L’ombre russe dans le conflit du Soudan

Politique
29 avril 2023, 17:08

Les combats se poursuivent au Soudan depuis le 15 avril entre les forces armées du pays et le groupe paramilitaire de la Force de réaction rapide. Les chiffres les plus récents indiquent
que le conflit aurait déjà causé 459 morts et 4072 blessés. Les combats s’intensifient et les
pays qui n’ont pas réussi à évacuer tous leurs citoyens s’activent encore. Entre-temps, certains éléments suggèrent que la Russie pourrait jouer son propre jeu dans cette confrontation féroce. Tyzhden.fr a rassemblé les faits les plus intéressants.

Qu’est-ce qui a précédé le conflit ?

En 2019, des grosses manifestations et un coup d’État militaire au Soudan ont renversé le régime d’Omar al-Bashir, un dictateur qui a dirigé le pays pendant près de trois décennies.

Par la suite, le pouvoir au Soudan est resté pendant un certain temps entre les mains de l’armée, qui a finalement cédé la place à un conseil civilo-militaire. Cependant, en octobre 2021, des militaires ont repris le pouvoir. A leur tête, deux commandants, Abdel Fattah al-Burhan et Mohamed Hamdan Dagolo, plus connu sous le nom de « Hemedti ».

Abdel Fattah al-Burhan

A cette époque, Abdel Fattah al-Burhan était le commandant en chef des forces armées, Hemedti était son adjoint et en même temps le commandant de l’unité paramilitaire Forces de réaction rapide.

Selon The Guardian, Hemedti a longtemps été mécontent du fait qu’avec un grand groupe de vétérans aguerris sous son commandement et une fortune considérable provenant de la vente de l’or des mines illégales, il ne reste qu’un adjoint officiel d’al-Burhan. C’est pourquoi certaines diplomates ont alarmé depuis l’été 2022 qu’un nouveau conflit interne se dessine au Soudan.

L’empreinte russe dans le conflit

Auparavant, le président russe Vladimir Poutine entretenait des relations « amicales » avec le dictateur soudanais Omar el-Béchir. Déjà isolé en raison d’un mandat d’arrêt de la Cour internationale de justice de La Haye, Omar el-Béchir s’est rendu deux fois en Russie, en 2017 et 2018.

Omar el-Béchir et Vladimir Poutine

Dans le même temps, des informations indiquent que Yevgeny Prigogine, proche allié de Poutine (et
co-fondateur du groupe Wagner, avait choisi le Soudan comme point de transit pour la contrebande d’or et de diamants en provenance de la République Centrafricaine. Néanmoins, lorsque le renversement du régime d’al-Bashir est devenu inévitable en 2019, Moscou a rapidement changé d’allégeance et a préféré le nouveau dirigeant supposément tout aussi loyal, al-Burkhan.

Tout de même, les relations entre le Kremlin et le général le plus puissant du Soudan se sont détériorées ces derniers mois. Die Welt suggère que cela pourrait être l’une des raisons pour lesquelles la Force de réaction rapide, dirigée par Dagalo, a entrepris de prendre le pouvoir. Selon CNN, la Russie soutient Dagalo avec l’envoie d’armes. En plus des sources d’information diplomatiques, CNN fait également référence à des images satellites qui témoignent des activités de la milice Wagner dans des bases en Libye voisine.

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De plus, la Russie considère le Soudan comme un partenaire stratégique dans le cadre de sa politique globale visant à étendre son influence dans la région, écrit Die Welt. « En février 2023, pendant la guerre à grande échelle en Ukraine, le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov s’est rendu dans la capitale du pays, Khartoum. L’objectif de ce voyage était l’établissement prévu d’une base militaire dans la ville de Port-Soudan, sur la mer Rouge. La base devrait être prête fin 2023. À partir de là, la Russie pourrait non seulement atteindre rapidement ses objectifs dans la région, mais aussi avancer dans la région méditerranéenne en cas de conflit. Cela permettrait à Moscou de ne pas dépendre du détroit du Bosphore, que la Turquie, membre de l’OTAN, peut fermer à tout moment. De plus, la Russie s’intéresse de près à l’or soudanais », rapporte Die Welt.

Selon nos informations, les wagnériens, présents au Soudan depuis 2017, contrôlent les mines d’or dans l’ouest du pays. Il est aussi à noter que Dagalo s’est rendu à Moscou la veille de l’attaque à grande échelle de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.