Le nouveau commissaire européen à la défense soutient l’Ukraine

20 septembre 2024, 07:34

Pour la première fois, l’Union européenne s’est doté d’un commissaire en charge de la défense. Il a surtout comme rôle de développer la base industrielle de défense. Le titulaire du poste, le conservateur lituanien Andrius Kubilius, est par ailleurs un ardent défenseur du renforcement de l’aide militaire à l’Ukraine.

L’UE a nommé un commissaire en charge de la défense pour la première fois de son histoire, reflétant ainsi les nouveaux défis auxquels l’Europe est confrontée, rapporte la Deutsche Welle. Le nouveau commissaire est Andrius Kubilius, ancien premier ministre lituanien et membre du Parti populaire européen. Il sera chargé d’accompagner le développement d’une industrie de défense européenne, alors que les besoins d’investissements sont importants dans ce domaine.

Sa position sur l’Ukraine ne fait aucun doute : « À ceux qui affirment que l’Ukraine devrait accepter les conditions de paix de Poutine, je suggérerais d’envisager de lui offrir le territoire de leur propre pays. La paix ne peut être obtenue que si l’Ukraine gagne et protège sa souveraineté territoriale, ce qui n’est possible qu’avec notre soutien à long terme », a-t-il déclaré au Parlement européen en juillet.

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Il y a quelques jours, lors d’une session plénière à Strasbourg, M. Kubilius a déclaré que l’Europe investissait beaucoup dans la sécurité de l’Ukraine, mais que ce n’était pas suffisant. « L’année dernière, l’aide militaire occidentale totale à l’Ukraine n’était que de 40 milliards d’euros, alors que la Russie a dépensé plus de 120 milliards d’euros pour la guerre. Même si nous étions prêts à dépenser 100 milliards d’euros au lieu de 40, nous aurions des difficultés à fournir davantage d’armes, car la capacité de notre industrie militaire est très faible. Et même si nous fournissons des armes à l’Ukraine, nous, ou du moins certains pays, fixons des « lignes rouges », c’est-à-dire des restrictions à leur utilisation contre des cibles situées sur le territoire russe. Clairement, nous n’investissons pas suffisamment en Ukraine et dans notre sécurité », a-t-il déclaré.

Pour changer la situation, selon M. Kubilius, l’Europe doit immédiatement trouver beaucoup plus de ressources financières pour l’assistance militaire à l’Ukraine, augmenter radicalement la production de l’industrie militaire, intégrer l’industrie militaire ukrainienne dans l’industrie européenne, et éliminer toute « ligne rouge » concernant l’aide à l’Ukraine.

Le nouveau poste de M. Kubilius lui fixe des objectifs ambitieux. Toutefois, l’UE ne joue qu’un rôle périphérique dans la défense, un domaine où les capitales veillent sur leur souveraineté, écrit Politico. « Au lieu de commander des armées, M. Kubilius sera chargé de mieux organiser l’industrie de défense fragmentée de l’UE et d’aider les Etats membres à se réarmer, tout en continuant à livrer des quantités d’armes importantes à l’Ukraine », peut-on lire dans l’article.

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Selon Ursula von der Leyen, le commissaire à la défense travaillera au développement de l’Union européenne de défense et à l’augmentation des investissements dans les capacités de production. Mme Von der Leyen a également souligné que le nouveau poste n’était pas une prise de pouvoir. « Je suis très claire sur le fait qu’il y a des compétences des Etats membres, comme la composition des troupes, les missions, les déploiements », a-t-elle déclaré, ajoutant que M. Kubilius est responsable « du marché unique et de l’industrie, du renforcement de la base industrielle de défense ».

Le nouveau commissaire à la défense a été chargé par Mme von der Leyen d’élaborer, dans un délai de 100 jours, un document sur l’avenir de la défense européenne, qui préparera les capitales aux « situations militaires les plus extrêmes ». Il lui a également été ordonné de développer des concepts pour un bouclier de défense aérienne européen et un programme de cyberdéfense. M. Kubilius a aussi été chargé de créer des corridors de mobilité militaire pour l’Union et de travailler à des commandes groupées d’équipements militaires des forces armées nationales.

Le Conseil atlantique note que si la création d’un commissaire à la défense constitue indubitablement une étape importante pour surmonter la réticence de l’UE à aborder les questions de sécurité, cela risque de ne pas suffire.

« Au lieu de devenir un leader stratégique de la défense européenne, le commissaire à la défense risque de devenir un gestionnaire de marchés publics qui sera constamment impliqué dans des guerres de territoire avec les ministres de la défense (ou d’autres commissaires) qui ne sont pas disposés à céder le contrôle. En plus, les petits pays pourraient hésiter à participer à des appels d’offres susceptibles d’être dominés par de grands pays tels que la France ou l’Allemagne, qui pourraient canaliser les financements vers leurs propres industries de défense », affirment les analystes.

Dans le même temps, le Conseil atlantique souligne : « Si le commissaire à la défense parvient à dégager un consensus, à utiliser efficacement les incitations financières et à surmonter les résistances de l’UE, ce nouveau poste pourrait jeter les bases d’une stratégie de défense européenne plus cohérente et plus autonome – une stratégie qui pourrait à terme remodeler le paysage mondial de la défense et renforcer le rôle de l’Europe sur la scène internationale ».