De quelle manière les sanctions affectent-elle à la fois les Russes ordinaires et les entreprises qui les appliquent? Comment les nouvelles sanctions contre les envahisseurs ont-elles été appliquées récemment?
L’un des cas concernait Amazon et Twitch. Il y a deux semaines, le cyber-sportif Kirill Malofeev a intenté une action en justice contre ces deux sociétés devant un tribunal russe, et le tribunal a saisi les biens de ces sociétés. La raison du procès est le blocage du compte de Malofeev, qui a été effectué après que l’homme a été inclus dans la liste des personnes visées par les sanctions américaines. Le fait est que Kirill est le fils de Konstantin Malofeev, connu comme « oligarque orthodoxe » et fondateur de la holding médiatique propagandiste Tsargrad.
Commentant le procès, Kirill a déclaré que « Amazon et Twitch se sentent supérieures à la loi russe, supérieures à un État souverain ». Les deux sociétés auraient violé leurs obligations contractuelles, et leurs actions constitueraient une censure et une discrimination à l’encontre des cyber-sportifs russes et de leur public. Le dépôt de plainte a été précédé d’une tentative de restauration du compte bloqué et de ses capacités de monétisation.
Dans le même temps, des sanctions ont été imposées pour la première fois à un développeur de cartes à puce russe. Il s’agit de la société « PKK Milandr ». Elle « travaille ou a travaillé » dans le secteur de la fabrication électronique russe et est impliquée dans la recherche-développement militaire. Elle développe des circuits intégrés basés sur des technologies allant jusqu’à 28 nanomètres (processeurs au niveau de ceux installés dans l’iPhone 5S), parmi ses clients figurent des entreprises qui fabriquent des équipements de communication, des systèmes d’ingénierie radio, des ordinateurs de bord et des systèmes de télémétrie.
Blocage numérique
C’est difficile à croire, mais après neuf mois de guerre contre l’Ukraine, on continue de parler d’entreprises technologiques qui viennent seulement de quitter le marché russe. C’est bien qu’elles aient finalement décidé de le faire, même si on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi elles ont mis si longtemps à y penser.
La société technologique Nvidia a finalement quitté le marché russe et a arrêté toutes ses opérations financières. Le communiqué officielle de la société indique que ses activités complémentaires dans le pays pourraient avoir une incidence négative sur ses revenus. Nvidia s’est en fait retirée du marché du pays envahisseur. Au début, elle a arrêté les ventes sur le territoire de la Russie. Ensuite, elle a cessé de renouveler les licences de ses logiciels et a prévu de fermer le bureau à l’automne pour quitter enfin le marché russe.
La Russie connaît déjà des problèmes avec l’équipement des entreprises qui ont quitté le marché. Par exemple, il existe une grave pénurie de pièces de rechange pour les appareils Xiaomi, l’un des fabricants de smartphones les plus populaires en Russie. Les centres de service souffrent d’une pénurie d’écrans et de batteries, et les consommateurs doivent attendre jusqu’à 40 jours pour la livraison des composants. Les refus de réparation de smartphones dus à une pénurie de leurs composants sont devenus de plus en plus fréquents. Il est intéressant de noter que Xiaomi n’a pas officiellement quitté le marché russe. Elle réduit l’importation d’équipements, cependant, sur fond d’absence de ses principaux concurrents sur le marché, elle en devient le leader incontesté. Du fait que les Russes achètent des gadgets Xiaomi non seulement auprès des détaillants officiels, mais aussi sur les marchés chinois, la pénurie d’équipements devient de plus en plus perceptible et, selon les experts, elle durera au moins jusqu’en février 2023.
Nous observons depuis très longtemps et avec plaisir la confrontation entre les autorités russes et YouTube, en attendant le moment où les autorités russes glisseront vers une inadéquation telle qu’elle bloquera le plus grand hébergeur mondial de vidéos. Pour l’instant, le pouvoir russe continue d’infliger des amendes à Google, propriétaire de YouTube. Récemment, un tribunal d’arbitrage de Moscou a confirmé une action en justice intentée par la rédaction de la télévision parlementaire et a condamné à Google à une amende d’un milliard de roubles et au rétablissement de l’accès à la chaîne YouTube de Douma TV. Ceci est arrivé après que le même tribunal a ordonné à Google de débloquer les chaînes de la société de télévision Zvezda et de verser une indemnité d’un montant de 100 000 roubles jusqu’au déblocage. Pour le moment, il ne semble pas que Google et YouTube exécuteront les décisions de ce tribunal, surtout si vous vous souvenez qu’il y a seulement six mois, la division russe de Google s’était déclarée en faillite.
Attaques numériques
Les entreprises ukrainiennes continuent de subir des cyberattaques. « Nova Pochta » ukrainienne a annoncé que leur nombre avait été multiplié par 5 à 6 depuis le début de l’invasion. L’entreprise consacre 20 % de son budget informatique à la protection proactive contre les cyberattaques.
Depuis le début de la guerre, les chaînes Telegram sont devenues une menace sérieuse pour l’Ukraine. C’est à travers elles que les contrefaçons et les manipulations se propagent. Depuis le début de la guerre totale, le service de renseignement ukrainien a fait appel à plusieurs reprises à l’administration du service Telegram pour lui demander de bloquer les chaînes diffusant des fake news. 1,5 mille chaînes sont apparues dans les appels. Cependant, la direction du service n’a pas toujours pris en compte les demandes des services spéciaux ukrainiens. Le problème qui revient récurrent dans le travail avec Telegram, c’est surtout l’absence d’entité juridique représentant le service en Ukraine, ainsi que l’absence d’un mécanisme légal de blocage des chaînes.