Selon les chiffres officiels, à la fin du mois de février, au moins 16 000 enfants ont été enlevés et emmenés hors d’Ukraine par les Russes. Ce chiffre est une estimation a minima, car il ne prend en compte que les cas vérifiées. En réalité le vrai nombre est probablement bien plus élevé.
À la fin du mois de janvier, l’Ukraine avait déjà recensé 13 000 enlèvements d’enfants. Ce transfert est l’un des cinq principaux actes qui démontre la tentative de commettre un génocide en Ukraine. Mais de nombreux commentateurs occidentaux, que l’on entend trop souvent sur les chaînes de télévision françaises, ne sont pas pressés de le reconnaître. Le bureau du procureur général de l’Ukraine, de son côté, reste formel. Et de nombreuses équipes d’enquêteurs s’efforcent en Ukraine de prouver la réalité de ce « crime des crimes. »
Les Russes pratiquent le transfert illégal et la déportation d’enfants depuis 2014. Mais l’année dernière, ces actes ont été accompli à une échelle sans précédent. « Jusqu’à présent, l’Ukraine n’a réussi à récupérer que 307 enfants. Ils se souviennent que les familles russes leur ont parlé de « nazis », d' »Ukrops » et d’un « avenir heureux » après l’éradication de leur identité ukrainienne, » rapporte le site web Lb.ua.
Malheureusement, les enlèvements ont également été facilités par des traîtres qui ont accepté de travailler pour l’envahisseur pendant l’occupation. Le Service de sécurité ukrainien (SBU) a lancé des poursuites contre un fonctionnaire des autorités d’occupation de l’administration régionale de Kherson impliqué dans la déportation d’enfants ukrainiens vers la Russie. Il s’agit du soi-disant « ministre des transports de la région de Kherson de la Fédération de Russie. » Il est l’un des organisateurs de la déportation d’enfants ukrainiens de la partie occupée de la région de Kherson vers la Russie, sous couvert de séjours dans des camps pour enfants. « Le suspect se trouve actuellement dans la zone temporairement occupée de Skadovsk. Mais les officiers du SBU sont au courant de ses mouvements et prennent des mesures pour le traduire en justice, » précise le communiqué.
Depuis le début de la guerre totale, les Russes ont déporté des enfants ukrainiens vers au moins 57 régions de Russie. Les juristes ukrainiens disent que ce sera extrêmement difficile d’identifier ces enfants ukrainiens une fois qu’ils auront été transférés dans des familles, puisque l’état russe organise leur changement d’identité. Ils prennent un nouveau nom, ont un nouveau lieu de naissance officiel, une autre date de naissance…
Tout de même, plusieurs groupes de travail se mettent en place pour constituer des dossiers et les communiquer à la CPI. Le Ministère ukrainien de la réintégration des territoires temporairement occupés annonce que la Cour pénale internationale (CPI) devrait ouvrir bientôt deux procédures contre la Russie: pour l’enlèvement d’enfants ukrainiens et pour les nombreuses attaques délibérées des envahisseurs contre les infrastructures civiles ukrainiennes.« Ce seront les premières accusations internationales portées contre la Russie depuis le début de la guerre, » indique le site du ministère.
Il est possible que des charges soient retenues contre Vladimir Poutin. Son immunité du chef d’État ne lui sera d’aucune aide : la Cour ne reconnaît pas cette immunité dans les affaires de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide. Le dossier des enlèvements d’enfants va s’intéresser à tous les transferts illégaux d’Ukrainiens mineurs, qu’ils soient des nourrissons ou des adolescents. Selon le procureur général de la CPI Karim Khan, cette affaire est une priorité pour ses enquêteurs.