Au moins 15 personnes ont été tuées et 114 autres blessées à Kyiv lors d’une attaque massive russe dans la nuit du 17 juin, survenue alors que le monde entier à les yeux braqués vers le Proche-Orient et que les pays développés sont réunis pour le sommet du G7. Témoignages.
« Nous passons une nuit horrible, tout explose et brûle, » m’écrit ma copine d’enfance à 3 heures du matin. « Je suis dehors, dans la rue, devant ma maison. Tout brûle près de chez moi », continue-t-elle. « Toutes les 20 minutes, de puissantes explosions ont retenti toute la nuit. Et le bruit terrifiant des missiles lorsqu’ils descendent brusquement et foncent sur leur cible… C’est épouvantable. Tout se retourne à l’intérieur », ajoute ma copine au petit matin.
On se parle pour de bon à 8 heure. « J’ai toujours les mains qui tremblent. Mais quoi faire ? Je me prépare, je vais au travail… Tu sais, ils ont visé l’usine de radio qui est fermée depuis quinze ans peut-être… », raconte mon amie. « Cette guerre, tu sais, c’est encore pour longtemps. Je me fais à l’idée que tout le monde ne survivra pas. C’est la réalité… »
Le téléphone vibre sans arrêt. « C’est bon, je suis vivante, mais notre quartier… Il y a de la fumée partout », répond une autre amie. Nous avons grandi dans une banlieue ouvrière de la capitale ukrainienne. Sous l’Union soviétique, les usines ne manquaient pas ici, mais dans les années 1990 et 2000, elles ont toutes fermé leurs portes. Soit l’agresseur utilise des cartes archaïques des « sites militaires », soit il profite du fait que le monde entier a actuellement les yeux rivés sur le Proche-Orient et bombarde des civils dans le seul but de semer la terreur. Je penche pour la deuxième option.
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De grands incendies se sont déclarés dans plusieurs quartiers de Kyiv à la suite des bombardements. Solomianka, Sviatoshyno, Darnytsia, Podil, Obolon … Dans le quartier de Dniprovskyi, un fragment de drone s’est logé dans le mur d’un immeuble résidentiel. Selon les premières informations, les propriétaires n’étaient pas chez eux. Un bâtiment de la maternelle à Darnytsia a été endommagé. Heureusement, les enfants n’étaient pas encore arrivés. Des sirènes retentissent dans toute la ville, les ambulances foncent à toute allure. Cette nuit, l’alerte aérienne a duré plus de 9 heures à Kyiv.
Un bâtiment de la maternelle à Darnytsia a été endommagé. Heureusement, les enfants n’étaient pas encore arrivés. Des sirènes retentissent dans toute la ville, les ambulances foncent à toute allure. Cette nuit, l’alerte aérienne a duré plus de 9 heures à Kyiv.
« Je n’irai nulle part, pourquoi devrais-je quitter ma maison ? », dit Hanna, mère d’un enfant handicapé. « Mes cerises sont mûres dans mon jardin, vais-je les laisser aux oiseaux ? Certainement pas ! » Les gens plaisantent pour ne pas pleurer. Ils rient pour ne pas crier de douleur. L’armée ukrainienne qui retient l’offensive russe, ce sont des dieux, les services de secours, ce sont des anges.
Photo: @Insider.UA
Dans le quartier Solomiansky, un parti d’immeuble résidentiel a été détruit. Toute une cage d’escalier. Les secours sont actuellement sur place pour dégager les décombres. Selon le maire de la capitale, Vitaliy Klytchko, au moins 40 personnes sont hospitalisées. Un citoyen américain a été tué.
« Je t’enverrai des photos un peu plus tard, car tout est gris à cause de la fumée. À l’aube, un drone s’est écrasé sur un immeuble à Poznyaki, à environ un kilomètre de chez moi », dit une ancienne collègue journaliste. « Qu’est-ce que je fais ? Je contemple dans un beau ciel bleu doré, au-dessus des toits, trois colonnes de fumée grise provenant des drones, je respires une odeur âcre de plastique et je prépare mon café. Je fume ma quatrième cigarette, je regarde vers l’est, loin vers l’est, là où on ne voit rien, et je dis à voix haute : « Que vos enfants ne connaissent jamais le bonheur ». Puis je regarde en bas et je vois des gens : ils se dépêchent pour prendre le bus. La vie continue. Il faut se reprendre, il faut résister, ne pas penser à Trump ni à Poutine. Il faut penser à son devoir de survivre ».
Le ministre des Affaires étrangères, Andriy Sibiga, commentant la dernière attaque massive contre l’Ukraine, souligne que la Russie agit délibérément pendant le sommet du G7 au Canada. « Poutine fait cela exprès, précisément pendant le sommet du G7. Il envoie un signal de mépris total envers les États-Unis et les autres partenaires qui ont appelé à mettre fin aux assassinats », a-t-il écrit sur X.