. Au fil du temps, après la libération des régions de Kherson et de Zaporijjia, le nombre de morts du 24 février 2022 se précisera et augmentera de plusieurs dizaines de personnes. L’erreur dans les chiffres est due au fait que le nombre définitif de victimes de cette journée n’a été établi qu’après la libération d’une grande partie du territoire de l’Ukraine.
Le 18 mars 2022 est principalement associé à une attaque de missiles sur la caserne de Mykolaiv, où, selon la presse, le 137e bataillon de marines était stationné. Au moins 50 corps de militaires ont été retrouvés dans les décombres. Le même jour, des défenseurs ukrainiens ont été tués dans les batailles de Makariv et de Mostchoun, dans la région de Kyiv, près du village de Budy dans la région de Tchernihiv, près du village de Novoukrainka dans la région de Donetsk, dans le village de Natalivka dans la région de Zaporijjia (une attaque sur la 19e brigade d’artillerie) et d’autres encore.
Le 26 février est une journée de combats dramatiques sur tous les fronts. Dans la nuit, les occupants russes, furieux de l’entêtement des défenseurs d’Okhtyrka, lâchent des bombes d’aviation sur la caserne du 91e régiment de soutien opérationnel. 54 soldats sont tués et 15 autres sont portés disparus. Le même jour, de nombreux soldats ukrainiens sont également tués dans le village de Krasne, dans la région de Tchernihiv (58e brigade mécanisée I. Vyhovsky). Des batailles sanglantes ont lieu à Kyiv, Kharkiv et dans le sud de l’Ukraine.
Le 7 mars, c’est principalement la défense de Kyiv. Un groupe de soldats de la 10e brigade d’assaut a été tué lors de la bataille de Sloboda-Kukharska. Parmi les autres lieux de combats acharnés où les défenseurs ont laissé leur vie, citons Makariv, le village de Dmytrivka (14e brigade mécanisée Prince Romain le Grand), Poustcha-Vodytsia (72e brigade mécanisée Cosaques noirs). Ce jour-là, de nombreuses pertes sont dues au bombardement du site permanent de la 79e brigade d’assaut aérien à Mykolaiv et dans d’autres localités.
Le 14 mars, c’est le jour de la mort de 21 gardes nationaux de la 305e unité militaire à la suite d’un tir sur une tour de télévision dans le village d’Antopil, près de Rivne. Un grand nombre de soldats de la 72e brigade mécanisée Cosaques noirs ont été tués dans le village de Mostchoun, près de Kyiv, où la bataille pour la traversée du fleuve battait son plein. Des combats acharnés ont lieu dans les régions de Kharkiv, Donetsk, Soumy, Tchernihiv et Mykolaiv.
Le 13 mars : attaque au missile contre le Centre international de maintien de la paix (terrain d’entraînement de Yavoriv) dans la région de Lviv, faisant 35 soldats et 134 blessés. Le jour même, nos défenseurs ont été tués dans des batailles défensives pour Kyiv, Tchernihiv, Mykolaiv, Mariupol, le village de Stepne dans le district de Volnovakha de la région de Donetsk, à Roubijne et Stchastia dans la région de Louhansk et dans d’autres localités.
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Le 1er mars 2022 : bataille légendaire du 194e bataillon Bilozerka dans le parc Bouzkovy à Kherson. Avec des fusils et des « cocktails » contenant un mélange incendiaire, des grenades et des mitrailleuses individuelles, les volontaires de la région de Kherson ont héroïquement affronté les véhicules blindés russes. Un autre groupe a continué à se battre dans la zone du pont Antonivsky. Ce jour-là, plus de 20 habitants de la région de Kherson sont morts. Un autre événement tragique a eu lieu à Kharkiv : les Russes ont tiré des roquettes sur le centre-ville, y compris sur le bâtiment de l’administration régionale. Plus de 20 soldats ont été tués, dont beaucoup venaient d’être incorporés ou avaient rejoint les forces armées ukrainiennes en tant que volontaires.
Le 1er avril, beaucoup de morts sur toute la ligne de front. La plupart d’entre eux se trouvent dans les régions de Donetsk, Louhansk, Mykolaiv et Tchernihiv.
Le 3 mars 2022, c’est le bombardement de Tchernihiv avec des bombes aériennes de 500 kg. Au moins 47 personnes sont tuées, la moitié d’entre elles étant des civils et l’autre moitié des combattants de la défense territoriale locale. Le même jour, un bateau R190 de la marine ukrainienne, le « Sloviansk », est touché par un missile lors d’une reconnaissance dans la zone de la flèche de Kinburn, tuant un groupe de marins.
Le 27 février 2022, les combats sont littéralement partout. Marioupol et Volnovakha, Kharkiv et Tchernihiv, Oboukhiv et Vasylkiv dans la région de Kyiv, ainsi que Lebedyn, Tokmak, Boutcha, Narodytchiv et d’autres villes dans toute l’Ukraine, attaquées par des occupants russes.
En 2023, il n’y a pas eu de pertes aussi importantes qu’à l’hiver et au printemps 2022. Il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement, il existait un front permanent et des actions actives n’étaient menées que dans certaines parties de celui-ci. Deuxièmement, l’ennemi a commencé à utiliser moins ses missiles contre nos troupes et davantage contre les infrastructures civiles. Troisièmement, l’Ukraine a développé de puissantes défenses antiaériennes capables d’abattre la plupart des types de missiles. Enfin, les véhicules blindés occidentaux protègent de manière fiable nos soldats en cas de coup dur, ce qui a permis de réduire au minimum les pertes.
Dans le même temps, il existe une autre catégorie de pertes de combat irréversibles, et elle est très importante, qui n’est pas encore mentionnée dans cet article.
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Personnes disparues et prisonniers de guerre
Le 30 décembre 2022, Olena Verbytska, représentante du Président ukrainien pour la protection des droits des défenseurs de l’Ukraine, a informé la presse que 3 400 militaires ukrainiens étaient officiellement considérés comme prisonniers et que 15 000 autres étaient portés disparus. Le même chiffre de disparus a été récemment annoncé par le ministre de l’Intérieur.
L’expérience de notre travail au sujet des personnes disparues au cours de la période 2014-2015 montre que, malheureusement, la grande majorité d’entre elles sont mortes. De plus, dans de nombreux cas, même des fragments de corps ne seront pas retrouvés. Et il ne s’agit pas seulement des personnes éternellement enterrées sous les décombres des maisons de Bakhmout ou noyées au fond de la mer Noire.
Un exemple typique est l’attaque de missiles sur le centre de formation 169e Desna des forces armées ukrainiennes le 17 mai 2022. Cette attaque a fait 63 morts, 39 blessés et 68 disparus. Un énorme cratère a été créé sur le site des frappes de missiles, qui a en fait englouti la plupart des personnes portées disparues. Avec le temps, certaines familles ont reconnu la mort de leurs proches qui se trouvaient dans l’épicentre de la frappe de missile. Mais un assez grand nombre d’entre elles gardent l’espoir que leurs proches sont en vie et n’accepteront évidemment jamais le fait qu’ils ne sont plus de ce monde.
Plus le temps passe depuis ces événements, moins il est probable que des restes ou des fragments de militaires portés disparus soient retrouvés. Bien entendu, parmi ces 15 000 disparus figurent ceux dont les corps se trouvent sur le territoire ukrainien mais n’ont pas été identifiés, y compris des prisonniers ou des déserteurs. Mais la plupart sont morts.
En résumant toutes les données sur les pertes au combat et hors combat des Forces de défense, nous pouvons dire qu’à la date de publication, nous avons 24 500 morts confirmés (décédés), dont les noms sont connus, 15 000 disparus et 3 400 prisonniers.
Évidemment, 24 500 noms ne constituent pas le nombre définitif de morts, mais selon nos estimations, ce nombre concerne au moins 70 % des pertes réelles. Autrement dit, le nombre réel de morts dans des conditions de combat et hors combat serait supérieur à 30 000.
Quant aux blessés, leur proportion par rapport aux morts est de 3 pour 1. En d’autres termes, le nombre de blessés (en tenant compte du fait qu’il y a de nombreux militaires qui ont déjà subi des blessures ou des contusions à trois reprises ou plus) se situe entre 90 000 et 100 000. Mais la grande majorité de ces blessés continuent de servir dans les rangs des forces armées ukrainiennes ou retourneront bientôt auprès de leurs camarades après avoir été soignés.
Yaroslav Tyntchenko est historien et journaliste, directeur adjoint des travaux scientifiques du Musée historique militaire national d’Ukraine
Herman Shapovalenko est un coordinateur du projet « Livre de la mémoire de ceux qui sont morts pour l’Ukraine »