Les idées-clés du festival du cinéma ukrainien Docudays UA

Culture
1 juin 2023, 16:31

Le 20e festival international du film documentaire sur les droits de l’homme Docudays se déroulera à Kyiv du 2 au 8 juin. « Nous ne devons pas nous contenter de nous abriter dans les sous-sols, il faut aussi se développer et s’améliorer », disent ses organisateurs.

Le 2 juin débutera à Kyiv le 20e festival international du film documentaire sur les droits de l’homme Docudays. Ce festival existe depuis 2003, mais son format actuel a été défini en 2008. Aujourd’hui, Docudays inclut des films en compétition et hors compétition, dont la moitié sont ukrainiens. Il comporte des compétitions nationales et internationales, des longs et des courts métrages, de nombreuses discussions publiques, un programme industriel et bien d’autres événements importants pas seulement pour le secteur du film documentaire.

La plupart des films du programme Docudays ont déjà été présentés en avant-première et projetés dans des festivals célèbres du monde entier et ont été récompensés à Sundance, à la Berlinale, au One World Festival, au Luxembourg Film Festival, etc. Le programme complet est disponible en cliquant ici, et les informations sur les billets, y compris pour le visionnage en ligne, sont disponibles sur le site web des Docudays.

Roman Bondartchouk, directeur artistique du festival, explique que cette année, en raison de l’invasion russe à grande échelle, il ne se tient pas à ses dates habituelles, généralement plus tôt dans le printemps. Le thème-clé du festival est « Image du futur » ». Aujourd’hui, l’image principale pour les Ukrainiens est la victoire de l’Ukraine dans la guerre, avec la punition des criminels de guerre qui doit suivre. Et dans le futur, il y a bien d’autres choses qu’on peut imaginer dès maintenant : la reconstruction du pays, les réparations, etc., précise le directeur artistique.

A chacun son image du futur

Les visuels du festival de cette année ont été créés sous la forme d’une page blanche, comme pour vous inviter à contribuer, à dessiner ou à écrire votre propre image de l’avenir. En collaboration avec le concepteur du festival, l’équipe s’est inspirée de la vitrine d’une imprimerie de Kyiv, où était accroché un T-shirt avec un échantillon proposant différents formats d’impression : 10×15, 20×30… C’était une incarnation artistique du choix à faire, tous les jours, et des options qui existent.
« C’est intéressant que les gens aient déjà commencé à interagir avec notre affiche dans les rues de la ville… Les gens dessinent des fleurs, appellent à démolir une construction qui les dérange, proposent des offres d’emploi et même collent des publicités de magiciens et de sorciers. Nous sommes très inspirés par ces interactions dans les rues de la ville », explique Roman Bondartchouk.

La vidéo du festival a été créée par le réalisateur de films d’animation Mykyta Lyskov et le compositeur Anton Baibakov. La bande-annonce raconte également l’histoire d’une page blanche remplie de multiples associations. Elles sont variables et dépendent de l’expérience du spectateur. Les uns peuvent imaginer une vue depuis la fenêtre d’un train, les autres peuvent penser aux tranchées, à une évacuation ou même à des vacances à la plage. La séquence sonore créée par Baibakov a ajouté de la sentimentalité à la vidéo et une vision du moment où tous les trains relieront enfin l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières de 1991.

À la mémoire de Viktor Onysko

L’un des programmes hors compétition du festival sera dédié à la mémoire du directeur du montage Viktor Onysko, mort au combat lors de l’invasion russe à grande échelle près de Soledar. Depuis longtemps, Onysko avait crée des vidéos de programmes pour Docudays, et sa femme Olga Birzul, ancienne coordinatrice de projets du festival, coordonne aujourd’hui la section intitulée « Transition de montage ».

Les mises à jours de la guerre

« Cette année, le festival a dû faire preuve de force et d’ingéniosité », déclare Roman Bondartchouk. L’année dernière, l’équipe a dû commander un générateur, équiper des abris anti-bombes, installer Starlink, développer un système d’horaire flexible afin que la session puisse se poursuivre si elle était interrompue par un raid aérien, et bien d’autres choses qui, les années précédentes, n’étaient même pas imaginables.

« Le plus important, c’est que le festival ait lieu, qu’on ne change pas nos besoins d’apprendre sur ce monde, de voir de nouveaux films. C’est aussi notre part de résistance. Nous ne devons pas seulement nous abriter dans les sous-sols, mais aussi progresser et nous améliorer », ajoute Bondartchouk.

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Daria Bassel, directrice de la plateforme industrielle DOCU/PRO, se souvient des premières tentatives du festival pour créer un espace de cinéma documentaire de qualité : « Quand nous avons lancé la compétition nationale, il n’y avait que des courts métrages. Il n’y avait tout simplement pas assez de longs métrages pour en faire une compétition… Au fil du temps, les courts métrages se sont transformés en longs métrages. On avance, malgré tout ».

Yuliya Kovalenko, directrice de la programmation du festival, rappelle que les dernières années ont aussi apporté leurs propres défis : « Je me souviens comment au moment de la pandémie de 2020, nous avons réussi à passer au format en ligne en littéralement un mois, et ce qui semblait impossible, et nous l’avons fait ».

La première du film qui ouvrira la 20e édition, Nous ne nous éteindrons pas (Ми не згаснемо) d’Alisa Kovalenko, a eu lieu à la Berlinale de cette année. Il a déjà été projeté dans de nombreux festivals internationaux. « Ce choix, c’est tout un symbole, car il traite également de la résistance et de la manière dont nous rêvons de l’avenir », précise la directrice générale du festival.