Nadiya Balovsiak Professeur agrégé du Département des communications médiatiques de l'UCU

La Russie a été privée des films de la célèbre compagnie cinématographique Warner Bros

Guerre
5 décembre 2022, 13:59

Les films d’une grande société de production cinématographique sont interdits de diffusion en Russie et un homme est condamné à cause de l’utilisation d’une messagerie sécurisée. Les actualités du front des technologies

Les sanctions s’appliquent également dans le domaine de la culture et des médias. Récemment, la société de production américaine de films Warner Bros a interdit aux chaînes de télévision russes de diffuser ses films. L’interdiction s’applique aux chaînes de la holding russe « National Media Group » : il s’agit de « Pervyi Kanal », STS, REN TV, « Domashnii », « Pyatiy Kanal » et du service vidéo more.tv. De fait, Warner Bros. a suivi Disney, Sony, Paramount et Universal Pictures qui avaient déjà suspendu la sortie de leurs films en Russie après le début de la guerre.

Le système de paiement Payoneer a également cessé de fonctionner en Russie. Il s’agit d’un service activement utilisé par des autoentrepreneurs travaillant pour une clientèle étrangère. En s’adressant à ses clients, la société a annoncé qu’elle cessait ses activités en Russie dès le 16 décembre et ainsi les comptes des utilisateurs allaient être clos. « Les paiements effectués par les clients après le 8 décembre seront retournés à l’expéditeur », selon le communiqué de la société. En mars 2022, la société Payoneer a annoncé sa décision de bloquer l’accès à ses services à de nouveaux clients russes.

De leur côté, les autorités de la Fédération de Russie ne lâchent pas prise dans leur tentatives de lutter contre Google et son hébergeur de vidéo YouTube. On a appris récemment qu’un tribunal de Moscou avait ordonné à Google de payer une amende journalière de 100 000 roubles (environ de €1 594) à la société de télévision Zvezda jusqu’à ce que la chaîne YouTube soit débloquée. On se demande comment cette exigence pourrait être remplie, surtout en sachant que la division russe de Google a déposé son bilan au printemps.

Des citoyens ordinaires souffrent également de l’ignorance technologique des autorités russes. En novembre, le tribunal du district de Tomsk avait reconnu un homme coupable d’avoir utilisé la messagerie sécurisée Vipole. Il a été condamné pour avoir utilisé un outil qui bloquait « l’identification formelle d’un internaute et de son activité ». Il s’avère que c’est un crime en Russie d’interdire à un fournisseur d’accès à l’internet de regarder par-dessus son épaule.

Les attaques numériques

Le service de renseignement de l’État russe a publié quelques éléments sur les cyberattaques visant l’Ukraine. Le système de détection des vulnérabilités et de réponse aux cyber-incidents et cyber-attaques a identifié et traité 24 milliards d’incidents lors du troisième trimestre de l’année.

Le nombre total de cyber-incidents par rapport au deuxième trimestre a presque doublé, passant de 64 à 115 cas. Les plus fréquents d’entre eux étaient des cas de cyber-espionnage, d’accès aux services d’information de l’État et de destruction de données.

Par rapport au trimestre précédent, le nombre d’incidents hautement critiques a été multiplié par 3,8. En même temps, le nombre d’incidents critiques provenant d’adresses IP russes a été multiplié par 35. Les malfaiteurs russes ont visé les secteurs de la finance, du commerce et les administrations ukrainiennes.

Par ailleurs, le pays agresseur souffre lui aussi de cyberattaques. En 2022, la fréquence des cyberattaques était en hausse en Russie, selon un représentant du Centre national russe de coordination des incidents informatiques. Le pays a été ciblé par des attaques massives d ses serveurs, des fournisseurs d’accès à l’internet ont été coupés des principaux canaux de diffusion. Un problème tout aussi important, selon l’expert, a été le départ des entreprises étrangères du marché russe et des difficultés s’en suivent du fait du défaut de support technique.