Les femmes en politique : toujours sous-représentées, selon l’ONU

Politique
9 août 2024, 17:59

La candidature de Kamala Harris à la présidence des États-Unis remet en avant l’importance de l’égalité de participation et du leadership des femmes en politique et dans la sphère publique. Une étude de l’ONU Femmes, l’organisme de l’ONU relatif aux femmes, montre que dans le monde, elles demeurent à ce jour sous-représentées à tous les niveaux de prise de décision, ce qui signifie que l’égalité des sexes en politique est encore loin d’être atteinte. 

Au 1er juin 2024, vingt-sept pays comptaient vingt-huit femmes chefs d’État ou de gouvernement, une progression par rapport à il y a dix ans où seuls dix-huit pays étaient dans ce cas.  « Au rythme actuel, atteindre l’égalité des sexes aux plus hauts postes prendra 130 ans », souligne l’ONU Femmes.

De même, les statistiques montrent qu’au 1er janvier 2024, les femmes ne représentent que 23,3 % des ministres dans le monde. Seuls quinze pays ont un chiffre supérieur à 50 %, dont la Finlande, où douze ministères sur dix-neuf sont dirigés par des femmes, le Nicaragua (dix sur seize), le Liechtenstein (trois sur cinq), la Belgique (huit sur quatorze) et Andorre (six sur onze). Ces chiffres sont particulièrement bas au Pakistan, en Inde, en Turquie, en Iran, en Russie, en Ouzbékistan, en Biélorussie et en Chine, tandis qu’il n’y a aucune femme ministre en Azerbaïdjan, en Hongrie, au Yémen, à Vanuatu et en Arabie saoudite.

Lire aussi: Mobilisation des femmes : pourquoi le service militaire en Ukraine reste l’affaire des hommes   

Par ailleurs, les femmes ministres continuent d’être chargées des portefeuilles liés essentiellement aux affaires sociales, à l’éducation, à l’égalité des sexes et aux minorités, tandis que les ministères régaliens restent majoritairement confiés à des hommes.

Les femmes parlementaires

D’après l’Union interparlementaire Parline, qui publie régulièrement des données mondiales sur les parlements nationaux, seulement 26,9 % des parlementaires dans le monde sont des femmes, contre 11 % en 1995. Seuls six pays comptent 50 % ou plus de femmes dans les parlements monocaméraux ou dans les chambres basses : le Rwanda (61 %), Cuba (56 %), le Nicaragua (54 %), Andorre (50 %), le Mexique (50 %), la Nouvelle-Zélande (50 %) et les Émirats Arabes Unis (50 %).

Vingt-deux autres pays atteignent ou dépassent le seuil de 40 %, dont douze Europe, cinq en Afrique, quatre en Amérique latine et aux Caraïbes, et un dans la région Asie-Pacifique. Parallèlement, vingt et un pays dans le monde comptent moins de 10 % de femmes parlementaires. En juin 2023, Oman, Tuvalu et le Yémen n’avaient aucune femme parlementaire.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, 36 % des parlementaires sont des femmes, tandis qu’elles sont 33 % en Europe et en Amérique du Nord. En Afrique subsaharienne, 27 % des législateurs sont des femmes, 23 % en Asie de l’Est et du Sud-Est, 20 % en Océanie, et seulement 18 % en Asie de l’Ouest.
« Au rythme actuel, la parité dans les parlements nationaux sera atteinte en 2063 au plus tôt », souligne le rapport de Parline.

Lire aussi: Les femmes en Crimée : 10 ans d’occupation et de résistance   

Les femmes élues locales

Les données de cent-quarante-et-un pays révèlent que trois millions d’élus locaux sont des femmes (35,5 % du total). Seuls trois pays – Antigua-et-Barbuda, l’Islande et la Bolivie – ont atteint la parité, et dans vingt-deux autres pays, les femmes sont représentées à plus de 40 %. L’Ukraine est classée 63e avec moins de 30 % des élues locales.

Les variations régionales dans la représentation des femmes dans les conseils locaux peuvent être considérables : 41 % des élus locaux sont des femmes en Asie centrale et du Sud, 37 % en Europe et en Amérique du Nord, 32 % en Océanie, 31 % en Asie de l’Est et du Sud-Est, 27 % en Amérique latine et aux Caraïbes, 25 % en Afrique subsaharienne et 20 % en Asie occidentale et en Afrique du Nord.

Les femmes en politique : quels bénéfices 

Le partage du pouvoir entre femmes et hommes dans la prise de décision est l’un des objectifs qui fait consensus au niveau international et est inscrit dans la Déclaration et le Programme d’action de Beijing. Bien que la plupart des pays n’aient pas atteint la parité, les quotas de sexes ont significativement contribué aux progrès réalisés au fil des années. Dans les pays imposant des quotas, la représentation des femmes dans les parlements et administrations locales est respectivement supérieure de cinq et sept pour cent par rapport aux pays sans législation similaire.

« De nombreuses preuves montrent que le leadership féminin dans les décisions politiques améliore ces processus. Par exemple, une étude sur les conseils locaux en Inde a révélé que les districts dirigés par des femmes réalisaient 62 % de projets relatifs à l’accès à l’eau potable de plus que ceux dirigés par des hommes. En Norvège, une relation directe a été observée entre la présence de femmes dans les conseils municipaux et une meilleure prise en charge des enfants par les services de garde », conclut l’étude.