Dans le dernier paquet de sanctions, le droit de posséder des crypto-monnaies a été supprimé aux Russes. Dans le pays, on rachète de vieux smartphones et on recherche des serveurs d’occasion. Que s’est-il passé dans le domaine de la résistance technologique au cours de derniers jours ?
Blocus numérique
Les entreprises suppriment les versions en langue russe de leurs sites et plateformes publiques. La semaine dernière, la société Disney a fermé son site web et ses réseaux sociaux en russe. Lorsque les visiteurs accèdent aux pages de l’entreprise, ils sont invités à sélectionner un pays pour accéder à sa page localisée. La Russie ne fait plus partie de ces pays. Sur la chaîne YouTube des filiales russes, toutes les vidéos ont été supprimées, à l’exception des enregistrements d’émissions. Cela s’explique par le fait que la société Disney a suspendu la licence de ses contenu sur le marché russe.
La société américaine Nvidia a annoncé la fermeture de son bureau en Russie. Les salariés sont soit licenciés, soit expatriés. Il est intéressant de noter qu’en mars, Nvidia a annoncé la fin de la vente de ses produits et qu’en été, elle a annoncé la fin de la vente de licences logicielles pour le cloud gaming en Russie.
Dans le même temps, les démarches du Roskomnadzor russe, le Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l’information et des médias de masse, pour bloquer les plus grands services en ligne ne s’arrêtent pas non plus. La semaine dernière, le Roskomnadzor a bloqué le service audio SoundCloud. Et la question ne se limite pas au blocage. Les régulateurs russes infligent des amendes ou promettent d’imposer de lourdes amendes aux projets technologiques. Twitch s’est déjà vu infliger une amende de 4 millions de roubles pour avoir refusé de supprimer de « fausses informations » sur « l’opération spéciale », et la Fondation Wikimedia se prépare à la même mesure. Pour la première fois en Russie, la société Amazon a écopé d’une amende de 12 millions de roubles. Motif: le refus de supprimer des contenus interdits en Russie.
Les manifestations du blocus numérique de la Russie sont parfois très inattendues, mais elles démontrent de la meilleure façon possible les perspectives de l’informatique russe. Avito, un site en ligne russe de vente d’articles d’occasion, a commencé à acheter de vieux smartphones à ses internautes. L’entreprise prévoit de les réparer et de les revendre avec sa propre garantie. Il semble que les Russes ne peuvent plus acheter de nouveaux gadgets, à la fois à cause du prix et à cause de l’indisponibilité.
Les biens d’occasion ne sont pas les seuls à connaître une augmentation de la demande ces dernières semaines. La fermeture des bureaux des plus grands fournisseurs informatiques tels que Dell, Cisco, HP et, par conséquent, l’interdiction faite à ces entreprises de vendre des serveurs à la Russie a eu pour conséquence directe de pousser certains à s’intéresser aux équipements de réseau. Je me demande ce que feront les acheteurs de serveurs d’occasion lorsqu’ils atteindront leur date d’obsolescence eux aussi. Vont-ils en acheter en Chine ou passer à des serveurs de production russe?
Un autre grand signe de l’impact des sanctions technologiques sur la Russie est la première baisse dans l’histoire de l’utilisation de l’Internet mobile, une baisse de 2,5%. Les experts attribuent cela au blocage de l’accès aux réseaux sociaux étrangers et notent que bien que l’intérêt pour Telegram ait augmenté cette année, il n’a pas compensé la baisse d’intérêt pour les produits de Meta (propriétaire de Facebook) bloqués dans le pays.
Blocus des crypto-monnaies et interdiction de coopération : nouvelles sanctions anti-russes
L’importance de ce blocus numérique est vraiment considérable. On s’attendait aux restrictions d’accès aux crypto-monnaies pour les Russes dans le nouveau paquet de sanctions. Depuis les premiers mois de la guerre, des discussions avaient lieu pour savoir si les Russes pourraient contourner les sanctions à ces crypto-monnaies. On ignore actuellement si c’est le cas, mais les échanges de crypto-monnaies font constamment l’objet de nouvelles restrictions sur les titulaires de comptes russes.
Dans le huitième paquet de sanctions de l’UE contre la Russie en effet, ces restrictions sont importantes. Si auparavant le montant dans le portefeuille de crypto-monnaie des Russes ne devait pas dépasser l’équivalent de 10 000 euros, ce montant est désormais réduit à zéro. En d’autres termes, il s’agit d’une interdiction complète de la prise en charge de portefeuilles en crypto-monnaie pour les citoyens russes. Les échanges et les services de crypto-monnaie doivent refuser les Russes, quel que soit le montant des actifs qu’ils souhaitent placer dans un portefeuille. Les médias russes regorgent de conseils sur la façon de sauvegarder ses crypto-actifs et sur quel portefeuille transférer la crypto-monnaie afin de la protéger.
Un autre point de cet ensemble de sanctions comprend l’interdiction de fournir des services informatiques aux entreprises russes.