Le patron de Free vient de finaliser l’achat de l’opérateur mobile ukrainien Lifecell. L’homme d’affaires est ainsi un des premier à répondre à l’appel du président français Emmanuel Macron à investir davantage en Ukraine.
L’accord entre NJJ Holding, propriété de Xavier Niel, et Turkcell, opérateur turc, pour la vente du réseau mobile ukrainien Lifecell était en préparation depuis plus d’un an. L’opération a rencontré quelques obstacles. La vente a été signée le 29 décembre 2023. Mais le passage de l’opérateur ukrainien des mains des Turcs à celles du Français a été compliqué par le fait que 20 % des actions de la société étaient détenues par l’oligarque russe Mikhaïl Fridman, sous sanctions. Finalement, un tribunal de Kyiv a tout de même autorisé Turkcell à procéder à la vente en avril de cette année. Et le nouveau propriétaire a pu conclure la transaction début septembre.
Lifecell est le troisième opérateur d’Ukraine, derrière Kyivstar et Vodafone. Il compte 9 millions de clients sur un marché de 60 millions d’abonnés (sachant que de nombreux ukrainiens ont plusieurs téléphones).
Selon Turkcell, la valeur de l’opération est d’au moins 524,3 millions de dollars (471 millions d’euros). La plus grande partie des fonds (435 millions de dollars soit 391 millions d’euros) a été couverte par un prêt de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
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Le nouveau propriétaire de l’opérateur ukrainien devra immédiatement relever des défis complexes posés par l’agression russe en Ukraine. En particulier, comme tous les autres opérateurs, l’investisseur français devra veiller à ce que les décisions du Centre national des communications soient mises en œuvre. Elle prévoit que les relais doivent être équipés, d’ici le 1er février 2025, de façon à ce que le réseau puisse fonctionner sans électricité pendant 10 heures.
Le défi est de taille, car les inévitables pannes d’électricité causent de graves dommages, non seulement à l’économie ukrainienne, mais aussi à la vie quotidienne des habitants. Cela signifie que lorsque l’électricité est coupée, les réfrigérateurs ne fonctionnent pas, il n’y a aucun moyen de partager sa connexion à internet depuis son téléphone portable vers un ordinateur pour travailler. Dans les rues, les lampadaires n’éclairent pas, on ne peut ni appeler au téléphone, ni contacter les urgences…
De toute évidence, les bombardements russes ne s’arrêteront pas dans les mois qui viennent. Par contre, le jour deviendra plus court et le temps plus frais. La communication et la connexion internet durant les coupures d’électricité prendront encore plus d’importance qu’en été. Certains Ukrainiens installent la fibre optique, ce qui leur permet d’accéder à l’internet, même lorsqu’il n’y a pas d’électricité. Les fournisseurs qui peuvent offrir cette technologie sont débordés de demandes. Lifecell n’en fait pas encore partie. Son service de presse ne sait pas encore si l’entreprise offrira ce service : le changement de propriétaire vient d’avoir lieu.
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Il est difficile de dire si l’achat d’un opérateur ukrainien est prometteur en temps de guerre. Mais il est clair que le contexte local offrira à Xavier Niel beaucoup d’occasions pour démontrer son ingéniosité d’entrepreneur et son talent trouver des solutions inédites, dans des situations sans précédent.