Les séries animées ukrainiennes font une percée

Culture
15 avril 2023, 14:02

Nous prenons l’occasion du succès du long métrage d’animation ukrainien « Le Royaume de Naya », en France et en Ukraine, pour nous remémorer la liste des dessins animés ukrainiens les plus réussis de ces 33 dernières années. Au départ, les années 1990 ont été très difficiles; cependant, malgré tout, c’est à cette époque qu’un partenariat avec la France a pu être mis en place; il s’est avéré très productif. En effet, la co-production franco-ukrainienne « Borysfen-Lutèce » est devenue l’un des leaders européens du cinéma d’animation, allant jusqu’à produire 130 à 150 minutes par mois.

Nous avons déjà présenté les courts-métrages d’animation dans un précédent article. Mais les séries aussi ont pu se développer.

Si l’on excepte les films politiques (« La grande course » («Великі перегони») (1999-2000) du studio de Kyiv « Babych-design »), « Le renard Mykyta » (2005-2007) de Volodymyr Kmetyk est le premier film d’animation ukrainien comportant plusieurs épisodes. Sa création a demandé plus de trois ans. Le producteur, la société ukrainienne « Prosvita », avait choisi plusieurs textes du grand écrivain ukrainien Ivan Franko, ceux qui reprennent et illustrent le « Roman de Renard » médiéval. La principale qualité de cette série animée, outre son sens esthétique, est qu’elle n’est pas générée par un ordinateur, mais qu’elle a été dessinée; elle montre une grande attention aux détails : vêtements et paroles. Les 26 épisodes de 15 minutes chacun, comportant des musiques de groupes ukrainiens et des compositions de Myroslav Skoryk, sont tous intéressants, même si le rythme des événements est un peu lent pour les jeunes téléspectateurs modernes, habitués aux modèles américains.

Pour les très jeunes spectateurs ukrainiens, quatre saisons de « Eskimos » (2012-2016) d’Oleksii Shaparev et Ievhen Yermak ont vu le jour, ainsi que deux séries de films d’animation en 3D de Serhii Horobets, prisées dans le monde entier : « Buba » (2014-2022) et « Rattik Mini » (2018- 2022). En outre, le dessinateur Stepan Koval a réalisé une série de dessins animés pédagogiques: «Ukraine, mon pays» (2010-2014) et « Les professionnels » (2015).

Les « Aventures de Kotygoroshko et ses amis » (2014), en quatre épisodes, de Yaroslava Rudenko-Shvedova sont restées très appréciées de nos jours : il s’agit d’une tentative originale de repenser les contes de fées ukrainiens et les légendes sur les cosaques magiciens (Krutyvus, Vernyhora et Vernydub). Remarquons que le titre ne correspond pas vraiment au contenu, car Kotygoroshko n’est pas le personnage principal (à l’exception de l’épisode qui voit Peklia, la fille du diable Khmyra, lui demander de l’épouser). Nous pouvons y voir tous les personnages du folklore ukrainien : un taureau de paille, des géants, un forestier maléfique, toutes sortes de créatures imaginaires; dans l’un des épisodes, on peut s’amuser à distinguer les symboles avec lesquels le petit diable tente d’ouvrir un passage vers le royaume des morts; il dessine tout d’abord un pentagramme, puis un Z, et finalement ouvre la porte avec un dollar.

Les séries de films d’animation sont plus rares que les courts-métrages. Mais il est à noter que l’Ukraine compte plusieurs artistes de premier plan dans ce domaine, connus bien au-delà de ses frontières. Ils ont obtenu de nombreux prix et plusieurs nominations dans les festivals. Un meilleur développement dans l’avenir pourrait se présenter et, en particulier, offrir des occasions de partenariat intéressantes, en espérant que la guerre le permette encore.