Malgré l’oppression et les atrocités que les envahisseurs dans les territoires occupés, la population civile ukrainienne tente de leur résister du mieux qu’elle peut. Une des méthodes de cette lutte est une campagne de communication qui porte le nom de Ruban Jaune. Ce mouvement de résistance est apparu en avril 2022 à Kherson. Petit à petit, il est devenu populaire sur toute la partie occupée de l’Ukraine, même en Crimée.
Les coordinateurs du mouvement appellent les habitants à accrocher des drapeaux ukrainiens et des rubans jaunes dans les rues et les lieux publics. « Il n’y a pas de symbolisme profond dans le nom « Ruban jaune ». Le jaune est une couleur vive qui figure sur le drapeau ukrainien. Le nom est facile à retenir », expliquent les activistes. « Nous faisons ce qu’on appelle la « résistance douce », expliquent les militants du mouvement. Il s’agit de remplir l’espace de symboles ukrainiens : accrocher des tracts pro-ukrainiens, des rubans, dessiner des graphiques, etc. Le mouvement se positionne comme une résistance non violente », précisent-ils.
« Les occupants n’ont pas leur place sur notre terre. Dites-le leur partout ! Ils sont venus vous « libérer », montrez-leur qu’ils ne sont pas les bienvenus ici. Accrochez des drapeaux et des rubans jaunes dans les rues ! S’il n’y a pas de drapeaux ou de rubans : trouvez de vieux vêtements jaunes et découpez-les en bandes. Attachez des bandes jaunes dans les endroits très fréquentés : sur les panneaux de signalisation, les rampes, les poignées de porte, les arrêts de bus, les tuyaux, les arbres », expliquent les activistes les marches à suivre pour tous ceux qui veulent les rejoindre.
« Le mouvement de résistance civile du Ruban Jaune se développe en permanence. Au cours des quatre derniers jours, 80 activistes de Sébastopol, Simferopol, Yalta et Kerch nous ont rejoints pour nouer environ 300 rubans et peindre une centaine de graffitis », annonce la chaîne Telegram du mouvement le 28 mars.
Même si le proteste est non-violant, les gens qui y participent prennent les risques : les occupants cherchent méthodiquement les personnes ayant une position pro-ukrainienne, les arrêtent, les torturent dans des sous-sols et les soumettent à divers types de pressions. Dans chaque ville libérée, les Ukrainiens trouvent des tombes de personnes torturées, de salles de torture, de fosses communes… Mais malgré tout ce risque considérable, les Ukrainiens trouvent les moyens pour protester, même discrètement.
Le 28 mars, le mouvement du « Ruban Jaune » a organisé un rassemblement de solidarité au Parlement européen à Bruxelles, en solidarité avec les activistes en Ukraine. Les membres du PE ont pu peindre de leurs propres mains des graffitis de ruban jaune sur une grande banderole.
L’événement a été ouvert par Yaroslav Bozhko, porte-parole du Mouvement du ruban jaune, Vsevolod Chentsov, représentant de l’Ukraine auprès de l’UE, Petras Auštrevičius, député européen de Lituanie, qui a invité à l’action, et Anna Fotyga, députée européenne de Pologne, rapporte la chaîne Telegram du mouvement.
Les rubans jaunes ont été peints par, entre autres, Andrei Kovatchev (Bulgarie), Guy Verhofstadt (Belgique), Georgios Christots (Grèce), Riho Terras (Estonie), Karen Melchior (Danemark), Sandra Kalniete (Lettonie), Petras Auštrevičius, Juozas Olekas (Lituanie), Niklas Nenas, Michael Gahler, Viola von Cramon, Nicola Biir (Allemagne), Radoslaw Sikorski, Anna Fotyga (Pologne), Dragos Tudarache (Roumanie), Marcin Hojcik (Slovaquie), David Lehigh (Suède), Michaela Scheidrova, Ludek Nedermeyer (République tchèque), Natalie Loiseau (France).
