Selon des renseignements occidentaux, le chef du Kremlin se retrouve dans un « état de tension inhabituel ». Cela signifie que Poutine pourrait « d’une manière complètement nouvelle » intimider l’Occident avant les élections présidentielles américaines. Le journal allemand Redaktionsnetzwerk Deutschland rapporte que 32 pays de l’OTAN se préparent et débattent des futurs actions possibles de Poutine.
Les discussions seraient actuellement un peu plus nerveuses que d’habitude. Bien qu’il n’y ait pas de consensus sur ce à quoi il faut s’attendre, tout le monde s’accorde à dire qu’il existe un « état de tension inhabituel ». Il pourrait s’agir d’une réaction à la suite des revers subit par chef du Kremlin. La Chine poursuit sa prédation à l’égard de la Russie en tant que nouvelle colonie économique, l’Inde fournit secrètement des munitions à Kyiv par l’intermédiaire de pays tiers et la Turquie exige clairement le retour de la Crimée à l’Ukraine. Les affaires diplomatiques et militaires ne devaient pas se passer ainsi pour Poutine.
C’est pourquoi les dirigeants des services occidentaux attendent du dictateur russe une action encore plus dangereuse, à la forme d’une « surprise d’octobre ». Pendant des décennies, les politologues américains utilisent cette expression pour décrire la tournure souvent surprenante des événements dans les semaines précédant l’élection présidentielle américaine.
« En 2024 (année électorale) la crise internationale s’aggravant dramatiquement, pourrait donner une mauvaise image des démocrates au pouvoir à Washington – et aider Donald Trump et les républicains à gagner », écrit Redaktionsnetzwerk Deutschland.
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Selon Nick Lange, chercheur principal à la Conférence de Munich sur la sécurité et responsable de la planification au ministère fédéral de la Défense allemand, Poutine a consciemment créé au fil des années un large répertoire d’options qu’il peut utiliser à tout moment : « cela va de la manipulation des réseaux sociaux aux États-Unis, à l’embauche de jeunes petits criminels européens pour allumer des incendies en Europe, jusqu’à la destruction manifeste de satellites occidentaux dans l’espace ».
Comme le fait remarquer un chef des services de renseignement baltes, Poutine ne se préoccupe pas d’une menace particulière, d’un acte terroriste ou même d’un acte militaire, car du point de vue stratégique russe, ce sont les « effets de second ordre » qui sont les plus importants, à l’image de leurs influences économiques, politiques et psychologiques dans le monde.
« L’objectif classique de Poutine, officier du KGB de formation, est ce que Staline appelait la « décomposition ». L’Occident doit être désorienté, remettre en question ses propres gouvernements, se soumettre à la peur de Moscou et perdre la volonté de se défendre », rappelle le militaire balte.
Les services occidentaux ne seraient pas autant sous tension s’il n’y avait pas eu récemment une provocante augmentation des activités suspicieuses de la part des Russes à travers l’Europe. Les cyberattaques d’origine russe contre les réseaux militaires et civils occidentaux sont de plus en plus nombreux et agressifs. Parfois, des inconnus coupent les lignes électriques des postes d’écoute militaires éloignés de l’OTAN, dans la partie nord de la mer Baltique.
Les cinq scénarios de Poutine
Le journal Redaktionsnetzwerk Deutschland a publié une liste de cinq options pour Poutine qui préoccupent l’Alliance atlantique. Le premier d’entre eux est la présence de drones russes au-dessus des pays de l’OTAN.
« Du point de vue de Poutine, les provocations par drones peuvent être utilisées pour semer la discorde au sein de l’Alliance. En septembre, ils ont déjà violé l’espace aérien de la Roumanie et de la Lettonie. Comme ce n’est pas la première fois, le groupe des « Neuf de Bucarest » (Roumanie, Bulgarie, Pologne, République tchèque, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovaquie, Hongrie, Estonie) prône une position plus dure à l’égard de la Russie au sein de l’OTAN. Cela entraînera l’abattage systématique des drones russes par des systèmes de défense aérienne communs, mais pourrait aussi augmenter le risque d’une confrontation entre l’OTAN et la Russie », indique l’article allemand.
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Le deuxième scénario est celui du terrorisme islamique, car il serait dans l’intérêt de Poutine qu’une nouvelle vague de terreur secoue le monde occidental. « Des groupes soutenus par l’Iran, allié de la Russie qui contrôle plusieurs groupes terroristes au Moyen-Orient, pourraient mener ces attaques. Le service de renseignement britannique (MI5) voit des signaux indiquant que la Russie s’est déjà penchée sur cette voie », écrivent les journalistes allemands.
Une autre variante de la « surprise d’octobre » de Poutine est l’escalade avec l’utilisation d’armes chimiques. Selon les conclusions d’experts américains et britanniques, en mai, les troupes de Poutine en Ukraine utilisaient de la chloropicrine, une substance toxique à effet suffocant.
« Une telle escalade contre les soldats ukrainiens constituerait une nouvelle violation du droit international, semant la peur et la terreur en Ukraine, en ayant pour objectif à terme de tester des « bombes nucléaires tactiques » », note le média allemand.
Le quatrième scénario est une perturbation des communications occidentales. L’activité des navires russes à proximité de câbles sous-marins transatlantiques a récemment suscité des inquiétudes quant à la connectivité du réseau Internet entre l’UE et les États-Unis. Si Poutine parvient à désactiver, même temporairement les communications par satellite, les experts estiment que l’impact psychologique sur la société occidentale sera plus fort que prévu.
La prochaine option est une intervention en Moldavie et en Géorgie. « Les élections fatidiques auront lieu en Moldavie le 20 octobre et en Géorgie le 26 octobre. Dans les deux pays, la question est de savoir si le processus de démocratisation en coopération avec l’Union européenne se poursuivra. Dans le même temps, la Russie mène des campagnes de désinformation massives dans les deux pays afin de ralentir sa progression vers la démocratisation. Les partis pro-Poutine soutenus par Moscou y contribuent en payant de l’argent à leurs partisans pour les votes et en menaçant physiquement leurs opposants », écrit le Redaktionsnetzwerk Deutschland.
Il est difficile de prédire si l’une de ces variantes de la « surprise d’octobre » de Poutine se réalisera. Cependant, ce qui est déjà clair, c’est que la communauté internationale doit agir de manière plus décisive pour protéger non seulement l’Ukraine, mais aussi ses propres pays.