Génocides commis par l’Etat russe. L’alphabet de la colonisation

Histoire
24 novembre 2023, 09:14

Qu’est-ce qui empêche de considérer le colonialisme russe comme ressort essentiel de sa politique actuelle ? Depuis l’invasion à grande échelle de leur pays, les Ukrainiens ont commencé à en parler, à enquêter sur l’oppression des peuples indigènes de Russie et à appeler à la reconnaissance des crimes de la Fédération de Russie à leur encontre, en particulier les génocides commis dans le passé. Mais l’opinion publique mondiale semble hésiter à les suivre dans cette définition. Pourquoi est-il nécessaire d’élargir le concept de colonialisme ? Pourquoi ne faut-il pas avoir peur d’utiliser le mot « génocide » au pluriel tout en restant pertinent ? Réfléchissons ensemble.

À propos des cantons et des chanoines

Nous arpentons les rues de Berne, capitale de facto, mais « ville fédérale » de jure de la Suisse. Selon les lois locales, le pays n’a pas de capitale (en allemand, littéralement « capitale » – Hauptstadt), et il n’y a même pas de jours fériés communs à tout le pays, à l’exception d’un seul – la fête nationale suisse, qui est célébrée en souvenir de l’union des trois cantons qui, en 1291, selon le mythe national, donna naissance à la Confédération suisse.

Chaque mois de juillet, une autre fédération, la Fédération de Russie, célèbre son principal jour férié. L’un des personnages-clés de la célébration (et du mythe national en général) est Alexandre Nevski, un prince qui a développé activement ses possessions plusieurs décennies avant que les habitants de la future Suisse ne signent leur traité d’union. Il semblerait que des événements géographiquement éloignés, des contextes opposés et des conquêtes au Moyen-Âge étaient aussi courants qu’une visite internationale aujourd’hui. Mais en parlant du présent, il est très important de comprendre le sens de l’utilisation contemporaine de certains récits historiques dont les États se servent pour atteindre leurs objectifs. Pourquoi, en particulier, dans les rues de Berne, les passants gardent généralement une distance de plusieurs mètres les uns des autres (ce même respect de l’espace physique et mental d’autrui, cependant, nuit souvent aux Ukrainiens, parce qu’il justifie la fameuse neutralité suisse), tandis qu’au Kremlin, il semble tout à fait naturel de s’emparer du territoire d’autrui même au XXIe siècle.

Oui, nous sommes façonnés par les fêtes que nous célébrons. Et si quelque chose a une persistance historique et une hérédité, ce sont les pratiques inefficaces et mal conçues du colonialisme.

Illustration : L’édition de cette année du « Colonialisme russe. Guide illustré », organisé par le journaliste Maksym Eristavi. Dans le guide de poche illustré, vous trouverez de brèves informations sur les 48 invasions les plus récentes du colonialisme russe, ainsi que des liens pour une étude plus approfondie. La publication est disponible en ukrainien et en anglais afin de vulgariser ces connaissances auprès du public mondial. Source : istpublishing.org

En fait, le colonialisme en tant que phénomène est lié à la « découverte » et à la saisie de territoires par des États qui s’approprient les ressources d’autres peuples. La Grande-Bretagne, la France, le Portugal, l’Espagne, les Pays-Bas : tous ces pays ont un passé colonial. Cependant, cette liste oublie souvent de mentionner la Russie, qui était le plus vaste de tous les empires: 65 millions de kilomètres carrés. Pourquoi?

Tout d’abord, il s’agit de la canon du concept de colonialisme, et la façon dont les peuples colonisés parlent de leur passé a un impact important. On entend bien maintenant le discours des militants de #BlackLivesMatter, les musées européens restituent des œuvres d’art aux anciennes colonies et les politiciens présentent leurs excuses aux peuples d’Afrique, d’Inde, d’Océanie et d’Amérique du Nord. Mais que sait le Français lambda des Yakoutes ? Des Bouriates ? Des Altaïens ? Alors que les organisations féministes de défense des droits humains en Europe apportent leur soutien aux femmes iraniennes, combien de femmes tchétchènes ont-elles réussi à aider ?

Une autre raison est la proximité géographique des territoires conquis. Autrement dit, l’absence banale de séparation par la mer (cela semble absurde, mais ça compte) nous empêche conceptuellement de voir en la Russie un colonisateur, et pas seulement un immense État hyper-centralisé.

Comme l’écrit le metteur en scène ukrainien Oleksiy Radinsky, paradoxalement, la politique anticoloniale de l’Occident s’est révélée en réalité centrée sur l’Occident, « partiellement aveugle aux autres formes de domination coloniale qui ne rentrent pas dans les modèles établis ». Autrement dit : l’idée habituelle d’une colonie est un territoire vers lequel il faut naviguer pendant plusieurs semaines.

La position de la métropole elle-même ne joue pas le dernier rôle

Si la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et les États-Unis, avec l’aide de militants publics, travaillent sur leur héritage colonial, la Russie nie et a toujours nié l’oppression des peuples non russes sur le territoire de la Russie.

Illustration : Presque simultanément à la publication d’Eristavi a été publié un zine de l’artiste ukrainien Miki-mike665 « Russian Colonial Alphabet », « dédié à ceux qui ont besoin d’une explication sur le fait que la Russie est en réalité un empire colonial », déclare sans appel l’artiste. Les publications sous diverses formes sur le colonialisme russe deviennent aujourd’hui de plus en plus populaires. Source : Instagram de l’auteur

D’un point de vue historique, nous pouvons retracer clairement les directions de l’expansion de Moscou, depuis des siècles, et qui restent d’actualité : 1) la Sibérie et l’Extrême-Orient ; 2) l’Asie centrale ; 3) l’Europe. En d’autres termes, le long de la quasi-totalité de la frontière.

Cette politique (commune à de nombreux pays aux XVIe et XIXe siècles), a semblé prendre fin avec le renversement du tsar et la formation de l’URSS, fondée sur l’idée nettement anticoloniale de la libération des assujettis. Cependant, ce n’étaient que des mots (qui ont pourtant fasciné un grand nombre de personnes à travers le monde). Malgré l’émancipation et l’autodétermination proclamées des peuples, les autorités de l’URSS ont poursuivi dès le début une politique d’agression et de colonisation (génocidaire, dans ses manifestations les plus radicales) à l’égard des populations autochtones des territoires adjacents, en présentant cette politique comme leur entrée volontaire dans l’Union.

Tout d’abord, on pense à la lutte de libération nationale des Ukrainiens de 1917 à 1921. Mais un scénario similaire s’est produit en Asie centrale, où la région autonome d’Alash (1917-1920) allait devenir le premier État kazakh indépendant, ainsi qu’en Azerbaïdjan (République démocratique d’Azerbaïdjan, 1918-1920), en Arménie (République d’Arménie, 1918-1920), en Géorgie (République démocratique de Géorgie, 1917-1924), au Bachkortostan (1917-1921).

Sous la pression des troupes soviétiques, les Tchétchènes, les Ingouches et les Ossètes ne parvinrent pas à maintenir leur indépendance. Cependant, l’empire nouvellement créé n’a pas dirigé son attaque uniquement vers le sud et l’est : la République populaire biélorusse et la République démocratique moldave ont également été liquidées. Ainsi, presque tous les peuples qui sont devenus partie de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (d’ailleurs, le projet de constitution de la République socialiste d’Ukraine a été rejeté pour cause de « confédéralisme ») étaient en fait en train de créer leur propre État et auraient pu apparaître sur la carte administrative du monde bien plus tôt si « l’Union » n’avait pas eu son centre à Moscou.

La vague suivante de résistance des peuples autochtones a été provoquée par la politique de collectivisation et la mise en œuvre stricte du système de fermes collectives, ainsi que par la soviétisation générale (ou plutôt la moscovisation) du mode de vie, qui ne correspondait pas aux aspirations de groupes ethniques à préserver leur propre identité. Parallèlement à la résistance sur la rive gauche de l’Ukraine et dans le Kouban, les Khantys et les Nenets ont soulevé l’insurrection de Kazym, les Dolgans le soulèvement de Taimyr, les Yakoutes le soulèvement de Bulun. Toutes ces opérations ont été réprimées, faisant de nombreuses victimes humaines, notamment parmi la population civile.

Illustration. Ivan Kossinine. Caricature de Mykhailo Hrushevsky, publiée dans un périodique et consacrée au Congrès des peuples esclaves en 1917. Source : Viktor Morenets, Radio Liberté

Dans leurs ambitions colonisatrices, les autorités soviétiques ont non seulement asservi les territoires, mais ont également détruit les coutumes, langues, rituels, religions, et écritures des peuples autochtones. En voici quelques exemples : en 1939, Staline lança une campagne visant à « cyrilliser » les écrits des peuples de l’URSS. Dans le cadre de ce projet de « rapprochement » des peuples, les alphabets traditionnels basés sur l’écriture arabe, déjà latinisés dans les années 1920 sous le nouvel alphabet turc (yanalif), ont finalement été remplacés par le cyrillique, pratique pour la métropole.

Des dizaines de langues et dialectes de peuples autochtones, qui n’avaient pas de forme écrite auparavant, ont également été transcrits en caractères cyrilliques, bien entendu sans tenir compte des spécificités de ces langues orales, ce qui a entraîné la perte définitive de certaines d’entre elles. Combiné à l’envoi forcé d’enfants des minorités nationales dans les écoles russes, à l’inculcation de nouveaux rituels et à la persécution des religions (islam, bouddhisme, etc.), cela a conduit à l’effacement de l’identité (et souvent simplement à une destruction massive) des groupes ethniques indigènes. Non seulement les alphabets ont été restreints et unifiés, mais les rites et les coutumes ont également été mis de côté de force et considérés comme obsolètes. Parallèlement à cela, les univers ontologiques d’un certain nombre de communautés uniques ont été perdus.

Tous ces crimes ont été étouffés en URSS et n’ont pas été reconnus par la Russie, qui, parlant du « peuple russe », n’entend encore que « un homme blanc » (comme dans la campagne publicitaire de la marque française Yves Rocher, cette année en Russie), malgré le fait qu’au moins 190 autres peuples vivent sur son territoire.

L’attitude colonialiste à leur égard est encore visible aujourd’hui dans la disproportion de la mobilisation sur le territoire de la Fédération de Russie : les petits groupes ethniques des Bouriates, des Daghestanais et des Touvans constituent un nombre important de conscrits pour la guerre en Ukraine.

C’est là toute la différence entre le colonialisme et la politique génocidaire d’un État : lorsque le comportement colonial implique un certain accent sur « l’exotisme » de la colonie (attitude paternaliste et rabaissante à l’égard des représentants des ethnies, et en même temps, une certaine mode pour leur culture et leur art), le recours au génocide ne donne même pas une chance de survie, car le génocide tue et détruit. Et tandis que l’Europe et l’Amérique du Nord travaillent depuis plus de 50 ans sur leur passé colonial, donnant un espace d’expression aux représentants des minorités nationales, la Fédération de Russie du XXIe siècle continue de s’emparer des territoires des autres peuples.
L’impunité sur le passé permet de commettre les crimes du présent.

Génocide « selon le modèle »

La Russie a invoqué le « génocide au Donbas » pour justifier son invasion de l’Ukraine, qu’elle accuse d’en être l’auteur. Les historiens et les avocats appellent cette tactique « l’accusation en miroir » : le criminel accuse la victime de ce qu’il entend faire lui-même. Bien entendu, ces accusations semblent particulièrement absurdes de la bouche de la Russie, qui, tout au long de son histoire, a élargi ses frontières principalement par le biais de guerres et de génocides.

L’auteur du terme « génocide », Raphael Lemkin, a prononcé en 1953, lors des événements commémoratifs aux États-Unis de l’anniversaire de l’Holodomor, un discours dans lequel il a qualifié l’extermination des Ukrainiens d’« exemple classique du génocide soviétique ». Qu’est-ce que le génocide soviétique ? Et est-ce différent du génocide conventionnel ? Dans la Convention des Nations Unies de 1948, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
a. Meurtre de membres du groupe ;
b. Atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
c. Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
d. Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
e. Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.

La destruction du groupe ne se fait pas uniquement par le biais de meurtres physiques.
C’est la spécificité de la politique soviétique (et russe) de génocide. Répression des élites, de l’intelligentsia, déportations et « réinstallations » de Russes ou de représentants d’autres peuples asservis, famine et meurtres de masse, telles sont les méthodes par lesquelles la Russie a commis des génocides pour construire son empire.

Les Ukrainiens, les Biélorusses, les Kazakhs, les Tatars de Crimée, les Polonais, les Lettons, les Lituaniens et les Estoniens ont subi cela, la liste serait trop longue.

Une caractéristique de la politique « soviéto-impériale » russe est que ces actions se sont toujours accompagnées d’une russification. Pendant la période soviétique, la politique génocidaire s’est traduite par l’unification de toutes les nations en une seule : « le peuple soviétique », où le russe était la langue internationale. Autrement dit, tous ceux qui ont survécu, par exemple, après le Holodomor, ont dû accepter l’identité soviétique et les règles du jeu russes, où le russe était la langue du prolétariat et de la ville progressiste, et l’ukrainien, la langue des villageois « arriérés », privés de leurs droits. Ces personnes n’ont pas été tuées physiquement, mais leur identité ukrainienne a été tuée. Telles sont les racines des Ukrainiens russophones d’aujourd’hui, et c’est ce qui explique la prévalence du phénomène du russe en tant que langue mondiale.

Aujourd’hui, la Russie fait appel à ces acquis de la russification, qu’elle ne veut pas perdre : une « langue commune » de la Sibérie à Tallinn, et peut-être au-delà. L’idéologie du « monde russe » est devenue l’idée nationale de la Russie pendant la période du règne de Poutine et consiste à créer une civilisation où les gens parlent et pensent en russe, partagent la mémoire historique et la vision de l’avenir avec Moscou, apprécient la culture russe et craignent les armes russes.

Parmi la liste des moyens de génocide figurant dans la Convention, il n’y a pas un seul mot sur la destruction de la culture du groupe. Mais dans la version russe, de telles pratiques représentent un élément obligatoire de la destruction des nations. Nous pouvons le constater aujourd’hui dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie : les rues sont immédiatement rebaptisées du nom de Pouchkine, Tolstoï, etc. L’éducation, les médias et l’administration sont convertis à la langue et aux normes russe. Les intellectuels locaux et toute personne capable de résister est tuée ou emprisonnée. C’est ainsi que l’identité ukrainienne est supprimée sans tuer physiquement chaque personne, et ce sont les mêmes méthodes que l’empire utilise depuis des siècles sur ses terres contre d’autres peuples asservis. Aujourd’hui, dans la Fédération de Russie même, la langue dominante est le russe et les autres langues ne sont pour la plupart étudiées qu’à l’école primaire.

Raphaël Lemkin a également qualifié la destruction de la culture de génocide et a souligné que l’effacement des cultures et des nations, même sans dommage physique, devrait être condamné par la communauté internationale.

Il est très difficile pour tous les admirateurs de Tolstoï et de Dostoïevski de condamner les crimes de la Russie et de les qualifier de génocides, car il est difficile de séparer la culture russe des massacres que la Russie commet en permanence. Et la Russie se défend, pour sa part, en se servant de la « grande langue russe » et de la culture, tout en les utilisant comme une arme de destruction des autres nations.

Illustration. Les Circassiens commémorent les victimes du génocide le 21 mai 2023 au mémorial de l’Arbre de Vie. Source : Tamara Ardavova, OS Media

L’Union soviétique était une forme actualisée de l’Empire russe et, dans sa méthodologie de génocide, elle ne s’éloignait pas beaucoup de la période tsariste. Lemkin le souligne : l’expansion soviétique par la destruction des nations est une continuation des traditions de la Russie impériale. Par exemple, la conquête des terres du Caucase par la Russie a eu lieu à cause des guerres, des déportations, des massacres et de la famine des différents ethnies. Un tel sort est arrivé aux Circassiens au cours des années 1763-1864. Après avoir lancé une guerre d’agression dans le Caucase, l’armée russe s’est heurtée à la résistance des populations locales. Les Circassiens reprenaient à chaque fois les fortifications ou les territoires pris. Puis, comme à son habitude, la Russie a brisé la résistance par un génocide. Les troupes ont incendié des localités circassiennes entières, des récoltes et des réserves de nourriture. Elles ont tiré sur des civils avec des canons et organisé des massacres. Des actes systématiques de génocide ont conduit à une réduction de la population indigène de ce territoire à 10 %. Ce à quoi l’empereur russe Alexandre II a répondu : « Dieu merci ».

Dans l’histoire de la Russie, cela s’appelle « la réunification ». Tout comme l’annexion de la Crimée, l’occupation de certaines parties des régions ukrainiennes de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporizjjia en 2014 et 2022.

L’opposition russe, représentée par des intellectuels qui se sont opposés à la guerre en Ukraine et à Poutine, représente prétendument « une autre Russie – une Russie démocratique et non impériale ». Sont-ils prêts à accorder la liberté, par exemple, à la République du Tatarstan, qui a soutenu la souveraineté de l’État lors d’un référendum en 1992 ? Vaste question, vu que certains d’entre eux ne peuvent même pas reconnaître l’annexion de la Crimée comme un crime international, ni la responsabilité de la Russie en tant que successeur de l’URSS pour ses crimes, en particulier les génocides.

Une prise de conscience mondiale

Travailler sur son passé est un processus long et difficile. Depuis le retour de l’indépendance, l’Ukraine s’efforce, au niveau de l’État, de faire reconnaître comme crimes le génocide des Ukrainiens dans les années 1930 et la déportation des Tatars de Crimée. Toutefois, ce n’est qu’après le début de l’invasion à grande échelle que la société ukrainienne s’est mise à s’intéresser à l’expérience historique des peuples indigènes de la Fédération de Russie. Cela permet de voir plus large et de tracer des parallèles. Et surtout, c’est la solidarité avec les militants des peuples autochtones qui ont souffert de l’oppression qui permet au monde de voir enfin la Russie comme un empire, et Moscou comme la dernière métropole du XXIe siècle.

Lors de la première indépendance ukrainienne, c’est la logique que la Rada centrale [parlement ukrainien – ndlr] avait déjà comprise lorsqu’elle avait convoqué le Congrès des peuples asservis de Russie à Kyiv, en 1917, et qu’elle a adopté la résolution suivante : « Chacune des nationalités vivant en Russie a droit à l’autonomie nationale et personnelle, le droit de former la nation en une union légale qui inclut toutes ses membres en provenance de toutes les parties de l’État ». A son tour, Volodymyr Zelensky a fait appel aux peuples autochtones de Russie, et la Verkhovna Rada a appelé le monde à soutenir le droit à l’autodétermination des peuples de la Fédération de Russie.

Très lentement, l’optique de l’Occident commence à changer pour devenir anticoloniale lorsqu’il s’agit de la Russie. La réorientation des départements et des programmes des universités vers des études « d’Europe de l’Est », « anticoloniales » ou au moins « post-soviétiques » au lieu de « russes » se produit encore plus lentement. Il semble que le monde ait pris un nouveau regard sur la carte, c’est indispensable. Pour que la politique de génocide de la Russie cesse enfin, il faut que le monde comprenne le véritable fondement de la « grandeur » de la Russie.