En première ligne face à la Russie, l’Estonie multiplie les préparatifs pour répondre à une agression et soutient l’Ukraine par tous les moyens. Plus de 4000 Estoniens se sont ainsi engagés dans l’armée ukrainienne. Le pays voudrait accueillir des F35 britanniques pouvant porter l’arme nucléaire.
Les autorités estoniennes ont déclaré être prêtes à accueillir sur leur territoire des avions de combat de l’OTAN capables de transporter des ogives nucléaires. Il pourrait s’agir d’avions de cinquième génération F-35A britanniques.
Comme l’explique le quotidien The Guardian, la Grande-Bretagne prévoit l’achat de 12 chasseurs F-35A, capables de mettre en œuvre la dissuasion nucléaire britannique. Une partie de ces avions pourraient être temporairement stationnés en Estonie. Dans une interview accordée au journal estonien Postimees, le ministre de la Défense du pays, Hanno Pevkur, explique : « Si certains de ces avions de combat, quel que soit leur pays d’origine, ont la capacité de transporter des armes nucléaires, cela n’affecte en rien notre position concernant l’acceptation des F-35. Nous sommes bien sûr prêts à accueillir nos alliés ». Il ajoute que ces avions F-35 ont déjà été déployés en Estonie et qu’ils seront bientôt à nouveau mobilisés pour protéger l’espace aérien du pays.
Le ministre reste prudent dans ses propos. Il ne dit pas explicitement qu’il souhaite que ces avions soient déployés en étant équipés de l’arme nucléaire. Mais c’est ce qu’il laisse entendre. Et c’est bien ainsi que la Russie l’a compris car le Kremlin a aussitôt répondu en accusant l’Estonie de tenir des propos provocateurs et de se lancer dans une dangereuse escalade.
Lire aussi: La Pologne multiplie les mesures défensives dans la crainte d’une agression russe
L’Estonie fait tout pour se protéger face au risque d’une agression russe. En juin, le pays a commencé à construire une nouvelle ligne de défense composée de fossés antichars et de bunkers à la frontière sud-est avec la Russie, rapporte le site estonien ERR. Selon les prévision de Tallinn, d’ici à l’automne 2025, 28 installations et plusieurs sites de stockage seront prêts. « En cas de conflit avec Moscou, cette construction permettra de gagner du temps », expliquent les autorités de la république balte.
Dans le même temps, l’Estonie a adressé à l’ONU une lettre annonçant son retrait de la Convention d’Ottawa, qui interdit l’utilisation, le stockage, la production et le transfert de mines antipersonnelles. « Les leçons tirées de la guerre que mène actuellement la Russie contre l’Ukraine montrent que pour mieux défendre notre pays, nous ne devons pas nous imposer des restrictions unilatérales sur les armements quand l’adversaire n’en a pas », a expliqué le ministre des Affaires étrangères de l’Estonie, Margus Tsahkna sur sa page X. « En quittant la Convention d’Ottawa, les forces de défense estoniennes disposeront d’une plus grande flexibilité dans le choix des systèmes d’armes, des outils et des solutions nécessaires pour renforcer les capacités de défense du pays », a-t-il ajouté.
Margus Tsahkna a souligné que son pays « reste déterminée à garantir le respect intégral du droit international humanitaire et la protection des civils après son retrait de la convention ». Elle continuera également à soutenir les projets humanitaires de déminage et d’aide aux victimes des conflits armés. Outre l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Finlande ont également entamé le processus de retrait de la Convention d’Ottawa.
« Dans cette nouvelle ère d’isolationnisme américain, c’est précisément l’Estonie qui pourrait devenir le lieu où la capacité de l’OTAN à mettre en œuvre l’article 5 du traité de l’Alliance sera testée pour la première fois », estime Forbes.ua. « Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, plus de 4 000 Estoniens se sont engagés comme volontaires dans l’armée ukrainienne. Les Estoniens sont très conscients de leur vulnérabilité en tant que petite nation de 1,4 million d’habitants, dont un cinquième sont d’origine russe. Le président russe Vladimir Poutine a maintes fois exprimé ses ambitions impériales à l’égard des pays baltes, qui ne sont pas moins ambitieuses que celles du tsar Pierre Ier – appelé Pierre le Grand en Russie, mais pas en Estonie. C’est lui qui, au XVIIIe siècle, a pris une partie du territoire estonien aux Suédois », précise le média ukrainien.
Lire aussi: La Russie accroît son activité militaire dans la Baltique
L’Estonie, la Lituanie et la Lettonie sont restées dans le giron de l’Empire russe pendant 200 ans, avant d’obtenir leur indépendance en 1918, après la révolution russe. En 1940, le pays a été occupé par l’Union soviétique. Comme la Lettonie et la Lituanie, l’Estonie a retrouvé son indépendance après l’effondrement de l’URSS en 1991. En 2004, les trois pays ont rejoint l’Union européenne et l’OTAN.