Triste nouvelle: Maksym Boutkevych, un journaliste ukrainien qui s’est engagé dans l’armée et a été fait prisonnier il y a quelques mois, a été condamné à 13 ans de réclusion par le régime pro-russe de la région occupée de Louhansk. Le comble dans cette condamnation est la formule qui a été choisie. Il est accusé de: «violence envers la population civile» et de «recours à des méthodes interdites lors d’un conflit armé», a indiqué dans un communiqué le Comité d’enquête russe, une instance chargée des principales investigations en Russie.
Pour tous ceux qui connaissent Maksym personnellement, ce verdict sonne comme une insulte vicieuse. Depuis des années, Maksym Butkevych militait en faveur des droits de l’homme, notamment en aidant les demandeurs d’asile politique en Ukraine, ainsi que diverses catégories d’individués persécutées. Il s’agit d’une personne humaine incroyablement décente, amicale et correcte, de sorte que la formulation ne peut être autre chose qu’une vengeance du régime totalitaire russe à l’encontre d’un humain aux valeurs opposées. Cependant, les Russes adorent blâmer les autres pour leurs propres péchés, pratiquant les accusation en miroir. C’est en quelque sorte leur tactique fétiche, utilisée depuis l’époque soviétique.
Maksym est né le 16 juillet 1977. Il a travaillé pour la BBC, puis Gromadske tv et pour le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU en Ukraine. Il est membre de la filière ukrainienne du conseil d’administration d’Amnesty international. Engagé dans l’armée le 4 mars 2022, il a été fait prisonnier entre le 21 et le 24 juin 2022, avec 13 autres personnes dans la région de Louhansk, près de Zolote.
Jusqu’à aujourd’hui, toutes les tentatives pour avoir des nouvelles de lui étaient restées vaines. On savait juste qu’il était vivant, puisque après son arrestation il a été montré sur une vidéo tournée par des soldats russes qui se sont vantés de sa capture. Et depuis plus rien.
Maksym Boutkevych. Photo: hromadske.radio
Le fait que Maksym ait été condamnés par de soi-disant “séparatistes prorusses” est une autre preuve de la lâcheté du régime du Kremlin. Comme d’habitude, les décideurs de Moscou se cachent derrière le dos de républiques fantômes, pour ne pas assumer la responsabilité de leurs actes. Puisque c’est l’armée russe qui pratique régulièrement «les violences envers des civils», documentées par de nombreuses institutions internationales, une fois de plus, les Russes cherchent à renverser les rôles.
Capturés pendant l’offensive russe en Ukraine, Maksym Boutkevitch et un autre militaire ukrainien, Vladislav Chel, sont également «reconnus coupables» de tentative d’assassinat sur plusieurs personnes. Les «enquêteurs» russes l’ont accusé d’avoir blessé deux civils après avoir tiré avec un lance-grenades antichar sur un immeuble résidentiel à Severodonetsk, ville conquise par l’armée russe en juin dernier dans la région de Louhansk. Les peines ont été prononcées par les «cours suprêmes» des régions occupées de Donetsk et de Lougansk, contrôlées par Moscou depuis le 2014.
La communauté internationale, ainsi que le monde journalistique doivent faire tout leur possible pour obtenir la libération de Maksym Boutkevych.
