Mykola et son mouton. Juste l’ histoire d’un homme habitant un village de la région de Tchernihiv qui a essuyé les tirs russes

Société
7 septembre 2022, 06:32

Par Vira Kouryko-Aguienko

A la suite des combats, les gens d’ici ont perdu leurs proches et tout ce qu’ils avaient acquis au cours de leur vie . L’histoire de Mykola de Novoselivka fait écho à la douleur décrite dans la nouvelle, « La croix de pierre », de l’écrivain galicien Vasyl Stefanyk, grand classique de la littérature ukrainienne, écrite il y a 100 ans, et que la génération moderne étudie à l’école. Le personnage principal, Ivan Didoukh, connu dans le village pour être un homme qui avait travaillé durement toute sa vie, doit quitter la terre sur laquelle il a investi toutes ces forces, tout son temps. C’est l’histoire d’un lien ancestral avec la terre, qu’une personne âgée ne peut supporter de rompre.

Un journal

Le journal du 24 février se trouve toujours dans la boîte aux lettres cassée. Comme tous les journaux de la région de Tchernihiv, il a été publié jeudi soir. La postière du village de Novoselivka, une femme responsable, les a livrés à des adresses qui, quelques jours plus tard, se retrouveront sous le feu intense du début d’une guerre à grande échelle.

Novoselivka est un village situé en face de l’entrée nord de Tchernihiv, l’une des routes de l’offensive des troupes russes, entouré de hautes collines, de forêts clairsemées et de champs. Si Tchernihiv pense être devenue un bouclier pour la capitale, alors Novoselivka était un bouclier pour Tchernihiv, que les Russes ont gardé encerclé pendant un mois.

Ici et ensuite les photos sont faites par l’auteur

Le village a été complètement détruit. Il n’y a pas une seule maison qui ne soit pas touchée. Novoselivka n’était pas occupée, mais elle était sous le feu nourri des troupes ennemies. Ici, d’une maison à l’autre, on voit de tout, si ce ne sont pas les traces d’un incendie, alors ce sont des trous dans les maisons, ou simplement des portes bien sécurisées, toutes seules débout, qui ne s’ouvrent nulle part.

Une annonce du responsable du village reste toujours scotchée, à l’arrêt du bus en métal, criblé de trous de tirs. « Chers habitants de Novoselivka, à cause de (rompu) ce qui se passe à la frontière de notre état, (rompu). » On demande aux gens de prendre les choses au sérieux, mais de ne pas paniquer. Le dimanche 6 février, les personnes intéressées sont invitées à se rassembler au centre du village. Personne n’est allé à l’armée, mais les gens ont reçu des consignes leur expliquant comment agir et où courir, si un matin le village se réveille sans lumière ni communication.

Ce que Mykola a construit

– Où courir? C’est notre terre, – dit un homme derrière une clôture percée de débris.
Mykola de Novoselivka a soixante-seize ans. En pensant à ses parents, il ajoute cinq années de plus. L’homme est simple et pas fier, un brun aux cheveux frisés dans sa jeunesse, qui savait égorger un cochon et promener ses chiens en costume.

Mykola est un paysan profondément ancré à la terre. Trois générations de sa famille ont grandi à Novoselivka. Il a lui-même construit sa vieille maison en briques à partir des fondations et, récemment, il en a fondé une nouvelle, pour la construire plus tard. S’il n’avait pas passé la moitié de sa vie à construire pour ses parents et ses sœurs, dit-il, il aurait une maison à deux ou trois étages pour lui tout seul.

Lui et sa femme ont beaucoup roulé dans leur voiture Nуva. Ils ont emmené des chiens à des expositions à Kyiv, dans les Carpates, et ont visité toute la Yougoslavie. Sa femme Vira, que dans leur enfance Mykola menait à l’école en vélo, lui disait de ne pas lui acheter de chaussettes, mais surtout de partir voyager.

Il aimait les chevaux. Il montait dès l’âge de six ans. Il a mené le cheval au poteau et d’un seul saut s’est retrouvé au sommet. Ses jambes ont toujours été contusionnées et il a également des marques de sabots sur le dos. À l’âge de seize ans, il a sauté des fossés à cheval. Il ne saisissait la crinière qu’avec sa main gauche, sautait – et était déjà par-dessus. Et ainsi il a sauté pendant cinquante-six ans. Il avait une selle de sport, mais il l’a échangée contre cinq oies.

Il a commencé à élever des moutons, des vaches, des cochons, des poulets et des oies quand il était encore jeune. Il ne buvait que le lait de sa vache, la lavait et la frottait avant de la traire, ne mangeait que la viande de sa basse-cour, salait des côtes fraîches, bêchait le jardin, regardait chaque matin par la fenêtre le champ et la forêt où paissaient ses troupeaux. Maintenant, ce champ est le cimetière de toute sa vie.

Pour qu’elles ne restent pas devant les yeux

Il a appris la guerre le matin à la télévision. Le journal papier ne pouvait pas l’annoncer.
Ce n’est que le jour d’après qu’il a entendu des explosions – on tirait sur Tchernihiv. « Je ne sais pas quand, mais ils sont rapidement apparus sur la colline devant le village et ont commencé à nous tirer dessus. Et ils ont tiré au point qu’ils ont aussi commencé à tirer dans le village. »
Mykola, sa femme, qui avait du mal à marcher après un accident vasculaire cérébral, sa fille et sa petite-fille de treize ans descendaient à la cave dès qu’ils entendaient le bourdonnement, le sifflement et le craquement de l’ardoise. Ils ont vite compris qu’il y avait des périodes de calme. Ils en profitaient alors pour monter à la maison, pour manger et se coucher dans leurs lits, avant les premières explosions.

Surtout, Mykola voulait faire sortir du village ses femmes. C’est pourquoi ou : Par conséquent, son autre fille, qui vivait en Pologne et qui avait acheté des billets pour le 1-er mars afin de rendre visite à ses parents, cherchait des volontaires qui pourraient sortir la famille de ce village, dans lequel on préférait ne pas venir.

C’était le 8 mars. A l’heure du déjeuner, c’était plus calme. Quand des volontaires sont venus chercher les filles, Mykola était assis dans la cave. Il ne voulait pas monter. Il a croisé les bras sur sa poitrine, s’est appuyé contre le mur et n’a pas bougé.

« Et elles ont commencé à m’embrasser, à pleurer, à me demander de partir… – Mykola s’arrête et reste silencieux pendant une demi-minute, ne voulant pas montrer ses larmes ou: ne laissant pas apparaître de larmes. – Je n’ai pas quitté la cave en tout cas. Parce que je pense, à Dieu ne plaise, si quelque chose leur arrive, tout cela restera à tout jamais devant mes yeux. Comment pourrais-je vivre alors? Je pensais que si un projectile tombait sur elles, je me tirerais immédiatement une balle. » En bon chasseur, il a chez lui un fusil effilé près de son lit.

« Pourquoi ne suis-je pas parti ? A cause de la maison, du ménage, des animaux. Je devais m’occuper d’eux, les nourrir, aller chercher de l’eau à un ruisseau dans le champ. Les vaches ne broutant pas, l’eau était donc propre. Je creusais un trou dans le sol, de l’eau cristalline s’y accumulait et je la récupérais avec un seau. »

Mykola n’ est sorti de la cave qu’après s’être assuré que ses femmes étaient parties. Il n’y a pas eu de communication entre euх. L’homme était soulagé de savoir que dans une semaine seulement, la famille serait enfin en Pologne.

Etre agréable à l’œil

La guerre est la guerre, mais Mykola a une vache qui est sur le point de vêler. Mykola a aussi un mouton, des brebis noires aux pattes fines – sept adultes et onze agneaux, qui naissaient toujours sous de terribles gelées, alors Mykola lui-même les réchauffait avec des lampes.

La préférée de Mykola est la jument de dix-neuf ans Marta, un groupe de race équestre ukrainienne. Couleur corbeau, avec une étoile sur le front. « Elle avait quatre ans quand il l’a ramenée. Elle était grande, belle, sa tête était petite, ses jambes étaient fines, sa queue touchait le sol, sa lèvre ne pendait pas, comme chez les chevaux de la campagne, où les mouches rampent et qui sait ce qu’elles font là. » J’ai bâti une grange avec des fenêtres en verre pour elle, et elle se mettait à hennir immédiatement, dès qu’elle me voyait dans la cour.

– Hé, attends, je reviens bientôt !

Et je l’ai bien nourrie, de l’avoine tous les jours, du foin frais, et quand arrivait le temps des betteraves, je lui jetais toujours quelques légumes tendres.

Elle n’a jamais travaillé dur. C’est le tracteur qui transportait tout : le fumier, le foin… Marta était attelée à une charrette légère que n’importe quel homme pouvait tirer. Puis quelques vieillards qui devenaient de véritables gamins, après 2-3 verres de cognac de trois étoiles, montaient dans une charrette et se promenaient dans les bois et les champs. « Et elle ne marchait pas – elle dansait. Quand je l’ai emmenée au village pour la faire vacciner, tout le monde courait et disait quelle belle jument c’était. Je crois que tout bétail devrait être agréable à l’œil. »

Des débris qui n’ont pas touché Mykola

Ce jour-là, le bombardement très lourd a commencé la nuit.. Novoselivka a été bombardée par les russes avec de l’artillerie et plus d’une fois l’avion a largué des bombes. Mykola vivait déjà sans ses filles (ou ses femmes ?), alors il montait plus souvent à la maison.

« Vers 4 h 30 du matin, j’ai entendu une forte explosion et j’ai sauté du lit. Je suis sorti, je me suis accroupi, et j’ai vu que quelque chose était en feu. Je me suis assis près de la cave ».
A l’aube, une voisine l’a invité à se réchauffer avec du thé. Mykola l’a remerciée et est rentré chez lui par le jardin. Il était temps de nourrir le bétail.

Il est retourné dans la cour, a mis des galoches et une veste chaude et est allé à l’écurie. Ce qui était le plus important pour lui était de nourrir la vache en premier.

« Et là, le cauchemar a commencé. Les obus se sont mis à tomber partout, toutes ces fosses près de la maison se sont alors formées. Des éclats de projectiles ont traversé la cour, brisé des fenêtres, percé le toit, la clôture métallique et même la faux a été trouée ! Par miracle, je n’ai pas été touché. »

L’homme s’est accroupi pour détacher et relâcher les animaux. Il avait peur que les hangars en bois et la grange pleine de foin ne prennent feu. « Je ne voulais pas qu’ils souffrent, ce serait mieux s’ils partaient . » Les vaches et les moutons effrayés sont allés dans le champ et dans la forêt sous le feu.

Puis Mykola s’est précipité vers la jument. Quelque chose n’allait pas. Elle était assise. L’homme a essayé de la soulever, mais elle ne s’est pas relevée. J’ai regardé autour de moi – une blessure à l’arrière de la cuisse. Probablement un débris.

L’homme a mis son doigt là-dedans, essayant de trouver ce débris, mais il n’a rien senti, il devait être en profondeur. La cour sifflait et grondait toujours. Mykola a ouvert le poulailler dans l’espoir que Marta partirait. Mais elle ne voulait pas bouger ou y aller.
À ce moment-là, une voiture est arrivée dans la cour. C’était un neveu.

– Vite, vite montez !

Mykola a presque rampé hors de la cour et a sauté comme il était. Le bétail traversait le champ en direction de la forêt et la voiture fonçait sur la route, le long du champ jusqu’à Voznesensk. C’est un village voisin en face de Novoselivka. Сes jours-là, les gens y arrivaient par n’importe quel moyen ou : qui sur quoi. C’était calme là-bas, parce que les Russes étaient là. Les gens ont fui vers des sites occupés pour éviter les incendies et les chutes de débris.

Lorsqu’ils sont arrivés au village, l’un des nouveaux arrivants a déclaré qu’une vache avait été tuée dans le champ. Mykola a deviné que c’était la sienne.

Cimetière de la vie

À Novoselivka, des gens mouraient de maladies et des retombées de débris. Une femme est sortie de la cave pour voir ce qui se passait lorsque la mine est tombée. À côté de chez Mykola, un homme est mort dans un poulailler. Il a eu un accident vasculaire cérébral et la maison a été complètement détruite. L’homme s’est couché sur la paille dans le poulailler et les voisins l’ont recouvert de paille aussi. Aucune ambulance ne pouvait s’y rendre.

Un homme a été tué dans la maison voisine. Quelques maisons plus loin une octogénaire est morte dans un incendie. « Lorsque la police et les experts sont arrivés, ils n’ont même pas pu récupérer ses os, car ils étaient sous le feu et se sont écrasés entre leurs mains. Ils en ont mis un peu dans un sac en plastique, et le reste a été ramassé et enterré. »

Sur le chemin de Voznesensk à travers le champ, Mykola a vu qu’une femme morte, de son âge, était allongée dans l’herbe comme une poupée. Elle portait une casquette et des chaussures d’homme et, au premier regard, il l’avait prise pour un homme. À côté d’elle était assis son petit chien noir. Dans le même champ, où tout était recouvert de douilles d’abris, Mykola a également vu des corps de soldats russes. Mais il n’a ressentait aucune compassion .
Par contre, il était triste pour un soldat ukrainien qui se tenait près de Novoselivka, là, où Mykola apportait de la nourriture aux militaires. « Et ils m’ont montré un appareil de vision nocturne. Wow ! vous pourriez même y voir un chat la nuit sur la colline! Alors je voulais venir encore une fois et dire à ce garçon qui m’avait montré cet appareil, que quand la guerre se terminerait, qu’il prenne sa famille et vienne me voir. Mais le garçon était mort. Un si beau garçon. Et je ne connais même pas son nom. »

Le neveu de Mykola a décidé d’aller chercher la vache tuée alors que la viande était encore fraîche.

– Comme tu veux, a répondu Mykola tristement.

Le neveu est revenu avec un cou et une cuisse, mais Mykola sentait que c’était sa vache et ne pouvait pas la manger. Un autre jour, ils ont décidé d’aller trouver quelque chose à manger pour les chiens. Mykola y est également allé. Il la reconnut de loin. Un éclat d’obus lui avait coupé l’estomac, un veau à naître gisait à proximité.

Des pelotes de laine grises traînaient dans le champ et près de la maison. C’étaient ses moutons, qui ont été tués un par un par des éclats d’obus. La jument était couchée près de l’enclos. Elle avait été tuée par ce seul fragment dans sa cuisse.

Mykola a creusé des trous dans le champ en face de ses fenêtres et y a déposé ses moutons et ses agneaux, ou plutôt ce qu’il en restait après le passage de chiens locaux abandonnés. Il a aussi déplacé Marta dans le champ. Il s’est fait aider par des hommes. Ensemble, ils ont attaché son corps avec des cordes, et ils l’ont traînée, cette belle qui n’avait jamais travaillé, avec un tracteur à conducteur marchant.

Les gens marchaient prudemment dans ce champ où étaient enterrés les moutons et les chevaux. C’était tellement bombardé que tout le monde avait peur de se faire exploser. Au début, les vaches y retournaient paître, comme si de rien n’était. Les gens ont tracé les chemins. Par contre, dans la forêt derrière le champ, personne n’y va. « Les Russes étaient là, et tout le monde a pu voir dans les nouvelles (ou : aux informations) comment les gens se faisaient exploser maintenant. Et là, à chaque fois, il y a de tels cèpes. Très grands! Et cette année, probablement, personne ne les cueillera. »

Un seul mouton attendait Mykola au bercail. Le seul à avoir survécu au bombardement dans cette cour. Lui et Mykola. Il court nerveusement dans la clôture et répond à la voix de Mykola. Les enclos où étaient élevés les agneaux sont vides. Mykola n’a rapporté que des radiateurs à la maison, ceux qui réchauffaient les agneaux mouillés par le gel, quand les moutons aimaient vêler.

Mykola montre son jardin et sa charrette brisés, sur lesquels repose toujours une épave, un collier cassé est suspendu à un pommier. « Et des tourelles! Il n’en reste presque plus rien. Et il n’a pas de force pour tondre l’herbe qui dévore la cour. Je n’en tonds que pour le mouton, un peu. »

Mykola a peur d’élever à nouveau du bétail. Il se réfère à la vie de ses parents et annonce qu’il ne lui reste que cinq ans de vie. Et comment se fait-il qu’on ne trouve personne pour acheter ou prendre un cheval? Et s’il est récupéré / par un homme qui le vendra pour de la viande ?.. « Et un cheval c’est comme un chien, il ne faut pas le traiter de cette façon. »

Il ne peut pas y avoir un seul mouton non plus. Il a besoin d’une brebis. Et où s’en procurer une? Il y en a dans les villages voisins, mais est-ce qu’elles sont aussi bonnes que l’étaient ses brebis? Est-ce qu’on prenait soin d’elles de la même façon que Mykola prenait soin des siennes?

En juin, Mykola et son mouton reçoivent du renfort. Une de ces filles est venue. Mykola sourit, taillant des roses couleur bordeaux. « Elle est venue pour me convaincre d’aller chez eux, à Lviv. Mais dès que je reste à Tchernihiv, tout à coté, pour trois jours, je suis déjà prêt à rentrer chez moi, parce que je mourrai en ville. Je n’irai nulle part. La maison a besoin d’être réparée, tout fuit, il n’y a pas de vitre, le toit est cassé. Je n’irai pas. »

La fille l’écoute de la maison et secoue la tête. Elle se fait des reproches de n’avoir pas su le convaincre de partir plus tôt. Au moins, il n’aurait pas vu tout ce désastre.

Dans quelques jours, j’arrive avec de la bière maison pour proposer une dégustation. Mykola dit à sa fille de mettre la table. Derounys, salade, côtes salées et liqueur maison. L’homme crie depuis la cour – il va à Yaremche, dans les montagnes, dans les Carpates pendant plusieurs semaines. Il ne veut pas aller en ville, mais il est prêt à vivre un peu à la montagne. Il aime la nature montagnarde, les cloches des vaches et les moutons locaux. Dans le passé, il s’y est rendu déjà par trois fois, pour une douzaine de jours à chaque fois. « Je me suis acheté une chemise brodée au marché. » C’était une chemise ordinaire, une chemise de couture d’usine, il y en a des centaines et des centaines, mais quand les combats ont commencé, Mykola l’a emmenée avec lui dans la cave, tellement il l’aime bien.

A table, un silence crispé s’installe. Mykola raconte ce qu’il fera à Yaremche. La fille, semble-t-il, ne dit pas tout. Mykola fait croire qu’il ne devine pas que c’est un peu une façon de l’emmener à l’Ouest pour toujours. Pourtant, il ne s’est pas laissé plus de 5 ans, lui. Un homme boit un verre. Il donne l’impression d’accepter son départ.

 

Cet article a été écrit dans le cadre du projet « Life of War » avec le soutien du Laboratoire de journalisme d’intérêt public et de l’IWM.