Aujourd’hui, les dirigeants européens se sont réunis à Bruxelles et tous les regards se sont tournés vers l’Ukraine. Ils espèrent approuver plusieurs mesures, notamment le financement de l’aide à l’économie ukrainienne touchée par la guerre et le lancement des négociations d’adhésion à l’UE. Jusqu’au dernier moment, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, s’est obstiné à bloquer tout consensus sur ces deux dernières questions, affirmant que « l’Ukraine n’[était] pas prête ». Le budget à long terme de l’UE, les questions de défense et de sécurité ainsi que le conflit au Moyen-Orient sont également à l’ordre du jour.
L’invitation à entamer des pourparlers d’adhésion à l’Union européenne est un grand symbole pour Kyiv. Depuis la révolution de la dignité en 2013, l’Ukraine n’a cessé d’insister sur le fait que son adhésion éventuelle à l’UE et à l’OTAN faisait partie de ses objectifs géopolitiques à long terme et constituait potentiellement le seul moyen d’échapper à la sphère d’influence agressive de la Russie. La Commission européenne a également proposé d’allouer 50 milliards d’euros d’aide économique à l’Ukraine au cours des quatre prochaines années.
Le mois dernier, la Commission européenne a recommandé aux dirigeants de l’UE d’approuver l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Ukraine. Une deuxième décision serait encore nécessaire plus tard, potentiellement l’année prochaine, pour décider d’un cadre de négociation.
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Aujourd’hui, un certain nombre de dirigeants européens ont vivement critiqué la position destructrice de la Hongrie. À son arrivée au sommet, le président lituanien Gitanas Nausėda a rappelé que le processus décisionnel de l’UE reposait sur le principe de l’unanimité et que la Hongrie devait jouer le jeu. Petteri Orpo, le premier ministre finlandais, a déclaré qu’il était prêt à négocier « aussi longtemps que nécessaire », ajoutant que la priorité de l’UE devait être « la sécurité et notre existence en tant qu’union crédible ». M. Orpo a également mis en garde contre le chantage (c’est-à-dire la menace de M. Orban d’opposer son veto à l’adhésion de l’Ukraine), ajoutant que « nous devons trouver une solution ensemble ».
Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a souligné que les conséquences de l’abandon de l’Ukraine par l’UE seraient catastrophiques. « Si l’Ukraine ne bénéficie pas du soutien de l’UE et des États-Unis, Poutine gagnera et les conséquences de la victoire du Kremlin se feront sentir dans le monde entier », a-t-il dit. Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu’il était essentiel d’envoyer un signe clair de soutien aux « courageux citoyens ukrainiens qui défendent leur pays ». Il a également ajouté qu’un « signal fort doit être envoyé au président russe, qui ne doit pas espérer que l’Union européenne abandonne l’Ukraine ». Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, a déclaré qu’il était de la « responsabilité politique et morale » de l’UE de passer à l’étape suivante et d’ouvrir les négociations d’adhésion, rappelant que l’Ukraine et la Moldavie avaient obtenu des résultats « dans les circonstances les plus difficiles ».
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Le 14 décembre, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’est adressé aux participants du sommet de l’UE par le biais d’un appel en ligne. « Il est essentiel que l’Europe ne tombe pas dans l’indécision et l’hésitation aujourd’hui. Personne ne souhaite que l’Europe apparaisse comme faible ou incapable de prendre des décisions », a déclaré M. Zelensky. Il a également insisté sur le fait que Kyiv avait tenu ses promesses, expliquant que l’Ukraine avait adopté le cadre juridique nécessaire exigé par la Commission européenne. « Je vous demande aujourd’hui une chose : ne trahissez pas le peuple ukrainien et sa foi en l’Europe. Il ne fait aucun doute que Poutine s’en servira contre l’ensemble de l’Europe. Ne lui donnez pas sa première – et unique – victoire de l’année. L’Europe doit gagner, les accords doivent être respectés et les mots doivent avoir un sens », a déclaré le président ukrainien.
Hier, l’ancien président ukrainien, Petro Porochenko, a rencontré un certain nombre d’ambassadeurs de l’UE à Kyiv, en les appelant à soutenir l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. « Les décisions du Conseil européen deviendront un test pour l’unité européenne et la solidarité de l’UE avec l’Ukraine en ces temps difficiles. Ces décisions constitueraient une réponse à la lutte héroïque menée depuis dix ans par le peuple ukrainien ». Dans une précédente interview accordée à CNN, M. Porochenko a également exhorté les Américains à ne pas prendre l’Ukraine en otage de la politique intérieure américaine, avertissant que cela deviendrait un doux parfum de victoire pour M. Poutine et expliquant que si l’aide à l’Ukraine est bloquée en raison de désaccords internes, les Américains devront ensuite dépenser dix fois plus pour mettre un terme à l’agression russe en pleine expansion.