Pour faire connaître la situation des athlètes Ukrainiens, l’Ukraine a ouvert un lieu dédié dans le parc de la Villette, à Paris, proche du club France, où il est possible d’aller gratuitement. Il suffit de s’inscrire par internet.
Bien que les résultats de l’Ukraine aux JO aient été modestes jusqu’à présent – une médaille de bronze pour l’escrimeuse Olga Kharlan – l’atmosphère dans la Maison olympique ukrainienne Volia Space est presque festive. Presque, parce que l’Ukraine vit une guerre et que l’installation de quelques gradins du stade de Kharkiv, détruits par les Russes, en est une preuve évidente. « Le fait que nous soyons ici est déjà une réussite », juge Vadym Gutzeit, président du Comité national olympique d’Ukraine. Cette approche, à la fois combative et réaliste, ressort à tous les niveaux de la communication sportive ukrainienne.
Cette Maison ukrainienne se trouve dans le Parc de la Villette, à Paris, aux côtés d’autres espaces ouvert par des pays qui peuvent ne penser qu’au sport, la Slovénie, l’Inde ou la France. Dans ce parc, malgré les sabotages ferroviaires et autres tentatives de perturbation des Jeux olympiques, les Français ont réussi à créer une véritable atmosphère festive. Paris ne se contente pas d’encourager les meilleurs athlètes du monde, elle profite au fond de cet événement. « Nous avons besoin de fête ! », dit l’un des bénévoles de la Maison serbe, située juste à côté de la Maison ukrainienne. « Venez nous voir et assurez-vous qu’un petit pays n’est pas synonyme de petites ambitions » !
L’espace Volia Space est la première expérience de communication pour l’Ukraine en plus des compétitions olympiques. The Will to Win, « la volonté de gagner » est le slogan de l’équipe nationale et de la Maison olympique. Les organisateurs du site ont trouvé de nombreuses solutions éloquentes pour visualiser et exprimer cette volonté.
Une adolescente française qui regardait à côté de moi un court métrage sur Sasha Pascal avait du mal à retenir ses larmes. « Je m’appelle Sasha, j’ai 8 ans », dit Alexandra d’une voix enfantine, claire et assurée. « Mon rêve est de devenir championne olympique ». Sasha, qui a perdu sa jambe lors du bombardement d’Odessa, n’a pas renoncé au sport. La jeune fille a reçu une prothèse et continue de s’entraîner dans sa ville natale, croyant en la victoire.
Une autre vidéo, reconstituée à l’aide de l’intelligence artificielle, n’est pas moins impressionnante. Le projet The Revived fait « revivre » les visages des athlètes décédés, réalisant ainsi à titre posthume leur rêve d’assister aux Jeux olympiques. Le boxeur Maksym Galinichev, vice-champion des Jeux olympiques de la jeunesse 2018, apparaît comme s’il était vivant. Il a été tué le 10 mars 2023 lors des combats dans la région de Luhansk. Maksym aurait pu participer aux championnats d’Europe de boxe en mai 2022, mais il a refusé et a préféré rejoindre la défense armée de l’Ukraine. Il a été blessé à deux reprises, mais à chaque fois il est retourné dans les troupes d’assaut aéroportées après avoir été soigné dans un hôpital militaire.
« Pendant la guerre, les Russes ont détruit plus de 500 installations sportives, tué près de 500 athlètes et entraîneurs, dont 20 champions du monde, champions d’Europe et participants aux Jeux olympiques », rappelle le panneau lumineux de la Maison olympique ukrainienne. De nombreuses installations artistiques et les invités des événements nous rappellent les vies, les stades, les rêves et les maisons détruits. L’Ukraine se bat – pour des médailles sportives, mais aussi pour le droit à la vie et le soutien international. Chaque voix, chaque mot en faveur de la lutte ukrainienne est aussi notre petite victoire dans la guerre de la communication.
Charlie a rejoint le mouvement de soutien à l’Ukraine en 2022. « J’ai des amis ukrainiens depuis le lycée et ils m’ont invité aux premiers manifestations ukrainiennes, puis j’ai fait connaissance de la famille de l’athlète ukrainien tué au front, Fedir Epifanov. Je communique avec sa mère et ses frères… Lors de l’une des manifestations, j’ai porté une grande photo de Fedir. C’était une bannière à l’effigie de ce très jeune homme. Je dois admettre que c’était un sentiment très fort : la prise de conscience du peu de temps qu’il a vécu et de la précocité de sa mort. La mère de Fedir viendra bientôt à Paris, et nous nous rencontrerons en personne. Alors je suis ici avec vous, je vous souhaite des victoires, à la fois dans le sport et, surtout, sur le champ de bataille », a-t-il dit à Tyzhden.
Le nombre de médailles n’est pas l’indicateur le plus important en ce qui concerne la participation aux Jeux olympiques. Il n’y a pas de mots pour décrire le sentiment qui a traversé la salle lorsque Olga Kharlan a remporté sa médaille de bronze à l’escrime. Le public était avec elle. Le soutien n’est pas toujours quantifiable. Qui sait ce que ceux qui ont sincèrement applaudi l’athlète ukrainienne voudront faire pour soutenir l’Ukraine ? Des adolescents français, fans de Kharlan, viennent de me demander comment tisser et envoyer des filets de camouflage à l’Ukraine. Se battre pour le cœur des gens est une affaire importante.