En cas d’attaque, la Pologne sera prête à transférer ses œuvres d’art à l’étranger. Elle va miner la frontière avec la Russie et forme sa population à la défense civile. Vu de Varsovie, un conflit est une éventualité à prendre au sérieux.
« Le ministère polonais de la Culture prépare des plans pour transférer les œuvres d’art les plus précieuses du pays à l’étranger en cas d’invasion russe », a déclaré la ministre de la Culture, Hanna Wróblewska, dans une interview accordée au Financial Times. Selon elle, le ministère est en pourparlers avec des autorités étrangères afin de trouver un lieu où entreposer les œuvres d’art évacuées provenant d’environ 160 institutions. Outre des peintures et des sculptures, il est également prévu d’évacuer des livres rares et des instruments de musique.
Cette initiative artistique est supervisée par l’ancien colonel de l’armée Maciej Matysiak, qui était adjoint au chef des services de contre-espionnage militaire polonais. « Nous avions besoin d’une personne qui a travaillé dans l’armée, dans la défense, mais qui s’y connaît également en gestion de crise », a expliqué Mme Wróblewska. Le plan s’inspire en partie des enseignements tirés de l’aide apportée à l’Ukraine pour transférer des biens culturels vers la Pologne après l’invasion à grande échelle de la Russie en 2022. Certaines de ces œuvres ukrainiennes sont toujours conservées en Pologne.
Tout indique que la Pologne prend au sérieux l’avertissement lancé par le chef des services de renseignement ukrainiens, Oleg Ivashchenko. Selon lui, Dans deux à quatre ans, après la fin de la guerre contre notre pays, la Russie sera « techniquement » prête à faire la guerre à l’Europe, rapporte UNIAN. Le pays lance un programme de formation militaire pour la population adulte, ainsi qu’un cours pour les écoliers, auxquelles peuvent participer aussi bien les hommes que les femmes, annonce Politico. Au cours de ces formations, qui ne dureront que quelques jours, les participants seront initiés aux bases de la défense civile, aux premiers secours et à certaines techniques militaires. Et pour ceux qui ont déjà suivi une formation militaire, des cours de perfectionnement seront proposés.
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La formation militaire pour la population adulte en Pologne fait partie du programme promu par le gouvernement Tusk. Le pays élargit son programme scolaire sous le nom « Éducation avec l’armée ». Les cours d’éducation physique incluront un volet consacré à la défense civile. Ce programme devrait être lancé dès septembre.
Varsovie consacre actuellement plus que les autres pays membres de l’OTAN à la défense, soit 4,7 % du PIB. La Pologne dispose de la plus grande armée de l’UE et dépense des milliards d’euros pour acquérir des avions, des missiles, des chars, de l’artillerie et bien d’autres équipements. Le pays prévoit d’augmenter les effectifs de ses forces armées à un demi-million de personnes et de former des millions de réservistes d’ici fin 2025.
La Pologne a alloué près de 8 milliards de dollars à la production d’armes et à la construction d’abris. Selon la ministre des Finances et de la Politique régionale, Katarzyna Pełczyńska-Nałęcz, Varsovie est la première ville d’Europe à avoir créé un Fonds pour la défense et la sécurité.
« Nous sommes voisins de la Fédération de Russie et de son allié, la Biélorussie. Il n’y a pas de zone tampon entre nous et eux, nous n’avons que peu de temps pour nous préparer et réagir », a déclaré le chef d’état-major des forces armées polonaises, le général Wiesław Kukula. « Si nous sommes prêts, et si la Russie sait que nous sommes prêts, cela constituera un facteur dissuasif important. À mon avis, il sera suffisamment puissant pour que la Russie n’ose pas déclencher un conflit », a-t-il ajouté.
La Pologne prévoit également de placer des mines antipersonnel à ses frontières avec la Russie et la Biélorussie dans le cadre du projet « Bouclier oriental », a déclaré le vice-ministre polonais de la Défense, Paweł Bejda, cité par RMF24. Selon Bejda, la Pologne « n’a pas d’autre choix », car la situation aux frontières polono-biélorusse et polono-russe est grave. « Veuillez noter de quel côté l’Ukraine a été attaquée. Du côté de la Biélorussie. Nous ne disposons pas de mines antipersonnel, mais nous avons la capacité de les fabriquer », a-t-il souligné.