Array ( [0] => WP_Post Object ( [ID] => 4211 [post_author] => 6 [post_date] => 2023-04-29 16:13:56 [post_date_gmt] => 2023-04-29 16:13:56 [post_content] => Le mouvement de balancier a changé de sens au Moyen-Orient, de la démocratisation vers une nouvelle consolidation des systèmes de gouvernement autoritaires. Le retrait précipité d'Afghanistan a été un coup dur pour la réputation et à la crédibilité de l’Occident dans la région. La société civile afghane libérale, qui s’était formée au cours des décennies de présence occidentale dans ces montagnes, a désormais été détruite par le régime islamiste totalitaire des talibans. Les femmes afghanes sont particulièrement vulnérables à la privation totale de leurs droits. L’effondrement de l’économie plonge la population dans la pauvreté et la faim. Pourtant, cette catastrophe se prolonge par le silence. Aux yeux des dirigeants du Moyen-Orient, il s’agit d’une trahison par l’Occident d’un pays, auquel il avait promis la sécurité et le progrès. Ainsi, c’est la confirmation que l’Occident ne croit plus en ses propres valeurs et a renoncé à son statut de force qui détermine un nouvel ordre dans la région. Cela les incite à serrer encore plus la vis de leur régime et à ne plus chercher à maintenir l’apparence d’un volonté de réforme démocratique. De plus, c'est profondément démoralisant pour les mouvements pro-démocratiques de la région. Ils en concluent que les démocraties occidentales, en Afghanistan comme en Syrie, ont cyniquement abandonné les formations qui partagent leurs valeurs. [readAlso title:" Lire aussi: "]   Timothy Garton Ash : Nous avons besoin d’une décolonisation de la pensée occidentale [/readAlso] La Russie et la Chine autoritaires tentent de combler le vide, qui s'est formé au Moyen-Orient après le retrait de l’Occident. Pékin a récemment réussi à promouvoir le rétablissement des relations diplomatiques entre les ennemis jurés, l’Arabie saoudite et l’Iran. A cet égard, il souligne ses ambitions en tant que créateur d’une nouvelle architecture de sécurité pour le Moyen-Orient détruit. L’Occident doit se contenter d'un rôle de spectateur. L’accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran est discutable, d’autant plus que Téhéran pourrait fabriquer une bombe atomique. Mais pour l’instant, l’accord contribue à la stabilisation de la situation au détriment des droits de l’homme et des libertés démocratiques dans la région. Dans la foulée du récent rapprochement des dictatures, le régime meurtrier d’Assad en Syrie est également sur le point d'obtenir sa réhabilitation au niveau international. Oman et les Émirats arabes unis ont déjà ouvertement recommandé son retour au sein de la Ligue arabe. C’est un triomphe pour la Russie, alliée avec l’Iran, et qui a bombardé de grandes parties de la Syrie pour soutenir le régime d’Assad. En retour, l’Iran soutient désormais la guerre de la Russie contre l’Ukraine en lui fournissant des armes. Malgré son alliance avec le régime chiite de Téhéran, Poutine, en tant qu'incarnation d'un désir impitoyable de pouvoir, est également très respecté par les dirigeants arabes sunnites tels que le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman. [readAlso title:" Lire aussi: "] L’Ukraine pourrait-elle devenir musulmane ? [/readAlso] Les « printemps arabes » ont commencé en Tunisie, seul pays arabe qui a réussi à instaurer une démocratie pluraliste. Mais elle est aujourd’hui systématiquement démantelée par un président autoritaire. De plus, l’économie tunisienne est au bord de l’effondrement. Seul l’Irak, libéré du régime de terreur de Saddam Hussein par les Américains il y a 20 ans, dispose des apparences d’un système démocratique. Malgré toutes les crises sanglantes que le pays a connues depuis lors, une société civile très active y a vu le jour. Elle se rebelle contre une classe dirigeante politique corrompue et contre la domination croissante de l’Iran, mais en même temps elle est soumise à une répression croissante de l'État et à la violence des groupes pro-iraniens. L’espoir d'un avenir plus viable pour la région repose désormais sur un soulèvement en Iran. Le fait qu’il soit dirigé par des femmes que revendiquent la dignité, l’égalité et l’autodétermination pourrait donner un élan décisif à la lutte pour la liberté dans le monde arabe également. Cependant, le régime iranien se maintient par la terreur et un soutien des spécialistes de la répression, à Moscou et à Pékin. La résistance iranienne a besoin d’une organisation et d’une direction politique efficaces, faute de quoi elle ne pourra pas renverser le système en place. [readAlso title:" Lire aussi: "]  Agathangel Krymsky, orientaliste d’Ukraine à l’héritage mondial  [/readAlso] La démocratie ne s’est pas répandue au Moyen-Orient, mais elle est également menacée en Israël. La réforme de la justice en Israël a été temporairement stoppée par un vaste mouvement de mécontentement. Mais le renforcement de la droite religieuse radicale menace l’État de droit et la constitution de l’État juif. Il est pourtant difficile de voir les signes d'une stratégie occidentale visant à contrer le retour du despotisme autocratique dans la région. Parallèlement, des régimes comme celui de l’Arabie saoudite sont encore très dépendants de l’Occident, à la fois économiquement et militairement, et en réalité surtout des États-Unis. L’Occident ne peut pas prétendre, pour rétablir son influence, qu’il existe des « spécificités culturelles » propres à ces pays. Il ne peut regagner du respect dans la région que par la défense de manière permanente des valeurs et des droits fondamentaux. [post_title] => La dérive autocratique du Moyen-Orient [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => closed [ping_status] => closed [post_password] => [post_name] => la-derive-autocratique-du-moyen-orient [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2023-05-29 20:09:35 [post_modified_gmt] => 2023-05-29 20:09:35 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://tyzhden.fr/?p=4211 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw ) [1] => WP_Post Object ( [ID] => 4089 [post_author] => 6 [post_date] => 2023-04-24 16:13:15 [post_date_gmt] => 2023-04-24 16:13:15 [post_content] => Dans le cas de la guerre de la Russie contre l'Ukraine, s'agit-il d'une extermination avec pour objectif un génocide ? Dans les médias allemands et germanophones, des voix s'élèvent de plus en plus souvent ces dernières années pour le nier et le considérer comme exagéré. Le slaviste Ulrich M. Schmid du Neue Zürcher Zeitung a récemment rendu hommage à l'historien américain Timothy Snyder pour son travail en soutien de l'Ukraine, mais a qualifié les estimations de Snyder de « souvent exagérées ». Il n'aime pas que Snyder qualifie le régime de Poutine de « schizo-fasciste », mettant l'invasion russe de l'Ukraine sur un pied d'égalité avec les atrocités du national-socialisme et du stalinisme. « Avec sa guerre en Ukraine, Poutine ne répète pas les crimes de Staline et d'Hitler », estime Schmid. « Il joue plutôt avec des décors historiques et les combine en une idéologie terrible, qui se confond dans des contradictions absurdes. Nous voulons définitivement la paix, c'est pourquoi nous faisons la guerre. Nous luttons contre l'Occident et c'est pourquoi nous bombardons les villes ukrainiennes. Les Ukrainiens sont nos frères, c'est pourquoi nous les tuons. Cette logique folle est une caractéristique exceptionnelle de la dictature de Poutine ». Mais ce que Schmid énumère n'est en aucun cas des « caractéristiques exclusives » du poutinisme. Les campagnes militaires d'Hitler et de Staline à une certaine époque étaient également justifiées par une logique incroyablement absurde. Les nazis présentaient la « juiverie mondiale » et les puissances occidentales prétendument sous son contrôle comme les véritables « fauteurs de guerre », tandis que l'Allemagne ne se battait que pour sauver la « race aryenne » de son extermination soi-disant inévitable. Staline a tué et déporté les élites polonaises et baltes sous prétexte de « libérer » ces pays du joug du capitalisme. Les conquêtes soviétiques en général ont toujours servi le prétendu objectif de sauver la « paix mondiale », menacée par l'  « impérialisme » occidental, tout en était aussi de mèche avec Hitler de 1939 à 1941. Bien sûr, il serait trop simple de voir dans le poutinisme un simple fantôme du national-socialisme et/ou du stalinisme. Mais n'oublions pas les nombreuses similitudes entre la politique d'extermination menée par le régime russe et la politique des systèmes totalitaires du XXe siècle. Shmid, estime toutefois que le Kremlin veut la colonisation, mais « pas l'extermination du peuple ukrainien ». En même temps, il ignore simplement toutes les preuves du contraire, telles que les déclarations répétées et ouvertes des principaux représentants du régime. Récemment, le principal prédicateur de la haine de Poutine, Dmitri Medvedev, dans une tirade génocidaire a qualifié les Ukrainiens de « parasites suceurs de sang » et leur pays de « sous-Ukraine », qui devraient disparaître au profit de la « Grande Russie ». Le chroniqueur Constantin Zakkas, dans un quotidien de gauche, a affirmé récemment que les termes « génocide » et « guerre d'extermination » ne s'appliquent qu'aux cas impliquant la destruction physique de tout ou du moins de la majorité d'un peuple. Mais en effet, selon le droit international, le génocide caractérise l'intention « de détruire, directement ou indirectement, en tout ou partiellement, un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel ». Le nombre de personnes tuées n'est pas le critère décisif. Mais Zakkas ne considère pas que le « chiffre officiel relativement bas de 8 200 civils ukrainiens tués », annoncés par les Nations Unies en mars, est suffisant pour reconnaître l'existence du plan d'extermination systématique élaboré par la Russie. Cependant, il sous-estime le court laps de temps et l'espace limité dont les sbires de Poutine disposaient pour tuer les personnes répertoriées dans les données relatives aux victimes jusqu'à présent. Or, nous pouvons vérifier l'information uniquement sur les zones qui étaient occupées par les Russes que durant quelques semaines ou quelques mois. À quels chiffres serions-nous confrontés en cas d'occupation russe à long terme de toute l'Ukraine ? Mais il ne suffit pas à l'auteur de dire que la Russie de Poutine n'a pas d'intentions génocidaires. Il s'abaisse à laisser entendre que les partisans de l'Ukraine, qui parlent de génocide russe, veulent se libérer de la culpabilité historique allemande avec le slogan : « Regardez, nous, les Allemands, ne sommes plus seuls, Poutine mène lui aussi une guerre d'extermination et commet un génocide ». En fait, les voix pro-ukrainiennes en Allemagne appellent depuis longtemps que les Allemands réalisent enfin pleinement leur responsabilité historique dans les crimes nazis commis en Ukraine. Ceux qui veulent vraiment relativiser la culpabilité allemande ou la faire disparaître des mémoires, comme l'AfD d'extrême droite, se rangent, au contraire, du côté de l'agresseur russe. Le fait que certains intellectuels allemands, malgré les terribles atrocités que commet la Russie en Ukraine, se préoccupent avant tout de préserver la pureté de leur système de catégories et, comme Zakkas, se plaignent du « glissement des concepts » qui « menace d'effacer des décennies de réévaluation minutieuse des crimes nazis » témoigne d'un manque effrayant d'empathie pour les victimes. L'hypothèse sous-jacente est que le fait de définir les crimes de masse actuels comme des génocides pourrait remettre en question le caractère unique de l'Holocauste. Bien que le caractère unique de l'Holocauste réside précisément dans le fait que son ampleur dépasse tout autre génocide connu. L'extermination industrielle jusqu'à la dernière personne d'une « race » qualifiée d' « inférieure » rend l'Holocauste sans précédent dans l'histoire. Les relativistes sont en fait ceux qui, au nom du caractère unique de la culpabilité allemande, minimisent les crimes modernes contre l'humanité. Ce faisant, ils transforment le sens de l'étude d'un crime allemand spécial en son contraire. Après tout, l'impératif qui en découle devrait être de prévenir de nouveaux actes d'extermination avant qu'ils n'atteignent des proportions similaires, et non de les minimiser par réflexe en raison d'une peur erronée de la confusion. [post_title] => Qui minimise les crimes russes en Ukraine et pourquoi ? Le débat sur le génocide [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => closed [ping_status] => closed [post_password] => [post_name] => qui-minimise-les-crimes-russes-en-ukraine-et-pourquoi [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2023-05-06 09:04:46 [post_modified_gmt] => 2023-05-06 09:04:46 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://tyzhden.fr/?p=4089 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw ) [2] => WP_Post Object ( [ID] => 3337 [post_author] => 6 [post_date] => 2023-03-25 10:34:58 [post_date_gmt] => 2023-03-25 10:34:58 [post_content] => La thèse selon laquelle l'Occident est en train de perdre dramatiquement son influence mondiale a récemment resurgit dans les débats allemands. Ainsi, le critique littéraire Albrecht Koshorke, dans un essai sensationnel de l'hebdomadaire Die Zeit, a prédit qu'à la fin de la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine, quelle que soit la manière dont elle se terminera, non seulement la Russie sera perdante, mais aussi l'Ukraine et l'Occident. Les démocraties occidentales seraient discréditées aux yeux des pays du nouveau «Sud global » en raison de leur passé colonial et de leurs doubles standards en matière de droits de l'homme. C'est la raison profonde pour laquelle de nombreux pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine ne se joignent pas aux sanctions occidentales contre la Russie agressive. Selon Koschorke, le fait que l'Occident se soit « à nouveau engagé dans une opération militaire probablement sans issue » en Ukraine « est perçu dans l'ancien tiers-monde comme un symptôme de la fin prochaine de l'ordre international dominé par les États-Unis ». L' « engagement moral de l'Occident envers l'Ukraine » alimente également les soupçons selon lesquels « la souffrance des Blancs est plus importante que la misère des régions du sud de la planète ». Ce courant de pensée révèle des doutes croissants sur la coopération étroite de l'Allemagne avec l'Occident parmi une grande partie non seulement de l'élite intellectuelle allemande, mais aussi de la société dans son ensemble. Selon un sondage récemment publié, seuls 45% des Allemands sont favorables à ce que la République fédérale fournisse une assistance militaire à d'autres pays de l'OTAN s'ils sont attaqués. 35% s'y opposent, 20% sont indécis. Dans les États fédéraux de l'Est, 49 % rejettent le soutien militaire des partenaires de l'OTAN en cas d'attaque contre eux. Ce faisant, ils nient l'obligation de fournir un soutien dans le cadre de l'alliance atlantique, niant du même coup le fondement sur lequel repose la sécurité de l'Allemagne. Le concept d'un « Sud global » unique, créé en opposition à l'Occident autrefois colonial, sert de projection qui devrait fournir une base apparemment « objective » à son propre discours anti-occidental. Puisque l'Occident les a maltraités et continue de le faire, il est compréhensible que les gouvernements des pays du « Sud global » refusent de faire clairement la distinction entre l'agresseur et la victime de l'agression dans la guerre en Ukraine et, comme le président brésilien Loula da Silva, affirment que les deux parties sont d'une certaine manière à blâmer pour la guerre. Cependant, ni l'injustice commise par le colonialisme européen, ni les erreurs et omissions actuelles de l'Occident ne peuvent justifier la relativisation des normes élémentaires du droit international. Après tout, non seulement l'Occident, mais aussi tous les autres membres de la communauté internationale sont responsables du fonctionnement de l'ordre mondial fondé sur des règles. Se réfugiant derrière le mythe du « Sud mondial » perpétuellement défavorisé, de nombreux gouvernements qui lui sont attribués évitent de se charger de cette responsabilité. En même temps, leur « anticolonialisme » est majoritairement faux : alors que l'Occident continue d'être blâmé pour son ancien impérialisme, alors même que les empires coloniaux européens sont depuis longtemps passés à l'histoire, les «anticolonialistes » du « Sud global » ignorent pour la plupart le fait que la Fédération de Russie d'aujourd'hui est une entité impériale née à la suite de siècles de colonisation brutale de peuples non russes, et que la guerre russe contre l'Ukraine est une guerre impérialiste contre un peuple qui veut se libérer de l'oppression coloniale. La République populaire de Chine occupe le Tibet depuis plus de soixante-dix ans, en violation du droit international, a soumis Hong Kong contre les accords internationaux et persécute les Ouïghours en utilisant des méthodes génocidaires. L'Inde, toujours officiellement considérée comme une démocratie, sous la direction autoritaire du nationaliste hindou radical Modi, a ses propres ambitions mondiales, soutenues par des armements militaires. Néanmoins, les idéologues du « Sud global » considèrent toujours lesdits États comme des alliés naturels dans la « lutte anticoloniale ». L'Occident n'a aucune raison de céder à ces forces, remettant en cause la validité de ses valeurs et sa puissance objective. Ensemble, les démocraties occidentales sont encore plusieurs fois plus puissantes économiquement que leur concurrent le plus puissant, la République populaire de Chine. Bien que les nouvelles autocraties soient parvenues ces dernières années à mettre sur la défensive un Occident qui doutait de lui-même, leurs systèmes de gouvernement criminels ne pourront pas, à long terme, rivaliser avec le dynamisme économique et social et la flexibilité des sociétés démocratiques. Mais c'est précisément ce qui rend les États autoritaires, comme la Russie et la Chine, extrêmement dangereux : ils cherchent à empêcher leur propre faillite en détruisant non seulement les démocraties occidentales, mais aussi en éradiquant l'idée libérale elle-même. Parce que l'existence même de la démocratie est mortellement dangereuse pour eux. Quel que soit le nombre de soulèvements en faveur de la liberté et des droits de l'homme que l'autoritarisme a réprimés, du Venezuela à Hong Kong en passant par le Bélarus, les sociétés qui cherchent la lumière des valeurs libérales de liberté se relèvent toujours quelque part, comme récemment en Iran et plus récemment en Géorgie. C'est avec ce capital d'idées que la communauté des démocraties de tous les continents doit nourrir son avenir. Si le monde démocratique associe l'unité, la détermination politique et la puissance militaire à une défense cohérente des libertés dans le monde, il continuera à être la force politique mondiale déterminante.

[post_title] => L'Occident doit cesser de douter de lui-même [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => closed [ping_status] => closed [post_password] => [post_name] => l-occident-doit-cesser-de-douter-de-lui-meme [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2023-03-25 10:34:58 [post_modified_gmt] => 2023-03-25 10:34:58 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://tyzhden.fr/?p=3337 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw ) [3] => WP_Post Object ( [ID] => 2785 [post_author] => 7 [post_date] => 2023-03-06 12:33:59 [post_date_gmt] => 2023-03-06 12:33:59 [post_content] => Des voix se font de plus en plus fortes en Occident, insistant sur les négociations les plus rapides possibles entre l'Occident et la Russie afin de mettre fin à sa guerre d'agression contre l'Ukraine. Récemment, ils ont reçu une motivation sous la forme du « plan de paix » de la Chine, qui en réalité ne vise qu'à cacher la complicité du régime totalitaire de Pékin avec l'agresseur russe. Un « compromis » stable ou un « alignement des intérêts » avec des États autoritaires et totalitaires, qui nient toutes les normes du droit international et ne respectent pas la dignité humaine, est en réalité impossible pour les démocraties. Si des accords temporaires sont conclus avec eux, alors uniquement en position de force et avec la capacité de réagir de manière adéquate si l'autre partie viole les accords. Un exemple paradigmatique des conséquences du non-respect de ces conditions est le soi-disant accord de paix que les États-Unis ont conclu avec le Nord-Vietnam communiste il y a 50 ans, fin janvier 1973. Il prévoyait le retrait des troupes américaines du Sud-Vietnam dans un délai de six semaines. Seuls quelques milliers de conseillers militaires américains y sont restés pour l'armée sud-vietnamienne. Cependant, le Nord-Vietnam a été autorisé à laisser 140.000 soldats dans le territoire conquis dans le sud du pays. Celle-ci devait devenir la base de la cessation des hostilités et assurer le « rétablissement de la paix ». Cependant, c'était hors de question. Après tout, le régime communiste de Hanoï n'a jamais eu l'intention de remplir ses obligations assumées dans « l'Accord de Paris ». Il le considérait plutôt comme une étape sur la voie de la conquête de tout le Sud. Sans le soutien des troupes américaines, l'armée sud-vietnamienne n'avait aucune chance face aux forces supérieures des nord-vietnamiennes, bien armées par l'Union soviétique et la République populaire de Chine. À la fin de 1974 seulement, plus de 76.000 soldats sud-vietnamiens étaient morts pendant la guerre. De plus, le manque d'aide financière américaine a plongé le Sud-Vietnam dans une grave crise économique. Fin avril 1975, les communistes nord-vietnamiens ont atteint leur objectif. Après avoir capturé la capitale du Sud-Vietnam, Saigon, aujourd'hui appelée Ho Chi Minh-Ville, ils ont pris le pouvoir dans tout le pays et ont établi leur régime totalitaire. Le résultat a été la fuite de plus de 1,6 million de Vietnamiens - les « réfugiés de la mer » - qui ont tenté d'échapper à la terrible terreur communiste en s'enfuyant par bateau. Selon les estimations, 200.000 Sud-Vietnamiens ont été exécutés immédiatement après l'arrivée au pouvoir du régime nord-vietnamien, environ 165.000 personnes ont été emprisonnées sans raison ou pour avoir travaillé pour des institutions américaines, sont mortes dans des « camps de rééducation », des milliers ont été torturées à mort ou violées par des leurs gardiens, environ 50.000 sont mortes des suites du travail forcé. Dans ce contexte, il semble presque macabre que les négociateurs en chef des États-Unis et du Nord-Vietnam, Henry Kissinger et Le Dik Tho, aient reçu le prix Nobel de la paix en 1973 pour avoir conclu l'Accord de Paris (que, cependant, seul Kissinger a reçu). Compte tenu des conséquences désastreuses de cet accord, on ne sait pas du tout d'où vient la renommée de Kissinger en tant que diplomate soi-disant exceptionnel. En tout cas, « l'Accord de Paris » est loin d'être un brillant exemple d'une sage politique étrangère démocratique. Ce n'était rien de plus qu'une déclaration voilée de capitulation des États-Unis. Bien sûr, les circonstances dans lesquelles cet accord a été conclu peuvent difficilement être comparées à la situation actuelle, par exemple en Ukraine. Les États-Unis se sont retirés du Vietnam après une longue guerre infructueuse avec de lourdes pertes. Et ils ne défendaient pas la démocratie au Sud-Vietnam, mais une dictature cruelle et corrompue. Néanmoins, les conditions d'un développement positif du Vietnam étaient bien plus favorables dans le sud du pays que dans le nord totalitaire. Les exemples de la Corée du Sud et de Taïwan montrent comment, à long terme, des systèmes répressifs peuvent évoluer vers des démocraties s'ils développent une société civile active. Le régime totalitaire, cependant, éradique complètement ces pousses de la société civile et détruit le potentiel futur d'une nation qui a été opprimée pendant des générations. L'Iran, par exemple, montre à quel point les conséquences peuvent être fatales lorsqu'une dictature « normale » est remplacée par une tyrannie encore pire qui nie radicalement les fondements civilisés de la société. Par conséquent, empêcher l'établissement de régimes totalitaires aussi violents devrait être une priorité absolue de la politique mondiale démocratique. Cependant, la tragédie du Vietnam s'est récemment répétée en Afghanistan d'une manière similaire. L'accord que l'administration du président américain Donald Trump a conclu avec les talibans au début de 2020 ne valait pas le papier sur lequel il était écrit. Les communistes vietnamiens ont signé l'accord de 1973 uniquement parce qu'il supprimait un obstacle crucial, représenté par des troupes américaines, à la prise du pouvoir. Les islamistes totalitaires afghans ont signé l'accord de 2020 avec le même calcul. L'horreur qui a suivi en Afghanistan devrait servir de rappel terrible aux démocraties occidentales pour qu'elles ne permettent plus jamais qu'une telle chose se reproduise, en particulier au cœur de l'Europe.   [post_title] => Quand le compromis n'est pas une option [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => closed [ping_status] => closed [post_password] => [post_name] => quand-le-compromis-n-est-pas-une-option [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2023-03-07 15:13:48 [post_modified_gmt] => 2023-03-07 15:13:48 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://tyzhden.fr/?p=2785 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw ) )

Author: Richard Herzinger

chroniqueur politique, Berlin