La pensée monarchique à l’ukrainienne. Comment les partisans de Pavlo Skoropadsky ont construit un réseau international d’hetmans

Histoire
12 décembre 2022, 13:51

La pensée politique ukrainienne a connu non seulement une longue tradition républicaine, mais aussi une tentative de construction d’une monarchie, pendant la Première Guerre mondiale. Cet épisode historique est connu sous le nom du Hetmanat, incarné par un noble ukrainien Pavlo Skoropadsky.

A la suite de la révolution russe de février 1917 qui avait marqué la fin de l’empire tsariste, une première indépendance avait vu le jour en Ukraine de 1917 à 1922. Dans un premier temps, fut proclamée à Kyiv la République populaire ukrainienne et le pouvoir fut confié en 1917 à la Rada (Parlement) centrale avec à sa tête l’historien réputé et homme politique Mykhaïlo Hrushevsky. Il fut remplacé par Volodymyr Vynnytchenko de décembre 1918 à février 1919. Mais des dissensions internes amenèrent à la création de l’Hetmanat en décembre 1918. Son ambition était d’unifier les forces vives de la société ukrainienne et il fut instauré sur un modèle monarchique prévoyant la création d’une dynastie régnante à la tête de laquelle fut nommé Pavlo Skoropadsky, né en 1873 à Wiesbaden, soutenu par l’Allemagne et l’Autriche dont les troupes étaient présentes en Ukraine. L’idéologie du mouvement fut élaborée par l’homme politique et penseur ukrainien Vyacheslav Lypinsky (1882-1931). Le terme d’Hetmanat faisait référence aux «hetmans» ou «atamans», chefs de guerre chez les Polono-lituaniens puis à partir du XVIème siècle chez les cosaques ukrainiens.

 

Pavlo Skoropadsky (1873-1945)

 

Pavlo Skoropadsky était un descendant de la lignée des Skoropadsky qui aux XVIIème/XVIIIème siècles furent des hetmans à la tête des cosaques zaporogues ukrainiens. Très vite une opposition interne allait éclater, Skoropadsky fut destitué par Symon Petlura en 1918, ce qui mit fin à l’Hetmanat et fit place au Directoire ainsi qu’au retour de la République populaire ukrainienne. Toutefois, malgré la brièveté de son existence d’avril à décembre 1918, l’Hetmanat fut très prolifique, comme on le verra plus loin. Avec sa disparition, son idéologie portée par la figure de Skoropadsky en exil allait se poursuivre longtemps encore, notamment grâce à son fils Danylo, continuateur de l’œuvre de son père, et s’étendre en Europe de l’Est et Outre-Atlantique.

 

Participants au congrès de l’Union ukrainienne des agriculteurs-hommes d’État, Reichenau, 4-8 juin 1922

 

La défaite des luttes de libération nationale de 1917-1920 n’a pas empêché les dirigeants ukrainiens de chercher à restaurer une Ukraine unie et indépendante. La pensée étatique de l’émigration ukrainienne en Europe occidentale, au Canada, aux États-Unis, et plus tard en Amérique latine et dans les terres occidentales de l’Ukraine, a vu le renforcement du monarchisme. Ivan Lysiak-Rudnytsky (historien et politologue ukrainien -ndlr) a constaté que paradoxalement des quatre principales directions de la pensée politique (populisme, conservatisme, nationalisme et communisme), le conservatisme, « le plus faible et le moins soutenu par les masses, a apporté la plus grande contribution intellectuelle au cours de ce siècle.  » Cette direction était associée au célèbre historien, homme politique et penseur ukrainien Vyacheslav Lypinsky (1882–1931).

Il estimait que l’absence d’un centre fédérateur et d’une autorité reconnue, constituaient un danger aigu car les mouvements politiques et les forces sociales hostiles entre eux pouvaient diviser l’État. Seul un monarque pouvait assurer l’unité de l’État et son intégrité en personnifiant l’État et le symbole le plus élevé. « Sous la monarchie », soulignait Lypinsky, « la plus haute place de la représentation de l’État est occupée une fois pour toutes par l’hetman ». L’idéologue de ce mouvement n’était pas partisan de la monarchie absolue mais constitutionnelle « limitée et restrictive par la loi » à l’instar de l’Hetmanship des XVII-XVIII siècles.

La fondation de l’Union ukrainienne des fermiers étatistes à Vienne au printemps 1920 à l’initiative de Dmytro Doroshenko, Mykola Kochubey, Vyacheslav Lypynsky, Adam Montresor, Ludwig Sidletsky, Mykhailo Tymofiyiv et Serhiy Shemet, marque le début du mouvement monarchique ukrainien organisé ; le statut et les règlements de l’UUFE ayant été élaborés par Lypinsky et adoptés en janvier 1921. Le contenu du programme politique a été décrit dans son ouvrage Lettres aux frères agriculteurs. De 1920 à 1925, Lypinsky a édité à Vienne une revue de l’Université d’État ukrainienne Khliborobska Ukraïna (Litt. l’Ukraine productrice de blé).

Le projet de monarchie ouvrière en Ukraine reposait sur les principes suivants : 1) personnification de l’Hetman en tant que monarque héréditaire ; 2) structure classocratique de construction de la future société ukrainienne ; 3) association état-territoriale de la population de l’Ukraine ; 4) pluralisme politique et religieux. Le Conseil des jurés chapeauté par Lypinsky a dirigé l’UUFE et le jury comprenait l`Hetman Pavlo Skoropadsky (1873-1945), né à Wiesbaden, qui avec tous les membres du Conseil était soumis à ses décisions.

Une question importante qui s’est immédiatement imposée aux fondateurs du PC ukrainien et liée aux fondements idéologiques et politiques et à l’organisation du monarchisme ukrainien, était la question de la dynastie. Lypinsky pensait que l’élection d’un nouvel hetman à la tête de l’État monarchique ukrainien en exil n’était pas opportune, car l’État devait encore être conquis. Parallèlement, avant de retourner en Ukraine, il fallait que l’idée de monarchie héréditaire ukrainienne, symbole d’unité fût incarnée par une personne.

Expansion en Europe

Simultanément à la création de l’Union ukrainienne des fermiers étatistes dans les pays européens, où se trouvaient de nombreuses communautés d’émigration ukrainiennes, des organisations d’hetmans ont commencé à se former. L’une des premières, l’Union des agriculteurs d’Ukraine, fut fondée à Varsovie qui dès le début de son existence a annoncé son lien avec l’UUFE. Au printemps 1921, l’Organisation des agriculteurs catholiques d’Ukraine, rétablie dans l’émigration en Pologne, « se déclare également solidaire de l’idée d’un front agricole uni » et, par l’intermédiaire de ses représentants : Samijlo Pidhirsky et Stanislav Horvat, établit le contact avec l’UUFE et d’autres groupes agricoles à l’étranger. L’organisation a soutenu la monarchie héréditaire sous la forme de l’Hetmanat, un pouvoir qui jadis fut traditionnel en Ukraine.

À partir de 1921, des centres hetmans apparaissent en Bulgarie, en Tchécoslovaquie, en Serbie et en Estonie. En particulier, l’Union des agriculteurs de Serbie, dirigée par P. Matsko, regroupait principalement d’anciens prisonniers de guerre ukrainiens.

Les sympathisants de l’Hetmanat ont aussi tenté de construire des centres de partisans de Skoropadsky dans des camps pour soldats ukrainiens internés en Bulgarie et en Turquie. Avec le déménagement de Pologne en Roumanie et l’une des personnalités influentes de l’Union des agriculteurs d’Ukraine, Andriy Bilopolsky, l’Union des agriculteurs et des industriels d’Ukraine, fondée à Bucarest, a pu coordonner plus étroitement ses activités avec l’USCD La majeure partie des membres de l’organisation de cet hetman était composée d’émigrants ukrainiens de la région de Kherson et de Tavria (le nom ancien de la Crimée). Jusqu’en avril 1921, le centre principal du syndicat était à Chisinau en Moldavie, puis il a déménagé à Bucarest en Roumanie.

 

Vyacheslav Lypinsky (1882-1931)

 

Il a été reconstitué principalement aux dépens d’officiers supérieurs et de soldats de l’armée de Wrangel et d’anciens soldats des divisions Serdyutsky (en hommage à des formations militaires du XVIIème s. – ndlr). Le 26 mai 1921, les partisants de l`Hetmanat ukrainien d’Estonie ont fait appel à l’UUFE avec une demande d’envoi de documents statutaires afin d’enregister l’organisation locale d’hetmans. Les initiateurs étaient les dirigeants du comité des émigrés ukrainiens de la ville de Revel (actuellement Tallinn) dont une personnalité publique ukrainienne bien connue en Estonie, l’ingénieur V. Pototsky et un fonctionnaire de Zemstvo (assemblées provinciales sous l’empire russe, remplacées par les soviets locaux en 1918 – ndlr), l’agronome H. Harkushenko.

Dans leur allocution à l’UUFE, les initiateurs ont noté que l’idéologie de l’Hetmanat a aussi suscité l’intérêt des communautés ukrainiennes de Narva et Yuryev (ancien nom de la ville Tartu) en Estonie. Du 4 au 8 juin 1922, une réunion de membres d’organisations agricoles ukrainiennes s’est tenue dans la résidence de Lypinsky à Reichenau, en Autriche, avec la participation de l`Hetman Skoropadsky, à laquelle les branches de « l’Union des agriculteurs ukrainiens » en Allemagne, en Roumanie et un groupe d’agriculteurs ukrainiens en Bulgarie, ont participé à l’Union des agriculteurs d’Ukraine en Pologne. Les participants à la réunion ont créé l’organe exécutif du mouvement «hetmanien», à savoir le Conseil central des organisations agricoles unies dirigé par Ivan Leontovych et le secrétaire Serhiy Shemet.

En Tchécoslovaquie, l’organisation « Drapeau ukrainien » dirigée par J. Melnyk en 1925 a uni les émigrants monarchistes de l`Ukraine de Transdnipro (actuellement Dnipropetrovsk). Elle a agi avec le Groupe des partisans de l`Hetman à Prague dirigé par O. Shapoval et B. Gomzyn. L’organisation hetmanienne a aussi été créée en France : l’Union des agriculteurs ukrainiens. En Angleterre, notamment, en 1932-1934, fut publié un bulletin d’information en anglais Investigator.

De l’autre côté de l’Atlantique

À partir des années 1920, le mouvement hetmanien s’est considérablement renforcé au détriment des organisations de type «Sich» des États-Unis et du Canada, qui ont adopté l’idéologie de l’Hetmanat. Bien avant la Première Guerre mondiale, des émigrants ukrainiens étaient arrivés aux États-Unis, principalement de Galice orientale où ils étaient déjà unis par des activités dans l’organisation sportive et patriotique « Sich », fondée par Kyrylo Trilovsky en 1900. L’organisation a commencé son travail sous l’influence du Parti radical ukrainien de Galicie. Les émigrants des terres ukrainiennes occidentales, partis pour l’Amérique du Nord, ont commencé à s’unir dans des organisations de type «Sich» distinctes en raison du manque de communautés politiques nationales nouvellement créées. Lorsqu’une nouvelle vague d’émigration ukrainienne atteint les États-Unis et le Canada après la fin de la Première Guerre mondiale, les organisations «Sich», devinrent la force politique nationale la plus importante. En fin de compte, cette reconstitution s’était déroulée principalement aux dépens d’anciens soldats de l’armée galicienne ukrainienne, de l’armée active de la République populaire ukrainienne et de l’armée de l’État ukrainien.

Si sur le territoire ukrainien, ces organisations avaient un caractère semi-militaire, leur réinstallation massive comportant d’anciens militaires, a donné naissance à des centres militaro-patriotiques dans les villes où l’émigration ukrainienne était forte. Ainsi, dans le Michigan, le plus grand Sich était à Detroit, où en 1923 il comptait 500 membres. Le siège principal était situé à Chicago. Stepan Hrynevetsky (1877–1942), personnalité publique et politique ukrainienne bien connue, médecin de profession, fut élu otaman en chef. Sur le plan organisationnel, les Sichs était divisés en six districts : Philadelphie, Chicago, New York, Cleveland, Detroit, Pittsburgh. L’organisation a publié le magazine Sichovi visti, un bimensuel publié à New York de 1918 à 1923, et à partir de 1924 à Chicago sous le nom de Sich.

 

Hetmanska Sich. Cleveland, États-Unis, 1931

 

À l’été 1922, Osyp Nazaruk (1883-1940, homme de loi, publiciste et leader politique- ndlr) quitte Vienne pour le Canada au nom du gouvernement en exil d’Evgueni Petrouchevytch afin d’organiser une collecte de fonds auprès des Ukrainiens canadiens.

A cette époque, Nazaruk était déjà plein d’idées et l’idéologue Lypynskyi a grandement contribué au renforcement du mouvement hetmanien sur le territoire des USA et du Canada. En 1924, l’organisation du Sich subit une transformation rapide et radicale. Les 30 et 31 mai 1924, lors du cinquième congrès des Sichs, un nouveau statut est adopté, le système électif est aboli au profit de la nomination du chef par la direction du mouvement hetmanien.

Début novembre 1924, les Sichs américains se rallièrent aux positions d’hetman, reconnaissant la suprématie de Pavlo Skoropadsky comme Hetman légitime de l’Ukraine.

Des processus similaires ont eu lieu dans les Sichs au Canada, où l’idéologie hetmanienne a remplacé les idées radicales de gauche. Le 25 mai 1924, la Canadian Organization of Sich Riflemen élit Volodymyr Bosoy comme gardien en chef au congrès des Ukrainiens de l’Est du Canada à Toronto. Le 2 novembre 1924, l’acte de fusion des deux organisations Sich basées à Chicago est adopté à Detroit, le document ayant été signé par Hrynevetsky et Bosy.

À partir de ce moment, le Sich canadien adopta le nom d’Organisation Sich des Ukrainiens de la région canadienne, et Bosy fut nommé organisateur en chef.

En 1934, les organisations des Sichs aux USA et au Canada ont été rebaptisées Union des hommes d’État d’hetman d’Amérique du Nord et du Canada, et de nouvelles organisations d`hetman ont été fondées telles l’Organisation des ouvriers ukrainiens-classocrates au Canada et l’Union des hommes d’État d‘hetman de la charrue et de l’Épée en Argentine. Les organisations monarchistes ukrainiennes, contrairement aux autres groupes politiques ukrainiens, maintenaient une position légale et ne se sont jamais confrontées aux responsables gouvernementaux des pays où ils se trouvaient, quel que fût le pouvoir politique.

Sur les territoires galicien et volhynien

Les sentiments anti-polonais dans la société galicienne, le doute quant à la capacité du centre d’État dirigé par Petrushevych à prendre de véritables mesures pour la restauration d’une Ukraine indépendante, l’attitude sceptique de nombreux politiciens galiciens envers le mouvement d`UNR (République populaire ukrainienne), ainsi que la prise de conscience dans ce contexte de l’expérience positive de la construction de l’État à l’époque de Skoropadsky a alimenté le développement de sentiments pro-hetmanien en Galicie. Lviv et Peremyshl sont devenus les principaux centres d’activité de ces organisations sur les terres galiciennes. La formation du groupe galicien, qui a reçu le nom d’Organisation de la société d’intelligence hétaïre-monarchiste galicienne, a commencé en 1926. Il se composait principalement de scientifiques ukrainiens, d’intellectuels et de représentants de la petite noblesse, notamment M. Korduba, I. Krevetsky, I. Krypyakevych, I. Gladylovych et d’autres.

Un peu plus tard, une organisation de type hetman a aussi été formée en Volhynie. En janvier 1931, une organisation locale de l’Union ukrainienne des États-paysans est fondée à Varsovie réunissant les partisans de l’Hetmanat de Pologne. Ses membres comprenaient A. Montresor, E. Tomashivsky, L. Sidletsky, V. Moiseyenko et d’autres. Pendant longtemps, l’historiographie populiste soviétique et ukrainienne a cherché à minimiser l’importance du mouvement hetmanie et son influence dans les cercles d’émigration politique d’Ukraine. Cependant, le fait que les services spéciaux militaires polonais aient fortement développé leurs activités sur le territoire de l’Europe occidentale, témoigne clairement du contraire.

Ainsi, dans les documents du service spécial militaire polonais Dwójki, une attention considérable est accordée aux idéologues du monarchisme ukrainien, Lypinskyi et Skoropadsky, personnifiant l’Hetmanat. Tout d’abord, les officiers du renseignement polonais ont étudié les relations politiques et les contacts des deux personnalités ; le degré de popularité de l’Hetman au cours des années 1920 et 1930 ; les relations de l’Hetman avec les milieux militaires et politiques de l’Allemagne et en particulier avec le général Wilhelm Grener. Berlin et les villes de la République socialiste tchécoslovaque, où vivaient des personnalités militaires ukrainiennes célèbres comme les généraux M. Omelyanovych-Pavlenko (senior), V. Bilous-Savchenko et V. Petriv, furent scrutées séparément.

 

Le 12 septembre 1937, à Chicago, avec la participation de l’hetman Danylo Skoropadskyi, a eu lieu la consécration de l’avion « Kiev » de l’Union des États Hetmans.

 

La création de l’Institut scientifique ukrainien de Berlin, fondé en 1926 par les hetmans, avec l’aide de fonctionnaires du gouvernement allemand, a également attiré l’attention des « dwójki ». La publication de Military Herald, un magazine publié sous les auspices de l’Institut, a été accueillie avec une certaine inquiétude par les services spéciaux polonais, ainsi que le degré de popularité de l’Hetman au cours des années 1920 et 1930 et les relations de l’Hetman avec les milieux militaires et politiques de l’Allemagne.

Étudiant le développement des organisations hetman en Amérique, les services de renseignement polonais ont mis l’accent sur les organisations Sich, dont le nombre de membres était estimé à 25.000 personnes. Selon « dwójki », ils étaient bien organisés et disposaient d’un financement solide. Le magazine Sich, publié à Chicago et associé à des organisations ukrainiennes d’orientations politiques diverses, avait une diffusion assez importante en Galicie orientale. « Dwójka »a qualifié le Centre d’hetman de Prague « très bien organisé » par l’élite militaire ukrainienne dirigée par le général Mykhailo Omelyanovych-Pavlenko. Son nombre atteignait 200 personnes. Selon la même source, une autre branche de la RSS de Tchécoslovaquie : l’Union des agriculteurs-hetmans de l’Ukraine subcarpathique, comptait environ 500 personnes. Elle était dirigée par Vasyl Murashko.

Caractérisant les partisans de l’idée hetmanienne sur le territoire de la Galice orientale comme faisant partie de la Pologne, la même source a noté « une grande sympathie pour la noblesse de Skoropadsky, les propriétaires terriens et les citoyens du Zemstvo, qui ont des domaines sur le territoire de l’Ukraine, ce qui appartient à la Pologne. » Sympathie aussi pour le mouvement d`hetman de la part de personnalités gréco-catholiques, en particulier du métropolite Andrey Sheptytsky. Bien que l’hetman n’ait pas réussi à établir des contacts avec le Vatican à l’aide de ce dernier, la « dwójka » n’a pas exclu une telle possibilité dans un avenir proche.

Tentatives de reorganization

Déjà au milieu des années 1920, Pavlo Skoropadsky occupait un poste dans le camp d`hetman de l’émigration ukrainienne, qui dépassait le cadre d’un simple symbole de l’idée monarchique ukrainienne. Il a commencé à être perçu parmi les monarchistes ukrainiens comme seul prétendant à la future monarchie héréditaire ouvrière ukrainienne.

Profitant du renforcement de son autorité, l’Hetman cherchait à devenir le véritable leader du mouvement, ce qu’il devint lorsqu’il prit la présidence du Conseil du Jury à la fin de 1929.

Le 17 juillet 1937, Skoropadsky liquida l’UUFE et fonda en septembre l’Union des étatistes hetmaniens (UEH) sur une base fondamentalement nouvelle dont la direction fut entièrement entre les mains de la dynastie Skoropadsky.

Dans le même temps, son fils Danylo Skoropadsky a commencé à jouer un rôle important en tant qu’héritier du pouvoir de l’Hetman. Au cours des années 1933-1937, il mit en œuvre les instructions de son père en matière de politique intérieure et étrangère.

Au cours de son voyage aux États-Unis et au Canada en1937, il mena une vaste campagne auprès de l’émigration ukrainienne et augmenta considérablement le nombre de partisans du mouvement hetman. Au début du printemps 1939, Danylo Skoropadsky partit pour la Grande-Bretagne au nom de son père afin de diriger le mouvement hetman en Europe occidentale en cas de guerre. «En 1948, en tant qu’Hetman, il fut à la tête de la direction suprême de l’Union des étatistes hetmaniens. En 1949 il fut élu président honoraire de l’Union des Ukrainiens de Grande-Bretagne».

La mort de Danylo Skoropadskyi en 1957, âgé de 53 ans, dans des circonstances obscures suggère qu’il fut une autre victime de Moscou, comme Yevhen Konovalets, Roman Shukhevych, Stepan Bandera.

Après la mort du fils de l’Hetman Pavlo Skoropadsky en 1957, selon les « Actes sur l’héritage du pouvoir de l’Hetman et l’ordre de la succession légale dans notre famille sur la base du principe d’ancienneté », la fille aînée de Pavlo Skoropadsky, Maria (mariée Montresor), a dirigé le mouvement hetmanien et sa structure politique, l’Union des étatistes hetmaniens. Après sa mort en 1959, Elizaveta Skoropadska (épouse Skoropadska-Kuzhim, 1899‒1976) prend la tête du mouvement hetman.