Alla Lazaréva Rédactrice en chef adjointe, correspondente à Paris du journal Tyzhden

Brigade Anne de Kyiv : une enquête est en cours après des cas de désertion

EN BREF
9 janvier 2025, 09:32

Selon la presse ukrainienne, la 155e brigade mécanisée Anne de Kyiv, formée en France, rencontre de nombreuses difficultés. Même si la grande majorité des militaires se battent courageusement dans la région de Pokrovsk, l’unité a connu des désertions. Les pertes au combat sont par ailleurs élevées.

Le Bureau d’Investigation national ukrainien mène une enquête pour abus de pouvoir et désertion dans la brigade formée en France. En attendant ses conclusions, voici les faits déjà constatés: la 155e brigade a commencé à se former en mars 2024. Il s’agit de la première expérience d’entraînement complet d’une brigade ukrainienne à l’étranger, même si des entraînements pour des militaires ont eu lieu dans différents pays depuis le début de la guerre.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a proposé à nos alliés de l’OTAN de former 14 nouvelles brigades, pour lesquelles l’Ukraine doit trouver des personnes et nos partenaires des armes. « La France a pleinement rempli tous les engagements d’armement et de formation de la brigade demandés par les Ukrainiens », déclare le média en ligne Censor.

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La brigade Anne de Kyiv arrive pour s’entraîner en France en octobre 2024. Au total, 1924 soldats y ont été envoyés. Selon la TV ukrainienne Suspilne, la plupart des soldats envoyés en formation n’avaient pas suffisamment d’expérience, et certains n’avaient même pas reçu de formation de base. « Sur les 1 924 soldats qui ont suivi la formation, seuls 51 avaient plus d’un an de service, 459 moins d’un an et la majorité – 1 414 – étaient des recrues ayant moins de deux mois de service. Par ailleurs, 150 soldats ont été enrôlés dans la formation sans avoir suivi la formation de base. Pendant leur séjour en France, une cinquantaine de soldats ont déserté », précise ce média.

La brigade Anne de Kyiv se bat actuellement près de Pokrovsk. En septembre-novembre, la brigade a été rejointe par plus de 4 000 recrues, arrivées par l’intermédiaire des centres de recrutement territoriaux sans avoir fait l’objet d’une sélection appropriée. Avant que la brigade ne tire son premier coup de feu, 1 700 soldats sont partis sans permission. Une commission du commandement des forces terrestres a imputé la responsabilité de l’évasion des soldats en France au commandant de brigade M. Ryumshyn, accusé de « ne pas avoir suffisamment travaillé avec le personnel ». Ce dernier, ainsi que plusieurs officiers d’état-major et combattants, ont été démis de leurs fonctions. L’un des responsables de la formation de la brigade est décédé d’une crise cardiaque.

Youri Butusov, rédacteur en chef du journal en ligne Censor, note sur sa page Facebook que la brigade n’a pas reçu l’équipement nécessaire. Selon lui, elle n’a pas eu de drones ni d’équipements de guerre électronique, et les mortiers qu’elle a reçus étaient défectueux.

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En réponse à Radio Liberty, le Ministère français de la défense a noté qu’au second semestre 2024, la France a formé et équipé une brigade ukrainienne d’environ 2 000 soldats pour des opérations militaires conjointes. L’entraînement s’est déroulé avec des armes françaises destinées à être transférées à l’Ukraine et, une fois l’entraînement terminé, les militaires sont rentrés chez eux avec le matériel.

L’affaire est sous le contrôle du commandant en chef suprême Volodymyr Zelensky, du ministre de la défense Rustem Umerov et du commandant en chef des forces armées Olekszandre Syrsky. Selon l’AFP, les enquêteurs ukrainiens ont annoncé avoir arrêté le 8 janvier un commandant d’unité de la brigade Anne de Kyiv.

La plupart des soldats de la 155e brigade mécanisée sur le front essaient d’accomplir leur devoir. Mais l’unité a par ailleurs subi des pertes importantes au combat, dès les premiers jours ayant suivi son engagement sur le front.