Reportage auprès des nouvelles recrues d’un bataillon d’assaut de l’armée ukrainienne. Petit à petit, cette armée s’éloigne du modèle soviétique.
La formation des recrues du bataillon d’assaut Ares de la 129e brigade des forces armées ukrainiennes se déroule même si les nouveaux soldats ont suivi ou non une formation de trois mois, normalement prévue par la loi sur la mobilisation. À Ares, les soldats suivront un autre cours dispensé par des troupes d’assaut expérimentées.
Et il ne s’agit pas seulement de transmettre leur propre expérience acquise au combat. Lorsqu’une nouvelle recrue rejoint le bataillon, disent les commandants d’Ares, elle entre en quelque sorte dans une famille. « Les gens sont valorisés ici, en tant qu’être humain », soulignent les commandants. On tient à ce que chaque personne revienne de la guerre vivante et indemne. Donc, on ne permet pas que des soldats non préparés soient envoyés au champ de bataille.
Bien entendu, tout dépend des compétences et des aptitudes de chaque soldat. Si le niveau d’entraînement lors de l’inspection s’avère suffisant, le soldat pourra rejoindre immédiatement les unités de combat. Toutefois, si l’instructeur constate que la personne n’est toujours pas prête à participer au combat, il ou elle s’entraînera aussi longtemps que nécessaire. Si nécessaire, pendant une année entière.
Une attention particulière est accordée à la formation patriotique des recrues. Après tout, selon Ares, toute victoire se forge d’abord par les hommes et non par le fer. La force physique est une bonne chose, mais la force spirituelle vous permettra de ne pas craquer, vous permettra de ne pas dévier du chemin. « Je suis convaincu, et je pense que tout le monde le comprend que ce n’est pas le fer qui se bat», déclare Stepan Kovalchyk, chef du service de sécurité du bataillon Ares.
« Nous pouvons avoir des dizaines de milliers de tonnes de fer : des chars, des missiles, tout ce qu’il y a de mieux au monde, mais tout ces engins sont contrôlés par des humains. Certes, il s’agit de personnes formées et professionnelles, mais l’éducation politique compte aussi. Chaque soldat doit comprendre dans son cerveau et dans son cœur pourquoi il est ici, pourquoi il se bat, et il doit voir clairement le but ultime. À mon avis, il ne devrait y avoir qu’un seul objectif : la défaite de l’empire russe, car il n’y a pas d’autre solution. Cela fait plus de 300 ans qu’ils nous pourrissent la vie et ils continueront à le faire ».
« L’Ukraine se battra jusqu’à la victoire, ce qui signifie que le pays a besoin de ressources humaines », continue le guerrier. « Par conséquent, la mobilisation devrait être menée de manière raisonnable et équitable. Les personnes qui dirigent le pays, y compris les députés, doivent motiver les citoyens à rejoindre les forces armées par leur propre exemple. Bien sûr, quelques centaines de députés ne feront pas une grande différence sur le front, mais c’est une question de justice. S’ils prétendent être l’élite, ils doivent se comporter comme l’élite de la nation », précise-t-il.
Aujourd’hui, les membres des forces armées ukrainiennes reçoivent un salaire qui dépend de leur lieu de service et des tâches qu’ils accomplissent. Mais, un soldat part du principe qu’il peut arriver un jour où il n’y aura plus d’argent, où les salaires seront réduits, voire où ils ne seront pas payés du tout. « L’argent ne doit pas être la première motivation, nous ne sommes pas des mercenaires », dit Stepan Kovaltchouk.
Les unités comme Ares sont très appréciées par les volontaires qui veulent défendre leur patrie mais craignent de se retrouver sous direction de commandants non-professionnels, avec une formation plus soviétique. Malheureusement, cet héritage n’est pas encore totalement effacé. Cependant, ont peut dire que l’armée ukrainienne est sur le bon chemin. Ceux qui combattent le savent en très grande majorité: ils ont pris l’arme pour défendre leur maisons, leur familles, leur avenir et leur droit d’exister.