Les femmes en Crimée : 10 ans d’occupation et de résistance

Culture
14 mars 2024, 13:57

L’exposition « Perce-pierre. Le visage féminin de la résistance en Crimée » a ouvert ses portes à Kyiv

Les artistes Emine Ziyatdinova, Alevtyna Kakhidze, Maria Kulikovska, Liya Dostleva, Yulia Poe, militantes du mouvement de la résistance des femmes « Sirène ardente » ont présenté leurs œuvres lors de l’événement culturel qui a été inauguré le 26 février, à l’occasion des dix ans de la résistance contre l’occupation russe de la Crimée. Il est ouvert au public dans le Bureau du représentant permanent du Président de l’Ukraine dans la République autonome de Crimée/Bureau de la Plateforme de Crimée à Kyiv jusqu’au 13 mai 2024 (24/2, rue M. Hrushevsky).

Photo : Emine Ziyatdinova

« Ce projet a pour but de sensibiliser le public face au sort des femmes emprisonnées illégitimement pour avoir soutenu l’Ukraine, d’honorer la force morale des compagnes des prisonniers politiques, ainsi que de celles qui offrent une résistance aux occupants quotidiennement, en défendant leurs droits et libertés. L’exposition vise à montrer que la résistance des ukrainiens en Crimée se poursuit, malgré le prix trop élevé qu’ils paient pour faire face au régime d’occupation », explique le communiqué de presse.

Auteur : Maria Koulikovska

L’exposition présente des œuvres qui parlent d’actualités dans une Crimée occupée, ainsi que des aspects historiques et psychologiques de cette occupation.

Auteur : Alevtina Kakhidzé

Selon la commissaire de l’exposition Tetyana Filevska, « l’espace artistique créé par les femmes artistes dévoile leur propre expérience de la guerre, ainsi que celle des autres femmes qui ont connu ou qui vivent en ce moment une épreuve similaire. L’accent principal est mis sur la dernière décennie, tout d’abord sur des récits des femmes qui, sous l’occupation, osent mener une lutte ouverte pour réclamer leurs droits et libertés, qui prennent des risques et deviennent des prisonnières politiques du régime des envahisseurs russes. À côté de cette expérience extrême, il existe d’autres façons de vivre la réalité traumatique et des stratégies pour maîtriser la réalité hors domaine du contrôle ».

Photo : lomykamin.crimea-platform.org (sur l’image :  « Les journaux intimes des Sirènes en zone occupée. La Crimée, c’est l’Ukraine »)

« En même temps, nous abordons un contexte historique et culturel des femmes dans la péninsule pour essayer de comprendre les causes du mal et voir les sources de la vitalité et de la résistance. Comment les femmes de Crimée vivent-elles leurs vies des deux côtés de la ligne de front et quelles stratégies de lutte choisissent-elles ? Qu’est-ce qu’elles ont en commun, les femmes ukrainiennes qui se retrouvent dans des circonstances différentes de cette époque dure tout autant pour tout le monde ? Comment survivre à l’occupation et oser résister ? D’où vient la puissance de la résistance féminine ? Qu’est-ce qui nourrit la solidarité ? Comment préserver la mémoire et nourrir l’identité dans des circonstances menaçantes ? Qu’est-ce qui pousse finalement une femme à se sacrifier pour l’avenir de son pays natal, à devenir un symbole de résistance pour des générations futures ? Et quel rôle peut jouer l’art dans des conditions de menace existentielle ? L’exposition « Perce-pierre. Le visage féminin de la résistance en Crimée » cherche à répondre à ces questions-là, en prêtant une oreille attentive aux récits de la vie de chaque femme. Il s’agit d’expériences différentes que nul ne peut et ne doit comparer. Tous ces récits doivent être exprimés et entendus sans faire de différence », précise la commissaire de l’exposition.