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[post_content] => Dès le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, le Kazakhstan a adopté une position prudente. Sans renoncer aux relations avec la Russie, le pays tente par tous les moyens de se distancier de la guerre déclenchée par Moscou. Astana envoie de l’aide humanitaire à l'Ukraine, refuse de reconnaître l'occupation russe des territoires ukrainiens et déclare publiquement qu'elle n'aidera pas son voisin du nord à contourner les sanctions internationales. Le gouvernement du Kazakhstan s’en tient à cette ligne, créant parfois des situations qui peuvent sembler ambiguës aux Ukrainiens.
Ambassadeur, interview et yourte
Ces derniers mois, les relations russo-kazakhes ont été marquées par un certain nombre d'affrontements diplomatiques. Fin décembre 2022, dans une interview accordée à l’organe de propagande Spoutnik, l'ambassadeur russe Alexei Borodavkin a évoqué la montée des sentiments nationalistes au Kazakhstan. Il a notamment déclaré que, si nécessaire, la Russie pourrait aider le Kazakhstan à «
combattre les nationalistes. » Ces déclarations ont provoqué une levée de boucliers dans la société kazakhe et le ministère des Affaires étrangères du pays a convoqué l'ambassadeur pour des consultations. Dans la déclaration finale, le ministère a souligné que la frontière kazakho-russe est la plus longue frontière terrestre du monde et a souligné qu'elle est aujourd'hui «
complètement délimitée. » Le processus de sa démarcation conformément aux normes du droit international est en cours d'achèvement, a ajouté le département. Cette partie de la déclaration indique clairement à la Russie la limite à ne pas franchir. Puis, en réponse aux critiques de l'ambassadeur, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que les journalistes avaient attribué au diplomate des propos sur la russophobie et l'extrémisme au Kazakhstan. Dans le même temps, il a lui-même accusé les politiciens kazakhs de tenir des propos virulents contre la Russie. Cependant, les relations kazakho-ukrainiennes ont aussi connues leurs moments de tension. À l'automne 2022, Petro Vroublevsky, ambassadeur ukrainien à Astana, dans une interview accordée au blogueur kazakh Dias Kuzairov a déclaré, parlant de l'armée russe en Ukraine: «
Nous essayons de les tuer autant que possible. Plus nous tuons de Russes maintenant, moins nos enfants auront à en tuer. » Pour cette raison, Vroublevsky a ensuite été convoqué pour des consultations. Les Kazakhs ont opposé un refus à la demande de la Russie de l'expulser, mais quelques mois plus tard, l'ambassadeur a été discrètement démis de ses fonctions. Les diplomates russes et ukrainiens au Kazakhstan reçoivent le même signal : ne pas faire entrer la guerre dans le pays, même en paroles. Néanmoins, le Kazakhstan est prêt à défendre ses relations amicales avec l'Ukraine face à la Russie. Début janvier, avec l'aide du pays d'Asie centrale, plusieurs «
yourtes d'invincibilité » (des lieux où les habitants peuvent venir se réchauffer, charger leurs téléphones etc. – ndlr) ont été montées, dont l'une a été construite à Bucha. À l'époque, le Kazakhstan avait été critiqué par la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, qui avait laissé entendre que l'information au sujet de la yourte était «
probablement fausse. » Cependant, Astana a assuré que la yourte avait bien été installée, mais que le Kazakhstan n'y voyait aucun inconvénient. Ainsi, jusqu'à présent, Astana a pu minimiser l’impact des attaques des officiels russes, évitant une escalade des tensions.
Côté économique de la question
Le Kazakhstan doit aussi agir avec prudence en matière économique. En janvier-octobre 2022, Astana a augmenté ses exportations vers la Fédération de Russie de 15 % par rapport à l'année précédente. Étant donné que ses propres importations depuis la Russie n'ont pas changé, le pays a réussi à faire évoluer la balance commerciale en sa faveur, principalement grâce à l'expansion des approvisionnements en uranium, zinc et autres minéraux. Dans le même temps, Astana accorde une grande attention à la limitation des relations économiques avec la Fédération de Russie. Par exemple, début février 2023, le Kazakhstan a fermé sa mission de représentation commerciale en Russie. La déclaration officielle du ministère de l'Industrie et du Commerce du pays indique qu'actuellement, «
toutes les conditions institutionnelles ont été réunies pour que les entreprises kazakhes travaillent dans la direction russe et résolvent tous les problèmes opérationnels. Dans le même temps, les personnels ainsi libérés viennent renforcer la présence diplomatique du Kazakhstan dans d'autres pays. » De plus, au moins en janvier de cette année, plusieurs concessionnaires de marques automobiles bien connues ont cessé de vendre des voitures à des Russes qui ne sont pas enregistrés au Kazakhstan. On peut y voir la crainte de sanctions secondaires de la part des constructeurs automobiles et de l'arrêt des approvisionnements. Les voitures représentaient une part importante des marchandises importées en Russie depuis le Kazakhstan, permettant ainsi grâce à ces «
importations parallèles » de contourner les sanctions. Toujours en janvier, le Kazakhstan s'est retiré de l'accord sur la conversion mutuelle du rouble et du tenge (la monnaie du Kazakhstan – ndlr). Bien que l'accord ne soit plus en vigueur depuis un certain temps, le nombre de reportages récents sur les relations économiques russo-kazakhes indique l’importance majeure de cette question pour Astana.
Nouvelles des fronts du pétrole et du gaz
Le Kazakhstan possède ses propres gisements d'hydrocarbures, mais le pays dépend fortement de l'infrastructure pétrolière et gazière russe. À l'été 2022, la Russie a utilisé le pipeline par lequel le pétrole kazakh est exporté pour faire pression sur Astana, provoquant un affrontement économique avec son voisin du sud. A cette époque, Kassym-Jomart Tokayev, président du Kazakhstan, a entrepris de diversifier les routes d'acheminement du pétrole kazakh vers l'Europe. La situation dans les relations énergétiques des deux pays s'est quelque peu améliorée au fil du temps, mais la confiance a été fortement ébranlée. C’est notamment pour cela que le Kazakhstan et l'Ouzbékistan ont réagi avec beaucoup de prudence à la proposition russe de créer une «
union du gaz ». Cependant, bien que le projet ait été généralement critiqué, les négociations en ce sens sont toujours en cours. Dans le même temps, le contenu des feuilles de route récemment signées par Gazprom de manière bilatérale avec ces deux États est encore inconnu. Autre nouvelle inquiétante dans ce domaine : la société russe Lukoil a signé un accord de développement du champ pétrolier de «
la Mer de Kalamkas » sur le plateau de la mer Caspienne au large des côtes du Kazakhstan, rapporte KazTAG. Le ministère de l'Énergie du Kazakhstan a indiqué que le développeur du champ doit payer une redevance de 32 millions de dollars, fournir des investissements de 6 milliards de dollars et créer deux mille emplois au stade initial.
Divorce lent
De manière générale, malgré le soutien humanitaire apporté à l'Ukraine, le Kazakhstan reste fortement dépendant de la Fédération de Russie. Le politologue kazakh Akhas Tajoutov explique dans son interview pour Eurasia news, que durant les deux années écoulées, des politiciens, journalistes et experts russes ont parlé de la présence de «
complices nazis » au gouvernement du Kazakhstan et ont lancé des accusations contre Askhat Aimagambetov, ministre de l'Éducation et Sciences, et Askar Oumarov, ministre de l'Information et du Développement social. «
Les résultats ne se sont pas fait attendre longtemps, » souligne Tajoutov: Oumarov a été démis de ses fonctions en septembre 2022, Aimagambetov - en janvier de cette année. Les ministres ont été renvoyés aussi discrètement que Vroublevsky. Dans ce pays d'Asie centrale, on observe les exemples de l'Ukraine d'un côté et de la Biélorussie de l'autre, et on tentent de les contourner en se glissant au milieu. On ne sait pas si le Kazakhstan sera en mesure d'éviter à la fois la guerre et la perte de souveraineté sur la voie d'une séparation à part entière de la Fédération de Russie. Mais, pour des raisons de justice, il convient de noter que c'est Astana qui, au cours des trois décennies d'indépendance, a bénéficié le plus de ses relations avec la Russie parmi d'autres États post-soviétiques, tout en ne se laissant pas absorber.
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[post_content] => L'architecture de sécurité européenne doit être repensée. Il devrait y avoir une place réservée à la Russie aussi, à condition d'un changement fondamental de son comportement. Mais d’ici là, il est nécessaire de créer un système de sécurité visant spécifiquement à contenir Moscou. Le diplomate britannique à la retraite, Peter Jones, écrit à ce sujet dans son
article pour the Royal United Services Institute for Defence Studies (RUSI). Selon lui, après près d'un an de la première grande guerre interétatique sur le continent depuis 1945, qui a eu lieu en Ukraine, les accords européens sur la sécurité commune sont en déclin : l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a cessé de fonctionner, et la Communauté politique européenne (CPE), qui est en train de naître, reste une toile vierge. Peter Jones souligne que les pays européens doivent de toute urgence décider comment assurer non seulement la sécurité de l'Ukraine, mais aussi la stabilité au sens large. Le progrès nécessite des arrangements de défense solides et une réflexion créative au-delà des alliances et des programmes traditionnels. La sécurité de l'Ukraine, la stabilité européenne et les relations de la Russie avec le reste du continent sont étroitement liées, souligne Jones. Selon lui, l'invasion russe a fondamentalement changé le paysage politique de l'Alliance - maintenant l'Ukraine est de facto la ligne de front de l'OTAN. Et lorsque les hostilités cesseront, la sécurité de l'Ukraine exigera la certitude de l'engagement des membres de l'Alliance. Jones note qu'il existe une fixation compréhensible mais néfaste sur la manière dont l'OTAN peut réaliser sa vision, exprimée au sommet de Bucarest en 2008, de l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie. Mais la sécurité ne devrait pas être une question d'adhésion à l'OTAN et de protection en vertu de l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord. La chose la plus importante maintenant est d'avoir confiance que les armes, les munitions et l'entraînement occidentaux continueront à une échelle suffisante aider l'Ukraine gagne cette guerre. Il faut également avoir la certitude qu'un soutien pratique se poursuivra et sera disponible en cas de nouvelle agression russe. Par conséquent, les garanties de sécurité possibles doivent être discutées, souligne Jones. Jones estime que l'OTAN bénéficiera d'un partenariat de sécurité de plus en plus étroit avec l'Ukraine, qui dispose de forces armées aguerries et de mieux en mieux équipées, compatibles sur le plan opérationnel avec l'OTAN. Selon l'expert, la Russie sortira de la guerre contre l'Ukraine plus faible, isolée et moins en mesure de démontrer sa puissance. Elle s'inquiétera des fissures apparaissant au sein de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Mais tant que la Russie est en confrontation avec l'Europe, on ne peut parler de confort pour les autres pays. Jones suggère qu'il existe un moyen de la participation constructive de la Russie à la sécurité européenne, ses relations fonctionnelles avec les partenaires internationaux, y compris l'OTAN. Cependant, souligne l'expert, cela ne se fera pas sans changements fondamentaux dans le comportement de la Russie, sans justice et sans responsabilité pour les destructions causées par la guerre contre l'Ukraine. Et la sécurité collective ne peut rester immobile tant que la Russie n'a pas la volonté et la capacité de devenir un participant responsable. Par conséquent, la sécurité européenne doit désormais être dirigée contre Moscou.
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Comment l'augmentation des exportations de la Fédération de Russie, la relocalisation des finances russes et la crypto-monnaie remplissent les poches du gouvernement géorgien La position de la Géorgie sur l'invasion russe de l'Ukraine a été un choc pour de nombreux Ukrainiens en mars 2022. Le pays a hésité à se joindre aux sanctions et a tenté de préserver ses relations avec la Fédération de Russie. Plus encore, la Géorgie les développe. Tbilissi multiplie son chiffre d'affaires commercial avec Moscou par rapport aux années précédentes. Naturellement, cela éveille les soupçons sur le fait que la Géorgie aiderait la Russie à contourner les sanctions occidentales. D'autant plus que de telles accusations ont déjà été portées à plusieurs reprises par de hauts responsables ukrainiens. D'une manière ou d'une autre, il semble que l'État du Caucase du Sud tire un grand profit de sa position par rapport à la guerre russo-ukrainienne.
« Une croissance économique sans précédent en Europe »
Fin octobre, le Premier ministre géorgien Iraklii Garibachvili a annoncé lors d'une réunion gouvernementale que la croissance économique de son pays était de 10,2 % sur neuf mois, ce qui est « sans précédent en Europe ». Selon lui, les exportations de la Géorgie ont augmenté de 37,4 % sur neuf mois, générant près de 4 milliards de dollars de revenus. Le Premier ministre géorgien a souligné que le tourisme dans le pays "reprenait à un rythme soutenu". Ainsi, selon lui, par rapport à 2019, année record, ce secteur a déjà été restauré à 97,5%. Les revenus du tourisme se sont élevés à 2,5 milliards de dollars. « Je ne veux pas faire de prédictions à l'avance, mais jusqu'à la fin de l'année, nous prévoyons de maintenir cette croissance économique élevée, et nous prévoyons également une croissance économique à deux chiffres à la fin de l'année », a-t-il déclaré. Le fait que Garibachvili parle autant de tourisme est plus important qu'il n’y paraît. Le "tourisme" comprend l'entrée dans le pays de milliers de Russes fuyant la mobilisation. Selon diverses estimations, leur nombre oscillerait entre 70 000 et 120 000 personnes, alors que la population de la Géorgie elle-même est d'environ 3,7 millions de personnes. Et ce ne sont pas seulement les Russes qui entrent dans le pays, mais aussi leurs capitaux. Selon
Voice of America, au cours des neuf derniers mois, un total d'environ un milliard de dollars a été transféré de Russie en Géorgie. Les investissements russes dans des industries stratégiques telles que les secteurs électrique et financier sont déjà importants. Bien sûr, cela conduit à une augmentation des prix des produits et de l’immobilier, mais le parti au pouvoir « Rêve géorgien » rejette toute initiative de l'opposition visant à modifier le régime migratoire vis-à-vis de la Fédération de Russie. De plus, du point de vue du gouvernement, il ne se passe rien d'inhabituel. Tout en louant la forte croissance économique du pays, les responsables gouvernementaux rapportent que les chiffres ne sont pas si différents de ceux d’une saison touristique traditionnelle, même si elle est terminée depuis longtemps.
Les fugitifs ne sont pas les seuls
Dans le même temps, certains signes indiquent que les capitaux russes qui ont traversé les Lars supérieurs [frontière russo-géorgienne, ndlr] n'ont pas tous été apportés par des migrants politiques russes. En juin, lors de la manifestation du German Marshall Fund à Washington, un député ukrainien, David Arakhamia, a appelé les États-Unis à prendre des mesures pour empêcher le contournement des sanctions contre la Russie via la Géorgie. Il a déclaré que Moscou « [utilisait] intensivement les banques, le système financier, les entreprises, etc. » géorgiens pour échapper aux sanctions. "Si vous êtes un Russe sous sanctions, vous allez sur Internet, vous ouvrez une entreprise géorgienne, un compte bancaire à distance et vous lancez le processus", a-t-il expliqué. Cette remarque avait provoqué l'indignation du gouvernement géorgien. D'autre part, les activités parallèles russes dans le secteur financier géorgien sont mentionnées dans le rapport du centre d'analyse
Chainalysis qui traite de la crypto-monnaie. Il parait que la Géorgie a rejoint la liste des pays dans lesquels il y a eu une forte augmentation des visites de sites de crypto-monnaie russes depuis le début de la guerre. Un expert anonyme des transactions de crypto-monnaie en Europe de l'Est a aussi déclaré à Chainalysis que la crypto-monnaie pourrait jouer un rôle dans le financement du commerce extérieur de la Russie après son retrait de SWIFT. La Banque centrale de Russie a récemment accepté de légaliser l'utilisation de la crypto-monnaie pour le commerce et les paiements internationaux. Il est possible que certaines entreprises russes aient déjà commencé à effectuer de telles transactions. « Cela se produit probablement déjà à petite et moyenne échelle, et peut se généraliser », déclare l'expert.
Opérations commerciales
S'il est difficile d'affirmer avec certitude que les exportations « obscures » de la Géorgie vers la Russie sont financées par des crypto-monnaies, et qu'elles existent bel et bien, il n'en reste pas moins que le chiffre d'affaires commercial entre les deux pays a augmenté. Au tout début de la guerre, en mars, les exportations géorgiennes vers la Russie s’étaient effondrées. Mais ensuite, elles sont revenues aux indicateurs de l'année précédente et ont même commencé à croître à chaque trimestre suivant. Pour le seul troisième trimestre de 2022, les exportations géorgiennes de biens et de services vers la Russie se sont élevées à 216,727 millions de dollars, soit plus que pendant toute l'année 2021 : 189,035 millions de dollars. Au total, pendant la période de janvier à septembre, les exportations ont atteint près d'un demi-milliard. Il convient de noter qu'en 2021, elles avaient été supérieures à 2020, mais la croissance n'avait pas été aussi forte. Au moins une partie de cette croissance était due à la croissance des exportations de vin et des réexportations de voitures. Les importations de la Fédération de Russie ont aussi augmenté. Sur les neuf premiers mois de l'année en cours, elles ont augmenté de 72,8 % (1,24 milliard de dollars) par rapport aux indicateurs de la même période en 2021. Selon le Service national des statistiques de Géorgie, la raison en est une augmentation des importations de pétrole russe (de près de 4,5%). Ainsi, en 2021, la Géorgie a importé du pétrole de la Fédération de Russie pour 96 millions de dollars, et en 2022 pour 431 millions de dollars, ce qui fait de la Russie la première source de pétrole pour la Géorgie cette année. Jusqu'en 2022, la Géorgie importait du pétrole principalement de Roumanie et de Bulgarie. Au début de l'année, la part de la Fédération de Russie dans les importations de pétrole était de 16 %. Mais en septembre, ce chiffre était déjà passé à 63 %, car au cours du premier mois de l'automne, la Géorgie avait acheté pour 94 millions de dollars de pétrole à la Russie. Outre le pétrole, la Géorgie a également importé davantage de charbon russe (coke) et de margarine au cours des neuf premiers mois de cette année. Dans le même temps, selon les statistiques, de juin à septembre, près de 99 % de toutes les importations de farine et de blé proviennent de Russie. De cette manière, le pays ignore les sanctions imposées par l'Occident sur les produits énergétiques et agricoles russes, aidant la Fédération de Russie à trouver de nouveaux marchés pour ses produits.
Position confortable
Quelle que soit la situation réelle des exportations géorgiennes « au noir » vers la Russie, on peut clairement dire que Tbilissi essaie de tirer le meilleur parti de la guerre en poursuivant une politique de non-alignement. D'une part, c'est étonnant, car une partie du territoire de la Géorgie reste occupée par des séparatistes pro-russes, d'autre part, cela semble assez logique. La clé de cette affaire est la personnalité de l'oligarque russo-géorgien Bidzina Ivanichvili, principal sponsor du parti « Rêve géorgien ». Dans son article sur la façon de se débarrasser des trous dans la raquette de l’assise économique de la Russie,
le Washington Post appelle à élargir la liste des personnes qui devraient être sous sanctions pour l’avoir soutenue. Et parmi elles, Ivanichvili, que le Post appelle « le dirigeant de facto de la Géorgie ». Finalement, la question de savoir si Ivanichvili est un agent russe ou simplement un homme d'affaires nihiliste n'est pas si importante. Par contre, ce qu'il faut faire vraiment, c'est comprendre de quels avantages économiques bénéficie le gouvernement géorgien grâce à sa position par rapport à la guerre russo-ukrainienne.
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Le mécanisme juridique peut contourner le droit de veto russe, mais cela suppose une consolidation internationale et un consentement de la Chine «La guerre en Ukraine parviendra à démasquer l’impuissance de l’ONU déjà existante, si un membre permanent du Conseil de sécurité avec un droit de veto total devient un État paria. Face au chaos que la Russie a créé, il faut l’expulser de l’ONU». Cette opinion est partagée par Ariel Cohen, membre du Conseil atlantique et directeur du programme Sur l’énergie, la croissance et la sécurité du Centre international de fiscalité et d’investissement, et Vladislav Inozemtsev, conseiller spécial du projet de recherche sur les médias russes de l’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (MEMRI). Ils pensent en effet qu’il existe un moyen légal d’obtenir l’exclusion de la Russie du Conseil de sécurité de l’ONU. Un article à ce sujet a été publié par The Hill, influant site américain. Voici son résumé, en bref.
Mécanisme
Le 12 octobre 2022, la résolution de l’ONU condamnant les «annexions illégales» de territoires de l’Ukraine par la Russie a été adoptée par 143 voix pour, face à cinq pays contre et 35 qui se sont abstenus. Cette majorité démontre que la Russie est isolée diplomatiquement sur la scène internationale. Bien que Moscou mérite d’être exclue du Conseil de sécurité, sa position se fonde sur l’article 23, paragraphe 1 de la Charte des Nations unies. Il est impossible d’annuler son droit de veto, en raison des dispositions de l’article 27, paragraphe 3. Il n'y a pas non plus de consensus sur la modification de la structure actuelle des Nations unies. Cependant, il y a un autre moyen, fondé sur des principes et la volonté commune de la communauté internationale. Il envisage l’exclusion de la Fédération de Russie de l’ONU par l’Assemblée générale, conformément à l’article 18, paragraphe 2. Évidemment, si un pays perd son statut de membre de l’Organisation, il perd également son mandat au Conseil de sécurité. Pour y parvenir, il est nécessaire tout d’abord de soumettre à l’Assemblée générale une résolution sur l’exclusion ou la suspension de la Russie. Le Conseil de sécurité doit le demander, conformément à l’article 12, paragraphe 1. Ensuite, l’Assemblée générale doit voter à une super-majorité (par les deux tiers des votes +1) pour l’exclure. L'article 27, paragraphe 3 de la Charte stipule que si le Conseil de sécurité discute d'une question qui concerne l'un de ses membres, "la partie au différend s'abstient de voter conformément à l'article 52, paragraphe 3". Cela pourrait permettre au Conseil de sécurité de soumettre la question à l'Assemblée générale sans que la Russie n'oppose son veto. L’ONU a déjà fait cela auparavant. Un pays fondateur de l’Organisation et membre permanent du Conseil de sécurité a été exclu il y a cinquante ans. Il s'agit de la République de Chine (Taiwan) qui a été son membre de 1945 au 25 octobre 1971. A cette date, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 2758 sur le rétablissement des droits légitimes de la République populaire de Chine à l’ONU : 76 voix pour l’adoption, 35 contre l’adoption, 17 abstentions. L'Assemblée a même supprimé l'exigence de la super-majorité en adoptant cette résolution. Ce précédent s'avère très utile pour l’avenir, car à présent la communauté internationale est beaucoup plus unie qu’au plus fort de la Guerre froide. « La Russie représente une grave menace pour l’existence d’un système international stable, reposant sur des règles. Un article publié par Projet Syndicate en 2016 l’avait défini comme un pays qui «flirte avec le fascisme». Toutefois, à l’heure actuelle, elle s’est complètement transformée en une dictature fasciste », rappelle The Hill. Selon ce site, le président russe Vladimir Poutine a agressé l’Ukraine sans le moindre motif. La Russie a violé d’une manière flagrante l’Article 2 (les paragraphes 3, 4 et 7) de la Charte des Nations unies et a refusé de mettre en œuvre les résolutions de l’Assemblée générale. Elle a commis des crimes d’agression contre un État souverain et de nombreux crimes contre l’humanité dans les territoires ukrainiens occupés qui doivent être considérés comme des actes de génocide. La Russie de Poutine respecte de moins en moins les normes du droit international. La Constitution russe révisée nie la priorité des normes internationales sur les lois et les réglementations nationaux ; ainsi, les autorités russes peuvent-elles ne pas respecter les décisions des cours internationales et des tribunaux arbitraux. La Russie a récemment été exclue du Conseil de l’Europe, elle s’est retirée de plusieurs autres organisations internationales et a décidé de ne plus participer à plusieurs traités internationaux importants, comme la Convention de Genève (les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels protègent les personnes qui ne participent pas aux hostilités, tels que les civils, les membres du personnel sanitaire ou d’organisations humanitaires – ndlr). A condition que ce comportement change et que la guerre en Ukraine prenne fin, la Russie pourrait être admise de nouveau aux Nations unies.
Question du droit de veto de la Chine
La Chine est le seul pays du Conseil de sécurité des Nations unies qui peut bloquer toute résolution ou décision à un vote visant à exclure la Russie de l’Assemblée générale. Si nous voulons que la Russie soit punie, il faut proposer un marché à la Chine : une abstention de Pékin au Conseil de sécurité serait le premier test. Il est possible de proposer au président Xi Jinping le condominium au format « États-Unis-Chine » dans la gestion des affaires mondiales. La Chine doit assumer cette responsabilité globale partagée dans la promotion de la paix. Un refus équivaudrait à accepter l’agression russe et l’attachement à un acteur instable sur la scène mondiale. « C’est la seule chance de rendre l’ONU utile – nous devons priver l’agresseur de la possibilité de prétendre qu’il est le gardien de la paix », estiment les auteurs de la publication. L’exclusion de la Russie ferait du Conseil de sécurité un organe efficace, qui reste cruellement nécessaire pour préserver la stabilité et la sécurité mondiale. L’Organisation est aux prises avec une crise existentielle, il faut prendre des mesures audacieuses. La Société des Nations, déjà affaiblie, avait réussi à exclure l’Union soviétique, à la suite de son attaque de la Finlande. C’était quelques mois seulement avant qu’elle ne cesse d’exister.
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