Alla Lazaréva Rédactrice en chef adjointe, correspondente à Paris du journal Tyzhden

L’Ukraine, terrain d’expérimentation pour le secteur de la défense européen

Économie
23 juin 2025, 17:32

Bon nombre d’entreprises du secteur de l’armement testent de nouvelles technologies en Ukraine et utilisent l’expérience de ce conflit pour tenter de produire les armes de demain. Parmi les priorités, la défense anti-aérienne qui doit s’adapter à de nouvelles menaces.

La société norvégienne Kongsberg Defence and Aerospace a ouvert une représentation en Ukraine, a annoncé le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Umerov, le 22 juin. « Il s’agit d’un fabricant norvégien de premier plan dans le domaine de l’armement, notamment producteur des systèmes de défense antimissile NASAMS, qui protègent déjà les villes ukrainiennes contre les missiles et les drones russes », a-t-il souligné.

Selon le ministre, en coopération avec Kongsberg, la partie ukrainienne prépare de nouvelles solutions basées sur le NASAMS afin de renforcer la protection de la population et des infrastructures critiques. La défense aérienne est l’une de grandes priorités stratégiques de l’Ukraine. Rien que ce mois-ci, l’agresseur russe a lancé plus de 3 500 missiles et drones sur le territoire ukrainien.

« C’ est une nouvelle étape dans le développement du partenariat entre l’Ukraine, la Norvège et la société Kongsberg. Ensemble, nous réaliserons des projets dans le domaine de la production d’intercepteurs, le renforcement de la défense aérienne et de la protection maritime, des domaines dans lesquels Kongsberg est un leader mondial », a précisé le ministre de la Défense.

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Le président de la société norvégienne, Eirik Lie, a indiqué que le travail était mené dans la perspective d’un partenariat à long terme. Kongsberg souhaite notamment tirer parti de la force de l’industrie ukrainienne.

La Norvège coopère également avec l’Ukraine dans le domaine de l’utilisation des drones. Le ministre norvégien de la Défense, Tore Sandvik, estime que l’échange d’expériences avec les instructeurs ukrainiens ouvre de nouvelles perspectives pour la Norvège. Sandvik a souligné que la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine a montré comment les technologies changent la donne sur le champ de bataille. « Les drones sont devenus un facteur clé dans le développement des capacités de défense de demain. Les forces armées norvégiennes doivent être capables de les utiliser efficacement dans les airs, en mer, sous l’eau et sur terre afin de renforcer leurs capacités opérationnelles », a-t-il dit.

Selon le ministère de la Défense ukrainien, la production nationale d’armements couvre actuellement jusqu’à la moitié des besoins de l’armée ukrainienne. Dans le même temps, le pays adopte activement les normes de l’OTAN et devance déjà l’UE dans la production de nombreux types d’armements. Par exemple, l’Ukraine produit 20 obusiers « Bohdana » par mois, ce qui dépasse la production des obusiers français Caesar. La production ukrainienne pourrait même doubler grâce à un financement supplémentaire de l’Union européenne. La production de drones connaît une croissance rapide : en 2025, il est prévu de produire 5 millions de drones FPV, ainsi que 30 000 drones à longue portée et 3 000 missiles ailés.

Concernant la défense anti-aérienne, les récents essais menés par l’OTAN sur le territoire français sont importants. « Les essais ont été réalisés sur les polygones de la Direction générale de l’armement en France, au cours desquels différents systèmes intégrés ont été soumis à des tests rigoureux. Pendant plusieurs jours, les équipes ont évalué des systèmes de détection de pointe, des technologies de contrôle dynamique et des méthodes innovantes pour détruire des cibles simulées et réelles. Les représentants ukrainiens ont souligné le besoin urgent de systèmes de défense capables de contrer tout l’éventail des menaces aériennes modernes », a rapporté le service de presse de l’OTAN.

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L’Alliance a l’intention de renforcer la défense aérienne ukrainienne d’ici la fin de l’année. En particulier, les ingénieurs de la société allemande Diehl Defence travaillent déjà à l’amélioration du système de défense anti-aérienne IRIS-T. Ils prévoient de l’équiper d’une intelligence artificielle afin de permettre l’interception de missiles balistiques et hypersoniques. Les développeurs souhaitent également automatiser complètement les processus afin que l’équipement puisse viser le plus rapidement possible.