Alla Lazaréva Rédactrice en chef adjointe, correspondente à Paris du journal Tyzhden

Comment la Russie recrute des Rwandais pour faire la guerre en Ukraine

10 juin 2024, 17:45

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Selon un rapport du ministère britannique de la défense, les Russes recrutent activement des mercenaires dans les pays africains pour faire la guerre en Ukraine. Ces efforts de recrutement se concentrent en particulier sur les pays d’Afrique centrale que sont le Rwanda, le Burundi, le Congo et l’Ouganda. Le document cite un rapport du 28 mai de la Direction principale des renseignements de l’Ukraine (GUR). « La Russie offre une prime d’engagement de 2 000 dollars, un salaire mensuel de 2 200 dollars et la promesse d’un passeport russe », indique le rapport.

Selon les services de renseignement britanniques, cette campagne de recrutement vise à compenser les lourdes pertes subies par l’armée russe sur le champ de bataille et à soutenir les activités offensives sur plusieurs fronts. Le réservoir limité de recrutement de prisonniers de la Russie ayant a été épuisé, la Russie est susceptible d’élargir le recrutement dans les pays du Sud afin d’éviter une mobilisation supplémentaire en Russie.

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Dans le même temps, plus de 35 % des prisonniers russes recrutés par le groupe Wagner pour la guerre contre l’Ukraine ont été tués au cours de l’opération de prise de la ville de Bakhmout. Ils représentaient également 88 % de tous les occupants tués liquidés dans cette bataille, indique une enquête menée par le service russe de la BBC et la publication Mediazone.

Les journalistes affirment avoir eu accès aux données de l’armée privée Wagner sur les paiements posthumes aux parents des militants. En examinant les numéros de badge des prisonniers décédés, les enquêteurs ont découvert que les wagnériens avaient recruté au moins 48 366 personnes dans les colonies russes. Les deux tiers des prisons où le recrutement a été organisé étaient des colonies à régime strict.

Selon Bloomberg, des fonctionnaires européens estiment que le Kremlin force des milliers de migrants et d’étudiants étrangers à combattre aux côtés de l’armée russe contre l’Ukraine, afin d’obtenir des effectifs supplémentaires en vue d’une offensive dans la région de Kharkiv. Le gouvernement népalais a déclaré au début de l’année qu’il avait connaissance d’environ 400 jeunes hommes népalais recrutés par la Russie. Mais beaucoup d’autres ont probablement signé des contrats avec l’armée russe à l’insu du gouvernement. La décision de l’Inde de cesser de recruter des Gurkhas népalais dans son armée, mettant fin à une tradition vieille de 200 ans, pourrait avoir encouragé les Népalais à chercher du travail en Russie et ailleurs.

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« Un haut fonctionnaire ukrainien a déclaré que le nombre de combattants étrangers a augmenté parmi les prisonniers capturés par l’Ukraine sur le champ de bataille. Les Africains et les Népalais sont particulièrement nombreux parmi eux », rapporte le média ukrainien ZN.UA. Moscou cherche activement à exercer une influence sur les pays du Sud, dont la plupart se disent « neutres » par rapport à l’agression russe en Ukraine. Le Kremlin tente notamment de tirer parti de la méfiance des anciens colonisateurs – les puissances occidentales – et d’exploiter les vieux ressentiments des Africains.