Les colis postaux et les trains arrivent toujours à l’heure en Ukraine. Il y a des coupures d’électricité, et même plusieurs fois par jour. Mais il n’y a pas de retard de trains et les colis envoyés par l’entreprise publique Ukrposhta ou par la société privée Nova Poshta parviennent à n’importe quel endroit en Ukraine dans un délai de 24 heures. Malgré la guerre, malgré les coupures d’électricité, malgré les bombardements.
« L’Ukraine est la grande batterie externe de l’Europe », dit une Française de retour de Kyiv. « Ici, il y a beaucoup de défis à relever, des montagnes de problèmes… Mais il y a de l’énergie dans l’air, les gens ont toujours beaucoup d’humour et aussi beaucoup de persévérance. Les habitants du pays ne dorment pas assez depuis deux ans et demie, ils perdent leur proches au combats, ils affrontent beaucoup d’épreuves, mais malgré tout, ils ne doutent pas que l’Ukraine gagnera, qu’elle se relèvera des ruines, qu’elle reconstruira son économie et se développera ».
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« Les Ukrainiens restent étonnamment confiants quant à leur capacité à vaincre la Russie sur le champ de bataille et à pouvoir continuer à compter sur le soutien de leurs alliés internationaux », estime de son côté l’institut d’études européen ECFR (Européean council on foreign relations), à l’issue d’un sondage publié avant le sommet de l’OTAN du 9 et 10 juillet prochain. « À peine 1 % des Ukrainiens pensent que la Russie remportera la guerre, tandis qu’une majorité (58 %) est d’avis que l’Ukraine remportera la victoire sur le champ de bataille. Moins d’un tiers (30 %) considère que des négociations sont l’issue la plus probable. Dans le cas hypothétique d’une augmentation des livraisons d’armes et de munitions de la part des alliés, le nombre d’Ukrainiens pensant qu’une victoire de leur pays est l’issue la plus probable passe à 69 % », constate le sondage.
Les Ukrainiens font également preuve de résilience et de confiance à l’égard de leurs alliés: 72 % d’entre eux estimant que l’UE a été un allié fiable. Cette confiance culmine à 84 % pour le Royaume-Uni et des États-Unis (78 % d’opinions positives), ainsi que de la Lituanie (77 %). Même au sujet de l’Allemagne et de la France, dont le soutien était loin d’être acquis dans les premiers mois de la guerre, 76 % et 73 % des Ukrainiens, respectivement, considèrent ces pays comme des alliés fiables.
« L’électricité a été coupée pendant une durée record. Le réfrigérateur semble m’avoir dit au revoir pour toujours », se plaint ma voisine. Elle me confie de suite qu’elle est en train de composer une liste de recettes de plats froids « pour ne pas sombrer dans la routine, mais vivre délicieusement et joyeusement ». Subitement, sa voix devient péremptoire : « Ils ne vont pas me voler mon été quand même »! Bien entendu, « ils », ce sont les agresseurs, nos fous de voisins russes qui ne savent que détruire dans leur désir de domination.
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Collectivement, les Ukrainiens ont confiance dans leurs alliés, mais aussi dans leurs dirigeants. Selon le même sondage, « La confiance dans les forces armées ukrainiennes et dans le président du pays, Volodymyr Zelensky, reste forte: 79 % des Ukrainiens interrogés ont indiqué qu’ils avaient « une grande confiance » dans les forces armées ukrainiennes, et 17 % supplémentaires « une relative confiance ». Près des deux tiers (65 %) ont déclaré avoir « une grande confiance » ou « une relative confiance » dans le président du pays, Volodymyr Zelensky, malgré les difficultés rencontrées sur le champ de bataille et le poids de sa fonction ».
« Nous sommes ouverts, même quand il n’y a pas d’électricité », peut-on lire à l’entrée d’un magasin situé dans un quartier dortoir de Kyiv. Le pays se bat : pour ses territoires, pour son avenir, pour la survie de son économie. Les Ukrainiens sont conscients que l’heure est grave, mais ce n’est pas une raison pour paniquer et perdre confiance dans son avenir. « L’Ukraine forte et libre vous souhaite la bienvenue », ai-je lu sur un SMS de l’opérateur ukrainien, dès que j’ai franchi la frontière. Cette fierté, elle raisonne dans l’air. Le pays résiste à l’invasion par tous les moyens. Et après tout, le calme, c’est aussi une arme.