La plupart des Ukrainiens souhaitent la libération de la Crimée quel que soient les moyens

Politique
22 mars 2023, 18:32

Malgré leur soutien à l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie, certains analystes occidentaux hésitent encore sur la question de la Crimée. Dans le même temps, les Ukrainiens ne doutent pas que la Crimée, en tant que territoire de l’Ukraine, doit être restituée. Un récent sondage réalisé par l’Institut international de sociologie de Kyiv (KIIS) le montre.

Selon le sondage, 87 % des Ukrainiens considèrent que toute concession territoriale est inacceptable, même sous prétexte du retour à la paix. Seulement 9 % des personnes interrogées sont prêtes à faire des concessions. L’Institut de sociologie a également interrogé les Ukrainiens, à la suggestion de l’historien britannique Timothy Garton Ash, sur des scénarios de libération militaire de la Crimée. “Les personnes interrogées se sont vu proposer deux scénarios, dont l’un prévoyait une aide occidentale pour libérer et sécuriser tous les territoires, y compris le Donbass, mais sans la Crimée. Selon ce scénario, l’Ukraine s’abstient de toute libération militaire de la presqu’île, rapporte le communiqué de presse de l’Institut.

Le second scénario est une tentative de libération militaire de la Crimée, mais en sachant que l’Occident peut réduire son aide et que la guerre peut s’éterniser, note le communiqué. Cette option élargit l’espace pour les « compromis » possibles, mais tout de même, la majorité des Ukrainiens (64 %) pensent que l’Ukraine devrait essayer de libérer l’ensemble du territoire, y compris la Crimée, même s’il existe un risque de réduction du soutien de l’Occident et le risque d’une guerre plus longue. Seuls 24 % des répondants sont plus enclins à l’option selon laquelle, en échange de la libération et de la protection de tous les territoires, y compris le Donbass (mais sans la presqu’île), l’Ukraine peut s’abstenir de toute action militaire en Crimée.

Le sondage a été mené par le KIIS du 22 février au 6 mars 2022 par le biais d’entretiens téléphoniques assistés par ordinateur (CATI) basés sur un échantillon aléatoire de numéros de téléphone mobile (avec génération aléatoire de numéros de téléphone et pondération statistique ultérieure). Au total, 2007 personnes issues de toutes les régions d’Ukraine (à l’exception de la Crimée) ont été interrogées.

Ces résultats montrent à quel point les Ukrainiens sont déterminés aujourd’hui. Dans le même temps, les experts ukrainiens soulignent que la libération de la Crimée est un objectif militaire stratégique, car la Russie l’utilise comme base militaire. “Aujourd’hui, derrière des portes closes, dans certains bureaux, il y a des discussions prudentes, et parfois pas si prudentes, et des allusions au fait que l’Ukraine pourrait avoir besoin de réfléchir à la question de la Crimée. La position des militaires, des politiciens, des experts en sécurité et de la société ukrainienne est sans équivoque : la Crimée a été transformée en une base militaire importante, et si elle reste en possession de la Russie, il n’y a aucun espoir de paix dans la région. Par conséquent, pour des raisons de sécurité objectives, ni la Crimée, ni une partie du Donbass, ni aucune autre partie du territoire ukrainien ne peut rester occupée si l’objectif commun de l’Ukraine et de ses partenaires est de parvenir à une paix prévisible et stable en Europe de l’Est, a déclaré Maria Zolkina, chef du département de la sécurité régionale et des études sur les conflits de la Fondation « Initiatives démocratiques » à l’hommage d’Ilko Kucheriv et chercheuse à la London School of Economics and Political Science, à la chaîne de télévision ukrainienne TSN.ua, le 18 mars.

Le général Ben Hodges, ancien commandant des forces américaines en Europe, a une opinion similaire au sujet de la péninsule : “La Crimée est un territoire crucial, c’est l’essentiel. Si l’Ukraine libère la Crimée, ce que je pense possible cette année, tout le reste suivra, a-t-il récemment déclaré dans une interview accordée à ukrlife.tv.