Yana Sidásh : « Je veux aider mon peuple qui souffre »

Culture
15 mars 2023, 10:08

Exposition de photographies sur l’Ukraine, jusqu’à 31 mars à Paris, galerie des éditions Maisonneuve & Larose / Hémisphères.

« Le fracas des bombes s’est à nouveau imposé en Europe. Il y a une ligne de front. Il y a le flot des informations. Il y a des analyses géopolitiques. Et il y a des images », dit Stéphane Herbert, commissaire de l’exposition. Il a raconté à The Ukrainian Week/Tyzhden.fr que l’idée de faire cet événement culturel venait de la maison d’édition « Hémisphères », dont la plupart des titres publiés relèvent du domaine des sciences humaines. « Nous avons choisi quatre photographes : deux ukrainiens, un suisse et un turc qui ne sont pas spécifiquement des photographes de guerre, mais qui documentent la vie en Ukraine en temps de guerre », nous a-t-il précisé.

Photo: Niels Ackermann

Pour la jeune photographe ukrainienne Yana Sidásh, qui commençait à découvrir le monde en se formant à la street photography, l’invasion russe du 24 février 2022 marque le début de son engagement : « Ma pratique photographique n’est plus seulement un moyen d’expression mais aussi une possibilité d’être utile à mon pays, à mon peuple qui souffre. Je n’arrive toujours pas à croire qu’au 21e siècle la logique de guerre existe encore, il ne devrait pas en être ainsi, jamais et nulle part ». Sa photo de baladins d’une crèche vivante posant dans les décombres d’une ville meurtrie de la région de Kharkiv illustre parfaitement un certain esprit de résistance.

Photo : Emre Caylak

Un autre ukrainien, Serhii Korovayny, tout comme le photographe turc Emre Çaylak, sont eux aussi impliqués, fournissant dans l’urgence la presse internationale. Si leurs photos montrent évidemment des soldats, les tranchées et les charniers, ils ne manquent pas non plus de documenter la vie quotidienne des civils en temps de guerre et s’inscrivent ainsi dans la tradition du photo-reportage tel que le concevait l’illustre Robert Capa. Un gamin tout à ses dessins et à ses rêves de paix est photographié au fond d’une cave par Serhii Korovayny. Emre Çaylak s’applique quant à lui à composer une image décrivant l’importance de la communication internet alors que la ville est plongée dans l’obscurité suite à une alerte.

Photo: Serhii Korovyany

Face à la tragédie, il est nécessaire de prendre aussi un peu de recul et la quête de nuance est un point cardinal du travail de Niels Ackermann. Parcourant l’Ukraine depuis 2009, le photographe suisse y a consacré trois ouvrages qui racontent avec subtilité un pays en transition, car « le monde est trop complexe pour être résumé par des oppositions binaires entre le bien et le mal, entre le juste et le faux, et il est souvent préférable de poser de nouvelles questions que d’apporter soi-même des réponses ». Sa photo d’un jeune homme de la génération post-Tchernobyl saisi en suspension dans un exercice de force évoquerait-elle à la fois le supplice et l’endurance d’une nation ? Une autre de ses photos, toute aussi forte, permet d’être témoin des émouvantes retrouvailles d’une famille sur le quai d’une gare au retour de l’exil.

Maisonneuve & Larose / Hémisphères Éditions

Adresse : 3 quai de la Tournelle, Paris 5e

Horaires et renseignements : www.hemisphereseditions.com/l-expo