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[post_content] => Cet été, il fait chaud en Ukraine comme partout en Europe. Les vendeurs de rue s’équipent de parasols et attendent patiemment les passants pour vendre barquettes de fraises et de cerises. Parfois, la pluie vient apaiser la chaleur estivale, mais les coups de tonnerres perturbent les Kieviens dont le système nerveux a été éprouvé par des attaques des Shaheds, des missiles balistiques Iskander, des Kalibrs et des missiles hypersoniques Kinjal d’une portée de 2.000 km. On sursaute à chaque grondement, mais on se protège grâce au système de défense nationale qui est l’humour. Certains exigent d’annuler les orages jusqu’à la fin de la guerre.
« Mon père a aménagé une cave en cas de guerre nucléaire », j’entends deux adolescents discuter dans la rue. Mais la préparation des civils ne se résument pas à la protection en cas d’attaque. De nombreux cours et formations sont proposés et sont recherchés par les civils, que ce soient les hommes qui n’ont pas encore été mobilisés, ceux qui sont « réservistes » pour cause d’activité professionnelle indispensable à l’effort de guerre (par exemple parce qu’ils fabriquent des produits pour l’armée, sont dans le secteur de la santé, de l’audiovisuel, de l’éducation ou de l’agriculture), ou ceux qui ont passé l’âge d’être mobilisé. Ils sont également fréquentés par des femmes. Les formations les plus courantes sont les cours d’aide médicale où l’on apprend les gestes de premier secours, comment poser un garrot en cas de blessure, et, pour les plus sophistiqués, où l’on imite une attaque, suivie d’une évacuation de blessés et où on décompte le nombre de personnes qui ont survécus à la fin. [readAlso title:" Lire aussi: "] L’histoire d’une jeune femme qui sauve des soldats ukrainiens [/readAlso] Un autre type de formation répandu propose d’apprendre à piloter les drones - les soi-disant « drones de mariage » type Autel américains ou DJI Mavic chinois, utilisés surtout pour du renseignement, et les drones de type « kamikaze » (FPV, ou « first-person view » pilotés par l’intermédiaire de lunettes vidéo) ou des « ailes » plus sophistiquées, réservées aux militaires ou ceux qui s’engagent à rejoindre l’armée. Par ailleurs, des unités de défense territoriale, des brigades de l’armée ou des associations proposent des cours complêts pour devenir soldat. Ici, sont fournies les connaissances théoriques en médecine, en tactique militaire, en cartographie, l’apprentissage du tir, une préparation physique mais également des cours de psychologie. 

Un jour, Valerij a été contacté par un journaliste anglais qui était à la recherche d’une femme pilote de drone pour le renseignement aérien et qui pourrait partager son expérience militaire. Valerij en a trouvé une et en cherchant, il a eu l’idée de créer une école pour en former d’autres. Il semble que son école est la première au monde à être réservée aux femmes. Les participantes, si elles sont civiles, sont formées en contrepartie d’un don de 225 euros qui est utilisé pour payer l’essence, les drones, la rémunération des instructeurs et la formation de femmes militaires ou bien de celles qui se destinent à rejoindre l’armée. Par ailleurs, l’unité travaille sur la production d’un drone humanitaire « Guêpe », d’un drone d’attaque pouvant aller jusqu’à 150km/h baptisé « Riposte », et bien d’autres projets. [readAlso title:" Lire aussi: "] Les conséquences de la guerre sur la santé mentale : entre 10 et 15 millions d’Ukrainiens pourraient avoir besoin d’une prise en charge thérapeutique [/readAlso] Après l’annonce de l’ouverture de l’école, 200 candidatures ont été reçues en quelques semaines. Depuis, plus de soixante civiles et une vingtaine de militaires ont été formées. Parmi les civiles, se sont d’abord présentés les mannequins et salariés de la Fashion week de Kyiv, puis les salariées des médias et d’autres femmes dont les hommes sont partis au front. Toutes veulent être utiles à l’effort collectif de guerre et acquérir une compétence qui pourrait servir dans l’armée. 

Le ministre de la Culture Oleksandr Tkatchenko, hué face aux panneaux exigeant sa démission, expliquait la politique du livre de l’État. Le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba est venu parler, sous les ovations des visiteurs, de son livre La guerre pour la réalité qui décrypte le travail de communication, la guerre d’information et l’esprit critique, sorti en 2019 et raflé en quelques heures des stands du festival pour la séance de signature. Philarète, chef de l'Église orthodoxe d'Ukraine du Patriarcat de Kyiv, et le ministre de la Défense y ont fait également leur apparition. Le festival s’ouvre par la présentation du livre Je me transforme de Volodymyr Vakoulenko, écrivain pour enfants, assassiné par les militaires russes lors de l’occupation de la région de Kharkiv au printemps 2022. Le livre présente ses poèmes et son journal intime que l’écrivain a eu le temps d’enterrer dans le jardin juste avant de se faire enlever. La dernière inscription y était « Je crois en notre victoire ». [readAlso title:" Lire aussi: "] Les notes d’un écrivain ukrainien assassiné vont être publiées [/readAlso] Plus de 100 événements ponctuent les quatre jours du festival avec des projections, des expositions, des lectures, des tables rondes, des performances, des concerts et un stand-up. 77 éditeurs ont présenté 1300 nouveautés parues courant l’année précédente. Pour la première fois, l’organisation des stands a été confiée aux libraires et non pas aux éditeurs qui sont restés frustrés par cette innovation.
La guerre est omniprésente. Après les zones « fiction », « art », « littérature pour enfant », « BD », et avant la « non-fiction » - « Livres sur la guerre russo-ukrainienne ». Le programme propose des séances de témoignage des femmes qui ont été prisonnières de guerre, des écrivains, poètes et réalisateurs devenus soldats, et des militaires qui se sont mis à écrire. On parle aussi de l’écriture du journal en temps de guerre. Le témoignage du vécu de l’indicible qui a besoin d’être mis en paroles empreigne les journées. L’un des débats se clôt par la question « Aura-t-on notre Remarque ? », et il semble que l’écrivain-soldat Saigon ou la poétesse Yaryna Tchornogouz sont en lisse. Mais la place à part est réservée à la la littérature jeunesse, traduite, sous forme de livres-jeux ou encore d’auteurs ukrainiens pour notamment permettre d’aborder la guerre avec son enfant. La joie, la musique et la poésie sont aussi au rendez-vous. Les rencontres littéraires, lectures de poèmes laissent la place aux projections de documentaires. Les soirs sont ponctués par les concerts : de l’Orchestre philharmonique de Marioupol, des chanteurs ukrainiens « Pyrig i batig ». [readAlso title:" Lire aussi: "] Olga Tokarchuk : « Nous assistons au déclin des divisions binaires : l’humain contre la nature, l’homme contre la femme » [/readAlso] La poésie du jour laisse la place à une nuit de sirènes du vendredi. La Russie a envoyé plus de 20 missiles balistiques sur Kyiv. Je me déplace dans la garde-robe sans fenêtres et dors matelas par terre. L’explosion au dessus de la tête. L’un des vingt missiles est abattu à proximité. Le matin nous déplorons la mort de cinq civils dans un immeuble où des débris ont détruit plusieurs appartements. Mais on retourne aux livres. Le festival est hébergé à l’Arsenal d’art qui donne son nom au festival, un bâtiment de style classiciste construit en tant qu’atelier de fabrication et de stockage de munitions en 1784 sur ordre de la tsarine Elizabeth 1re et transformé en musée en 2006. Lors de cette édition, aucun livre n’est vendu en russe. L’édition ukrainienne est en ébullition. De nombreux livres ont été traduits en ukrainien. Le public s’affole aux stands non-fiction et achètent les livres pour comprendre l’histoire de l’Ukraine (de l’ukrainien Yaroslav Hrytsak, de l’incontournable professeur de l’histoire de Yale Timothy Snyder « Le chemin de la non-liberté », ou encore de Serhii Plokhiy récemment traduit en français) et d’autres peuples qui ont vécu la guerre, le génocide, les régimes autoritaires. Les biographies, les reportages, les récits historiques partent à grande vitesse. Mais également les décryptages du fonctionnement des médias, des théories du complot, de l’opinion publique. Puis, les gastronomie et coutumes régionales. Le président et sa femme ont d’ailleurs acheté Les théories du complot. Comment (ne pas) devenir un théoricien du complot, Quand vais-je enfin dormir suffisamment ? et L’appel pour Job. Chroniques de l’invasion, entre autres titres. T.Snyder est intervenu à distance avec un discours et a déclaré, « Sacrifier la liberté pour la sécurité est une erreur et une déclaration erronée. Après tout, liberté et sécurité vont de pair. Cela est clairement visible dans les territoires qui sont libérés par les forces armées : les territoires deviennent sûrs parce qu'ils deviennent libres, et vice versa ». La littérature de fiction n’est pas en reste. Evgenia Kouznetsova, une jeune écrivaine en vogue, a sorti il y a quelques mois son roman L’échelle. Elle raconte avec beaucoup d’humour la cohabitation d’une famille ayant fuit la guerre jusqu’en Espagne chez un jeune informaticien qui lutte contre sa culpabilité de ne pas avoir pris les armes et contre sa famille qui envahit son intimité. L’autrice confie lors d’une table ronde ses craintes à sortir le livre au moment où les morts s’accumulent sur le front et susciter une indignation. Mais il semble que le rire soulage et le roman a eu du succès. [readAlso title:" Lire aussi: "] Les Tchèques, champions d’Europe de la lecture [/readAlso] Olga Karri vient pour une séance de signature pour son essai sur les règles, leur perception et préjugés de l’époque soviétique à nos jours, La croix, ou le livre le plus sanglant. Bogdan Logvynenko livre le dernier jour du festival son recueil de reportages Dé-occupation. Histoires de la résistance des Ukrainiens sorti tout juste de la presse d’une imprimerie dans la région de Kharkiv qui vit sous les missiles. L’historien, originaire de Zaporijjia, Edouard Andriutshchenko livre des histoires tirées des archives du KGB : des artistes y croisent des espions, des tueurs et des agents de l’État. Mais le plus grand succès, et ma dernière révélation littéraire, est Il y a la terre derrière la tranchée, où Anastasia Levkova raconte la Crimée, son histoire tumultueuse, le destin des Tatars de Crimée, l’imbrication des cultures et des identités, et la relation qui lie la penincule au continent.
La table ronde qui a réunit l’écrivaine vivant à Paris Irena Karpa, l’universitaire Tatiana Ogarkova, co-autrice d’un podcast « L’Ukraine face à la guerre », et reporteur et écrivain Oliver Truc s’est attardé sur un sujet en plein mouvement Comment parler de l’Ukraine en France . Ce dernier a partagé son ressenti : « Je veux vous dire bravo, de pouvoir organiser l’événement dans ce contexte et attirer tous ces jeunes. Sachez que votre courage est admiré. Vous êtes porteurs des valeurs européens qui feront l’Europe de demain. Beaucoup de gens vous regardent ! ». Iryna Slavinska, modératrice et responsable du programme littéraire du festival constate l’absence de la compréhension des conditions matérielles de la guerre auprès des journalistes occidentaux. En plein début de l’invasion, en mars 2022, un journaliste lui demande les coordonnées d’un confrère ukrainien à Marioupol, raconte-t-elle atterré. Elle lui répond, « Savez-vous ce que c’est la vie à Marioupol en ce moment ? Il n’y a pas d’électricité, pas de réseau, pas d’eau, pas de nourriture. Même avec le numéro, vous aurez très peu de chance de joindre le collègue ». Le journaliste dit, « Auriez-vous le numéro de votre collègue dans le Donbass alors ? ». Irena Karpa partage ses défis à affronter les généraux et amis de la Russie sur les plateaux TV français, qui a fait du chemin en ce qui concerne la connaissance de l’Ukraine. « La guerre est une leçon de géographie », enchaîne Olivier Truc.
J’étais bénévole sur le stand de non-fiction tenu par la librairie Sens qui a attiré plus d’une trentaine de bénévoles pour l’aider à accueillir et conseiller les visiteurs. Créée tout juste en janvier 2022, elle est l’une des plus connue à Kyiv un an plus tard et suscite des demandes d’ouverture de franchises dans plusieurs villes en Ukraine. « Votre librairie russophobe » comme elle se positionne dans sa communication, se concentre, sans être exclusive sur la littérature de non-fiction, sur l’urbanisme, l’histoire, la société. Le panier moyen d’un visiteur au salon que j’observais était de 12-15 euros, certains livres de designs graphique – à 20-30 euros. Le salaire minimal en Ukraine est de 167 euros. [readAlso title:" Lire aussi: "] Un livre, c’est aussi un plaisir : Comment la lecture est popularisée dans le monde [/readAlso] D’ailleurs, les conditions matérielles du festival suivent l’éclectisme du programme littéraire. Quelques camionnettes proposent « tcheboureks » de la cuisine tatare de Crimée, quiches et fromage grillé, burritos mexicains, cidre et bière. « Ils auraient pu installer un foodtruck de pizza », grogne une visiteuse assise à côté de moi alors que je termine ce délicieux chausson de pâte a viande frit de nos voisins de Crimée. Depuis que j’ai quitté l’Ukraine en 2006, le pays s’est ouvert au monde. Les avocats sont sur les étals de chaque supermarché, la plante à huître servie dans un café sur la place de Bessarabie. La nourriture est politique. Witold Szablowski dans ses livres explorent le pouvoir d’asservissement de la nourriture au service des dictateurs et présente au festival après les succès de son œuvre Comment nourrir un dictateur récemment acheté par Netflix, La cuisine de la terreur. L’engouement des ukrainiens pour la littérature, révèle-t-il encore une facette de la bataille des sens ? En tout cas, le livre devenu une « arme » comme l’a souligné Zelensky lors de sa visite, est plus que jamais entre les mains des Ukrainiens.
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Cours pour des civils mis en place par la ville de Kyiv en juillet 2023
La ville de Kyiv a lancé en juillet des cours de préparation pour les civils aux conditions de guerre. Je les ai suivis. On y apprend les effets des armes chimiques, bactériologiques et nucléaires et comment s’en protéger (quelle position prendre en cas de frappe nucléaire – il faut surtout se mettre de dos ou s’abriter derrière un bâtiment ou objet solide) ; les risques liés aux mines et notamment à la « feuille verte » qui pullule dans les forêts et les champs ukrainiens (elle ne tue pas mais arrache un pied). On y apprend à tirer avec une arme d’entraînement face à l’écran. Je fais 5 sur 5.
Entraînement au tir
Dans le groupe, il y a 14 femmes et 4 hommes âgés de 18 à 65 ans. Quelques-unes demandent des conseils pour savoir comment parler avec les militaires revenus du front. Le mari de l’une d’elle, rentré de Bakhmout, est à l’hôpital psychiatrique. A son retour du front, quelqu’un lui a demandé s’il avait tué quelqu’un, raconte-t-elle. Une autre femme, la cinquantaine, dit avoir voulu aller au front au début de l’invasion, mais ses amis l’ont retenue. Son fils est militaire, et maintenant que sa fille a fêté ses 18 ans, elle se sent libre et commence à se préparer pour intégrer l’armée. Une autre formation pour laquelle j’ai opté est une école unique en son genre. « Les pilotesses de l’Ukraine » a été créée à l’été 2022 par Valerij Borovyk, homme politique, entrepreneur et commandant de l’unité des drones de combat « Aigle blanc ». Plus d’une vingtaine d’écoles forment en ce moment en Ukraine au pilotage des drones de tout type, avec un public prioritairement militaire et majoritairement composé d’hommes.

Exercice de lâcher d’un moulage pour imiter une charge « explosive » du haut de 120 mètres
Nos instructeurs sont militaires et parsèment les exercices d’histoires du front, perturbent notre examen avec des émissions électroniques pour brouiller la réception GPS du drone et donc nous priver du contrôle de l’engin, situation constante au front. Après avoir reçu nos diplômes, nous pique-niquons sous la protection des militaires qui s'entraînent. Olga travaille dans la fédération cycliste d'Ukraine et me dit calmement qu'elle pense rejoindre l'armée, une fois son diplôme de Master en gestion des associations en poche, en janvier 2024. Une autre participante pense rejoindre l’armée un peu plus tard, une fois un projet d’envergure passé. J’y songe aussi et cherche des renseignements auprès de celles qui y sont déjà. Aujourd’hui, l’école va plus loin et développe un cours plus fourni pour les militaires avec des éléments supplémentaires utiles au pilotage dans les conditions qu’on trouve au front : comment contrer les outils de guerre électronique qui brouillent et font perdre le contrôle sur les drones, comment s’orienter dans des conditions réelles, la tactique – plus de quarante-cinq heures de cours pendant quelques semaines.
Notre groupe avec les diplômes
Il y a aussi les hommes qui se préparent à une potentielle mobilisation. Certains ont commencé à le faire bien avant l’hiver 2022, dans les unités territoriales de défense, leurs clubs de sport ou entre amis. D’autres s’y sont mis depuis le début de l’invasion à grande échelle. Mykola, 37 ans, habite à Kyiv avec sa femme et son fils de 10 ans. Après l’invasion de la région de Kyiv, sa famille s’est abritée dans la cave d’une maison à la campagne à quelques dizaines de kilomètres. Elle a réussi à la quitter au moment d’intenses frappes et avant qu’elle ne soit entièrement brûlée. De retour à Kyiv en avril, Mykola s’est équipé, avec une arme, casque, gilet pare-balles, et a commencé à s’entraîner avec trois amis, chaque deuxième samedi du mois, sur un terrain militaire. Il pratique le tir, étudie la tactique d’infanterie, et fait aussi du sport au sein de son club de fitness. Directeur financier au sein d’une entreprise d’agroalimentaire, Mykola bénéficie d’un statut de « réserviste » dû à son poste qui le protège de la mobilisation pendant six mois, reconductibles. Mais il se prépare tout de même à une potentielle mobilisation et y voit « un outil de confiance personnelle », notamment car il sait que la période de formation est courte pour les nouvelles recrues avant d’être envoyé sur les lignes du front. Il s’est engagé à aider les militaires au front depuis le début de la guerre en 2014, et aujourd’hui se projette lui-même dans cette situation. Il a ainsi plus de temps et de moyens pour se préparer, lui qui n’a tenu une arme qu’une fois dans sa vie. Chaque entraînement d’une demi-journée est payé 4,000 UAH, soit 100 euros, qui servent à former les militaires et renouveler l’équipement. C’est donc un investissement dans sa préparation et dans l’effort global du pays. [readAlso title:" Lire aussi: "] Valentyn Badrak : « La retenue occidentale contraint Zelensky à développer l’industrie militaire » [/readAlso] L’équipement personnel, soit le casque, le gilet pare-balle, la trousse de secours personnel et le vêtement d’été, coûte aujourd’hui environ 2,000 dollars, auxquels il faut ajouter 1,000 à 1,300 dollars pour un arme AR-15 de base avec un viseur. Ainsi, on s’équipe à l’avance en prenant le temps de choisir l’équipement qui va prolonger la durée de vie d’un soldat ou bien en lançant des collectes après de son cercle amical et familial au moment de mobilisation, l’armée fournissant un équipement d’une qualité parfois bien moindre… Mykola a également suivi des cours de pilotage de drones auprès de l’association de Maria Berlinska « Les oiseaux enragés ». Elle forme et équipe de drones les unités militaires. Dans le groupe de départ de Mykola, l’un de ses amis est déjà dans l’armée. Un deuxième est sur le chemin pour le rejoindre. Un troisième pour le moment se contente de s’entraîner. Mais la mobilisation bat son plein et elle s’approche à grand pas pour chacun des participants. [post_title] => A l’école de la guerre, comment les civils se préparent à la mobilisation [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => closed [ping_status] => closed [post_password] => [post_name] => a-l-ecole-de-la-guerre-comment-les-civils-se-preparent-a-la-mobilisation [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2023-09-04 18:11:41 [post_modified_gmt] => 2023-09-04 18:11:41 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://tyzhden.fr/?p=5032 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw ) [1] => WP_Post Object ( [ID] => 4806 [post_author] => 6 [post_date] => 2023-06-29 15:59:11 [post_date_gmt] => 2023-06-29 15:59:11 [post_content] => L'Arsenal du livre est l'un des plus grands festivals de l'édition et de la culture en Ukraine. Il achève actuellement ses activités à Kyiv. Maryna Kumeda, politologue et écrivaine franco-ukrainienne, partage ces impressions avec Tyzhden.fr dans son reportage. Partie de Paris sur le vol de 13h30, j’arrive à Kyiv en bus depuis Varsovie à 12h45 le lendemain. Ce trajet mettait jadis 3h et 48 minutes. Avant que la Russie ne commence l’invasion à grande échelle. La guerre se passe sur tous les fronts, et les tranchées sont aussi faites de sens et de mots. Ainsi, le principal festival littéraire qui se tint du 22 au 25 juin 2023 porte bien son nom - « Arsenal du livre ». L’événement culturel majeur du pays mélange les genres - littéraire, théâtrale, visuel, cinématographique, - et pose les questions de société d’actualité. La 11ème édition, après celle annulée en 2022, a accueilli familles, visiteurs étrangers, et beaucoup de jeunes. Je me remémore la foule de la Foire du livre à Paris, en avril 2023, plutôt âgée, à l’exception du coin manga. Ici, j’ai tout vu : les adolescents aux oreilles d’elfe et maquillage en paillettes, des familles de Kyiv et de banlieue, des habitués et des novices, en baskets plus souvent qu’en chaussure de ville, beaucoup d’enfants accueillis dans une aile dédiée de la littérature jeunesse, des toboggans et des animations. Dès l’ouverture, le thème « Chaque chose compte » prends tout son sens au sein de la société qui est en train de redéfinir ses valeurs. Après avoir signé la loi « difficile » 2309-IX interdisant l’importation et la vente de livres russes, Volodymyr Zelensky a trouvé un créneau dans son agenda chargé et est venu faire un tour du festival que Porochenko n’a visité que le lendemain. Le nom de Zelensky figure d’ailleurs sur le panneau « Lingvo-cide » créé par l’association Valence. Ré-examen , puisqu’au temps de sa présidence en 2020 des livres en ukrainiens étaient encore soumis aux destructions. Il figure également dans le stand-up qui clôture le salon : « C’est long… C’est comme les efforts de Zelensky pour amener son 73 % d’électeurs à la lucidité. Lentement, lentement, allez, encore un peu. Venez, je vais vous montrer le chemin ».


