Suite au retrait du président Joe Biden de la course présidentielle et à la nomination par la convention démocrate de Kamala Harris, les propagandistes russes lancent une vague de désinformation contre la candidate du Parti démocrate, imprégnée de racisme, de sexisme et de théories du complot.
À la télévision russe, le doyen de la faculté des relations internationales de l’université d’État de Moscou, a dénigré Kamala Harris en affirmant que « Kamala avec le bouton nucléaire était pire qu’un singe avec une grenade ». Dans la continuité de cette attaque raciste, le célèbre propagandiste Vladimir Soloviev a diffusé une vidéo du candidat républicain Donald Trump moquant le rire « fou » de son adversaire. Lors d’une autre émission de la même chaîne Rossiya 1, le député de la Douma, Oleg Matveychev a dit de la candidate démocrate qu’elle était « mal dégrossie », ajoutant que « Biden représentait un vestige de l’ancienne Amérique conservatrice… » alors que Kamala Harris était « le diable dans sa forme la plus pure ». Le tabloïd russe Komsomolskaya Pravda a décrit Kamala Harris comme « la complice d’un canard boiteux avec un bouton nucléaire », alors qu’un autre propagandiste russe, Sergueï Mardan, l’a qualifiée de démocrate « aussi insolente que Pinocchio ».
Le ton de ces attaques contraste nettement avec les propos plus modérés du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a simplement noté que « beaucoup de choses peuvent encore changer » d’ici les élections. Selon lui, Vladimir Poutine a des préoccupations plus pressantes que des querelles politiques à l’étranger.
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Cependant, cette indifférence affichée par le Kremlin ne trompe personne : Kamala Harris est effectivement le « nouveau punching-ball de la Russie », selon l’expression du média en ligne Politico. La publication souligne que Moscou exploite l’instabilité politique aux États-Unis pour se présenter comme une alternative à l’Occident : « Les médias d’État et de nombreux messages pro-Kremlin sur les réseaux sociaux répètent sans cesse le même récit : Biden est un échec, Harris est malveillante et la démocratie américaine est fondamentalement corrompue – un sentiment également partagé par Trump ».
L’objectif de la Russie est clair : discréditer Kamala Harris
Nina Jankowicz, experte en désinformation en ligne et auteure d’une étude sur la violence sexiste contre les femmes candidates, indique qu’il y a quatre ans, 78 % des attaques ciblaient Kamala Harris, alors sénatrice de l’État de Californie et colistière du candidat démocrate. Les accusations les plus courantes prétendaient que Kamala Harris avait réussi grâce à la « promotion canapé », en raison de sa relation passée avec le politicien californien Willie Brown dans les années 1990. En 2020, Kamala Harris a également été visée par des rumeurs complotistes affirmant qu’elle était en réalité un homme. Ses photos ont été retouchées pour la faire paraître plus masculine et les activistes de QAnon lui ont inventé un passé détaillé mais entièrement fictif.
« [Après le retrait de Joe Biden] ces récits toxiques ont refait surface, accompagnés d’attaques racistes visant les parents de Kamala Harris. Pour certains critiques, au contraire, la candidate démocrate n’est pas « assez noire » ou « assez indienne », note Nina Jankowicz, avant d’ajouter, « L’objectif est clair : discréditer Kamala Harris et remettre en cause son autorité et sa compétence à exercer ses éventuelles futures fonctions ».
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L’experte conclut que les femmes des partis démocrate et républicain devraient dénoncer ces attaques sexistes et sexualisées contre Kamala Harris pour envoyer un message fort : la misogynie n’a pas sa place dans la politique américaine.