Sans les occupants. Comment les habitants de la ville de Kherson vivent-ils après la libération?

Guerre
29 décembre 2022, 10:46

Des obus sifflent dans l’air. Notre groupe de journalistes tente de rester près d’une clôture en grille métallique coiffée de barbelés, surplombant la cour du centre de détention local de la rue Teploenergetikov. Pendant l’occupation de Kherson, les Russes y ont installé une prison ainsi qu’une chambre de torture. L’air vibre: un tir de missile arrive de la gauche. L’explosion semble provenir d’une zone à un peu plus d’un kilomètre. Une minute plus tard, un bruit de métal déchiré résonne sur la droite: c’est une autre série d’obus lancés par les Russes depuis la rive gauche du Dnipro. Quelques minutes plus tard, l’armée ukrainienne répond. Une série d’explosions se fait entendre. D’abord elles sont plus sonores, après quelques secondes elles deviennent plus sourdes. Il s’agit de «sortants» et «d’arrivées» de la part de l’armée ukrainienne. Règne ensuite un silence assourdissant et pesant.

Quelques hommes avec des énormes bouteilles vides passent devant nous. Un puits d’approvisionnement en eau se trouve à quelques rues de là. C’est la seule source d’eau potable de la ville. A quelques centaines de mètres de là, les habitants font la queue devant un magasin proposant pour la majeure partie des produits russes. Nous entrons pour nous y réchauffer. De nouvelles explosions retentissent. Les gens se réfugient à l’intérieur, loin du terrain à découvert et du verre, se cachant derrière des murs de briques, dérisoires protections.

« Excusez-moi, vous avez de la betterave? J’en ai besoin pour le borchtch », – demande quelqu’un depuis un coin éloigné de la salle. Tous les présents rient nerveusement. De l’autre côté du mur, le générateur bourdonne. La routine d’une ville ukrainienne libérée.

Salle de torture

Avant la guerre, la population de Kherson se montait à environ 280.000 personnes. Désormais, selon le conseiller régional de Kherson, Serhiy Khlan, il en reste à peine 80.000. La ville a été sous occupation russe pendant plus de huit mois. Les forces d’occupation y sont entrées le 1er mars et s’en sont retirées le 9 novembre. Pendant ce temps, les Russes en ont profité pour voler des centaines de tonnes de céréales. En septembre, l’administration d’occupation a organisé un pseudo «référendum» dans la ville. Selon Moscou, le taux de participation aurait été d’environ 50%. Le 5 octobre, le président russe Vladimir Poutine a signé un décret sur l’adhésion des territoires temporairement occupés d’Ukraine, dont Kherson, à la Fédération de Russie. Mais un mois plus tard, le 9 novembre, le ministère de la Défense russe a annoncé le retrait des forces d’occupation. Selon le premier Vice-Ministre de l’Intérieur, Yevgeny Yenin, lors du retrait des troupes, les Russes ont détruit un grand nombre d’installations d’infrastructures critiques de la ville: les lignes d’électricité, les conduites d’eau et de gaz. Les forces armées ukrainiennes sont entrées dans Kherson le 11 novembre.

Notre groupe de journalistes est toujours devant les portes du centre de détention temporaire. Nous attendons que les policiers nous autorisent à entrer car une reconstitution est en cours avec d’anciens prisonniers russes. L’attente devait durer environ une demi-heure, mais elle en est maintenant à sa troisième heure. Pour nous réchauffer, nous allons au bar, devant le magasin, pour chercher du café. Nous rencontrons une vendeuse locale. Elle se prénomme Natalia, une fausse blonde, de taille moyenne, trop maquillée. Au début, elle n’est pas très bavarde et refuse catégoriquement d’être prise en photo.

« Les Russes ont occupé ce centre de détention dans les premiers jours de mars. Peut-être même dès le premier jour de l’occupation. Vous savez, ces 8 mois d’occupation nous ont semblé n’être qu’un seul long et interminable mois. Nous n’avons pas remarqué que l’été était passé et l’hiver arrivé. Les gens étaient emmenés dans des camions. C’étaient tous des résidents locaux », raconte Natalia. Elle a continué à travailler dans un bar pendant toute l’occupation, elle a donc vu et entendu beaucoup de choses.

« Je ne sais pas ce qui s’y passait. Parfois, on entendait des cris effrayants. Il y avait des parents de prisonniers près de l’entrée, avec des paquets: des provisions, leurs affaires d’hiver. Ils étaient venus ici prendre un café. Et pour qu’ils n’entendent pas ces cris, nous avions mis de la musique très forte dans la cour », – raconte la vendeuse d’une voix douce.

A cet instant, une femme en doudoune rouge arrive dans la cour du centre de détention. Elle va de porte en porte, essayant d’entrer à l’intérieur. Mais en vain. Elle s’arrête devant l’entrée principale, regardant autour d’elle avec embarras. Nous demandons si nous pouvons l’aider.

« Voyez-vous… j’ai un mari. Ils l’ont emmené. Il se trouvait ici. Il a été placé en détention en septembre. Ils ont dit que c’était un terroriste. Il a été enfermé ici. Et puis… Je ne sais pas. J’ai entendu dire qu’ils l’ont emmené sur la rive gauche du Dnipro », explique-t-elle nerveusement.

C’est Valentina. Avant l’invasion, son mari travaillait comme chauffeur pour l’un des responsables des chemins de fer locaux; pendant l’occupation il a perdu son travail. Il a alors commencé à travailler avec sa femme au marché pour gagner de l’argent. Le 9 septembre, les choses ont changé. Il était 10 heures du matin. D’habitude, à cette heure-là, Valentina a fermé son commerce et s’en retourne chez elle. Ce jour-là, comme d’habitude, elle a commencé à rassembler (et ranger ?) des boites de marchandises avant de rentrer. Ce n’est qu’une fois son travail terminé qu’elle s’est aperçu de la disparition de son mari.

« J’étais surprise : pourquoi est-il parti sans moi ? Des gens gentils m’ont ramené chez moi. Devant notre maison, j’ai vu notre voiture. J’étais très en colère. Je pensais que mon mari m’avait laissée seule au marché. Et puis je suis allée dans l’appartement. Il y avait plusieurs inconnus. Je ne me souviens pas exactement du nombre. L’un d’eux était en habit de camouflage militaire, les autres étaient en civil. Mon mari était debout dans le couloir. Les mains derrière le dos. Il était menotté. Je ne sais pas ce qu’ils cherchaient, » – se souvient Valentina nerveusement.

Les obus sifflent à nouveau. C’est une autre attaque depuis la rive gauche du Dnipro occupée par les Russes. Une forte explosion retentit. Nous réagissons à l’instinct, nous nous accroupissons et nous écoutons l’air. Une autre série d’explosions: la première est plus forte, la suivante est plus faible. Les militaires ukrainiens ripostent. La femme continue son récit.

« Ensuite, je suis allée au bâtiment de la Cour d’appel. C’est ici, à Kherson. Les Russes y ont installé le bureau du commandement militaire, apparemment. Là, j’ai appris que mon mari était dans le centre de détention, et qu’il était suspecté de terrorisme. J’ai protesté: de quoi parlez-vous? Il a 70 ans, il est déjà grand-père. J’ai commencé à lui apporter des paquets, de la nourriture, des vêtements, des couvertures. Mais je ne l’ai pas vu une seule fois. Vers la fin du mois d’octobre, certains des prisonniers ont été libérés. J’espérais que mon mari serait libéré lui aussi. Je l’ai attendu ici. Plus tard, d’autres prisonniers libérés ont indiqué qu’ils auraient été transportés sur la rive gauche du Dnipro, vers les territoires occupés. Maintenant, je cherche à qui je dois m’adresser pour le retrouver », se désespère-t-elle en pleurant.

Une voiture de police arrive. Les obus sifflent à nouveau, c’est une autre attaque. Nous demandons à voir l’endroit où les habitants de Kherson ont été détenus. Après réflexion, les officiers de police nous autorisent finalement à y entrer. Mais nous avons seulement 20 minutes avant l’arrivée d’autres anciens prisonniers des occupants.

«Il y a beaucoup d’investigations en cours, chaque jour nous trouvons de nouveaux prisonniers, nous devons parler à chacun. On ne sait pas combien de gens ont été détenus ici. Je ne peux même pas vous donner un chiffre approximatif. Certains ont été libérés, d’autres ont été emmenés dans les territoires occupés, d’autres encore ont disparu. Ce dont nous sommes sûrs c’est qu’il y avait beaucoup de prisonniers et qu’ils ont été torturés», explique un officier de police répondant au pseudo «Marcel».

Nous entrons dans le centre de détention. La première chose qui saute aux yeux – c’est l’énorme grille grise du hangar pour les vans de la prison. Derrière eux se trouve l’entrée vers les couloirs sombres du centre de détention. L’obscurité est striée de lambeaux de lumière pénétrant à travers les barreaux des fenêtres sales. Nous sommes rejoints par Viacheslav, un des anciens prisonniers. Il semble avoir environ 60 ans, ses mains et son visage sont verdâtres. Il tient un sac en plastique contenant de la nourriture et des bougies. Il a passé quelques jours derrière ces murs pendant l’occupation et en parle aux journalistes. Nous marchons lentement dans les couloirs. Nous inspectons les salles jonchées de montagnes d’ordures. Les Russes laissent toujours tout en désordre. Tout à coup, nous remarquons une pièce vide avec trois chaises dans les coins.

«C’est ici que les gens étaient torturés. Au moins une de ces pièces. Ils m’ont assis sur une chaise, il y avait un téléphone avec deux fils sur la table. L’un des Russes les connectait à mon corps et tournait le cadran du téléphone», dit tranquillement Vyacheslav.

Nous demandons à voir la pièce dans laquelle il était détenu. A travers les ténèbres, nous montons au premier étage. Les pièces ici sont différentes: il y a des lits, qui se résument à de simples planches. Il y a des toilettes isolées et, comme l’explique l’homme, une douche. Sous nos pieds des matelas, des couvertures et des habits. On trouve également les seuls livres que les Russes ont autorisé à lire. Il s’agit principalement de classiques russes ou de littérature religieuse: la Bible, des livres de prière. Nous entrons dans une des cellules.

« C’est ici qu’ils m’ont enfermé. Les fenêtres donnaient sur le bar. Je crois, que nous y étions huit. Il n’y avait pas assez de place pour tout le monde. Et ici, sur le mur en face de la douche, les Russes avaient écrit leur hymne. Ils nous ont obligé à l’apprendre. De temps en temps, un vérificateur entrait dans la cellule. Nous devions nous lever et crier «Gloire à la Russie, gloire à Poutine, gloire à Shoigu ». À ce moment-là, l’homme redresse instinctivement son dos et ses épaules : « Si on ne criait pas, nous étions battus. Ensuite, ils pouvaient nous demander de chanter un hymne. Si nous ne connaissions pas les mots – nous étions battus, » – Viacheslav marche en rond.

Les autres pièces ne sont pas très différentes: des montagnes d’ordures et des murs peints. Presque toutes les cellules portent des symboles russes : soit des drapeaux, soit des armoiries peintes. Il y a également de l’art populaire, mais il est difficile de comprendre s’il a été écrit par des Russes ou des prisonniers eux-mêmes.

« On s’en fout de Biden ou Macron,
Nous sommes pour la Russie et les forces spéciales
Pour le Sud et le Nord, pour le Donbass
On va nettoyer toute la saleté
D’un coup»

Nous passons les portes métalliques séparant la rangée de cellules du reste du bloc et pénétrons dans des pièces plus lumineuses. Des Russes ont vécu ici. L’air est plus frais. On voit des restes de nourriture et de divers condiments. Des uniformes. Une boite de livres dans un coin. L’un d’eux est intitulé « La troisième guerre psychotonique mondiale a déjà commencé! » (psychotonique : sous substance stimulante psychoactive – ndlr)

« Nous supposons que c’était la bibliothèque des occupants. Ils devaient se divertir d’une manière ou d’une autre. Les habitants ont dit qu’ils ne sortaient pas souvent en ville. Et il y a eu quelques rotations de personnel militaire dans ce centre. Il est certain que la Garde nationale et les hommes de Kadyrov ont été stationnés ici. Le 20 octobre, certains des détenus ont été libérés. D’autres ont a été déplacés dans les territoires occupés. Ces transferts se sont déroulés sur quelques jours. Nous ne savons pas ce qu’il est advenu de ces gens. Nous essayons de les trouver », explique «Marcel».

Les prisonniers suivants attendent leur tour pour témoigner. On nous demande de sortir afin de ne pas gêner le travail des forces de l’ordre. Nous nous rendons au point suivant, au son des explosions de l’artillerie. C’est le musée d’histoire locale. Là-bas, les Russes ont volé environ 10.000 pièces.

Un musée pillé

Nous conduisons très rapidement le long du Dnipro, passons devant des cratères d’obus récents et nous atteignons le musée. Nous sommes accueillis par deux gardes. L’un d’eux, Anatoliy, parle volontiers de la vie quotidienne sous l’occupation.

« Je suis gardien dans ce musée depuis 20 ans. Vous savez quel âge j’ai? J’ai 70 ans. Et pendant l’occupation, nous avons travaillé ici aussi. Notre directrice (Tatiana Bratchenko – ndlr) a fait tout son possible pour plaire aux Russes. Elle les accueillait, les attendait et leur offrait des excursions. Et puis, elle s’est enfuie en Russie. Prétendument à St.Petersburg. Elle a dit que son mari avait besoin d’une opération chirurgie urgente et très compliquée », raconte Anatoliy.

Nous entrons dans le musée. Ici, comme dans tout Kherson, il n’y a ni électricité ni chauffage. Mais au moins on est à l’abri du vent. Nous nous asseyons donc contre un mur, près d’une lampe alimentée par des piles. Le garde nous montre deux énormes blocs de pierre qui se trouvent à l’entrée. Il précise que les Russes ont tenté de les voler. Mais ils n’ont pas réussi à les soulever, car chacun pèse environ 1,5 tonne. Ils les ont donc laissés en place.

« C’était le 24 octobre. Si je me souviens bien, trois camions et plusieurs bus avec des gens de Crimée sont arrivés. Ils l’ont dit eux-mêmes. Deux femmes étaient également avec eux. D’après ce que j’ai compris de leurs conversations, elles étaient employées d’un musée de Crimée. Elles étaient en charge de tout ici, » – se souvient le gardien.

Selon Anatoliy, certains objets ont été placés dans ces camions, tandis que d’autres ont été emportés par des agents en civil.

« Peut-être les ont-ils pris pour leurs collections personnelles. Comment sont-ils arrivés au musée ? Notre manager leur a ouvert toutes les portes. Puis il a couru partout et a crié qu’il serait pendu : soit par des Russes, soit par des Ukrainiens. Où est-il maintenant – Dieu seul le sait. Probablement, il a fui vers la rive gauche avec les Russes. Je sais qu’il est recherché », dit Anatoliy.

Olena, l’ancienne secrétaire du musée, vient vers nous avec un groupe de journalistes. Cette femme, deux gardes et une autre employée du musée, actuellement interrogée par le SBU, forment le reste du personnel du musée. Olena précise que de nombreux médias sont venus au musée ces derniers jours, et qu’elle doit donc faire des visites complètes, en parlant des objets volés.

« Allons ensemble, restez groupés. Si vous avez des questions sérieuses sur les expositions elles-mêmes, je ne serai malheureusement pas en mesure d’y répondre. Je ne suis pas historienne, pas ni archéologue, je suis secrétaire. Je ne suis donc pas une experte en patrimoine historique, » – précise la femme dès le début.

Nous marchons dans la pénombre des couloirs du musée. Il semble que tout va bien: les objets sont en place. Voici des dents de mammouth, voici des fossiles, des peluches représentant les animaux vivant sur les territoires de la région de Kherson.

« La salle de paléontologie et la salle avec les animaux empaillés sont intactes. Il est possible que les Russes n’aient pas compris leur valeur. Toutes les salles suivantes ont été pillées », raconte Olena.

Nous sommes dans une salle consacrée à la Grèce antique. Il n’y a plus d’amphores anciennes trouvées par les archéologues, plus d’outils des premiers hommes. Les vitrines sont vides. Il ne reste que quelques discrets objets exposés et les plaques explicatives. La salle suivante était consacrée à l’ancienne cité-Etat d’Olbia (près du village de Parutino dans la région de Mykolaiv). L’un des artefacts les plus intéressants ici était un masque exposé dans une boîte séparée encastrée dans le mur. Les Russes l’ont cassée avec un pied de biche. Des boîtes contenant des papiers sont éparpillées sur le sol. L’une d’entre elles est particulièrement remarquable : elle contient un paquet du parti « Plate-forme d’opposition – Pour la vie » (un parti pro-russe du parlement ukrainien, dont l’un des dirigeants, Viktor Medvedchuk, était un proche du président russe – Ndlr).

« Notre héritage de la réserve nationale historique et archéologique « Olbia» est perdu. Dans la pièce suivante, il y avait des objets liés à la Turquie. En particulier des canons, des pierres tombales. Les Russes ont tenté de voler les canons, mais ils n’ont pas réussi à les faire descendre du premier étage du musée. Ils ont brisé certaines pierres tombales. Ils ont détruit une partie des objets exposés qu’ils n’ont pas pu retirer des supports. Comme par exemple un gobelet en verre du 5e siècle de notre ère. Ils l’ont simplement écrasé », se désole une employée du musée.

Nous traversons encore quelques salles vides. Ces pièces se ressemblent toutes: les vitrines sont vides, des éclats de plexiglas et de verre brisé jonchent le sol. Enfin, nous atteignons dans la dernière salle, consacrée à la Seconde Guerre mondiale. Il y avait là des objets ayant appartenu aux habitants de Kherson qui s’étaient opposés à l’armée nazie: des médailles, des ordres, des armes, des uniformes et des photographies. Les Russes n’ont laissé que ces dernières. Des photos d’hommes et de femmes ayant pris les armes contre les envahisseurs il y a 80 ans, gisent dans des cadres brisés sur le sol. Des empreintes noires sont tout ce qui reste de la présence de décorations militaires volées.

« Les Russes prétendent qu’ils respectent leurs grands-pères combattants. Mais ils ont volé toutes les armes, les décorations, les uniformes, et même une copie de la clé de Potsdam. Ce sont des maraudeurs. Ils ont profané cette mémoire », se plaint Olena.

Nous l’accompagnons dans le couloir commun, près de l’immense escalier que nous avons quitté il y a une heure. Je vois la porte d’une autre pièce fermée. Je demande ce qu’il y avait là. La femme soupire.

« Là-dedans se trouvait une exposition sur le Holodomor ( la grande famine artificielle organisée par Staline en Ukraine dans les années 1930 -ndlr), la révolution de la Dignité et la guerre dans le Donbass. Pas grand chose: des photos, des moulages de cocktails Molotov, quelques pneus, des uniformes pixelisés. Mais les Russes, avec notre directrice, ont détruit ces expositions dans les premières semaines de l’occupation. Même les supports ont été enlevés », témoigne l’ancienne secrétaire du musée.

Kherson s’enfonce dans l’obscurité. Les habitants vivent sans lumière, sans eau, sans chauffage, sous la menace des bombardements. « Ce n’est rien, disent les gens du coin. L’essentiel est qu’il n’y ait plus de Russes ici. Nous avons attendu les Ukrainiens pendant de longs mois et nous n’allons pas partir d’ici ».